jeudi 23 octobre 2014

Pyrrhus de Eerste

Bart De Wever n'est pas content. Il n'apprécie pas les attaques pour racisme dont a fait l'objet le secrétaire d'Etat Théo Francken, membre de son parti, la NVA (1). Elles l'empêchent "de (se) concentrer sur les problèmes de ce siècle". On voit par là qu'on encombre les débats fédéraux de broutilles alors que le président de la NVA a de grandes ambitions. Quels sont ces problèmes auxquels il entend s'attaquer? On s'interroge.
Pas le racisme visiblement. Le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Théo Francken - qui pratique l'humour de comptoir (2) - peut cracher tant qu'il veut, faire "de l'ironie", son président ne voit dans les réactions que suscitent ses propos que "foutaises francophones". Il se pose en victime, comme un vulgaire parti d'extrême droite.
La nécessité de soutenir une politique culturelle forte ne fait pas non plus partie de ses priorités. Au contraire. "Chaque fois que la NVA est au pouvoir, que ce soit à Anvers ou au gouvernement flamand, le budget de la culture fut particulièrement visé", écrit Guy Duplat (3). C'est le cas maintenant des institutions publiques fédérales qui vont perdre de 15% à 30 % de leurs subsides.
Le grand problème de ce siècle, pour Bartje, est sans doute l'enfermement de la Flandre dans la Belgique. Il est temps qu'elle prenne son indépendance. Il devrait pourtant se méfier et mettre ailleurs ses priorités: selon certaines études (4), 6% du territoire belge, et plus précisément flamand, vont se retrouver sous le niveau de la mer à la fin du siècle. "Et si le rythme de l'élévation (du niveau de la mer) s'accentue, écrit la Libre Belgique, ce sont 660.000 personnes qui habiteraient dans des zones à risque" et pourraient être régulièrement victimes d'inondations. Soit un peu plus de 10% de la population flamande. Celui qui se voit déjà empereur de Flandre pourrait se faire appeler Pyrrhus Ier.

(1) www.lalibre.be/actu/politique-belge/bart-de-wever-puis-je-s-il-vous-plait-me-concentrer-sur-les-problemes-de-ce-siecle-544396b43570102e50906fac
(2) www.lalibre.be/actu/belgique/theo-francken-zut-meme-quand-on-a-bu-la-zwarte-piet-il-reste-noir-544376233570102e509056a4
(3) www.lalibre.be/culture/politique/la-culture-federale-frappee-de-plein-fouet-comme-jamais-5448a7e23570a5ad0edd049d
(4) www.lalibre.be/actu/planete/6-du-territoire-belge-sous-le-niveau-de-la-mer-a-la-fin-du-siecle-5434bf19357030e61044fdf1


1 commentaire:

Grégoire a dit…

Parmi les 660.000 habitants de zone à risque, il faut décompter les francophones qui en partent, de plus en plus nombreux. La langue française n'y a pas toujours bon accueil, et même des amis français, présents en tant que touristes, ont été mal accueillis. Nombre de connaissances et amis belges francophones se rendent maintenant à la Mer du Nord, côté français pour avoir un meilleur accueil. De plus les moules-frites y sont nettement moins chères.
Le choix du secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration aurait pu être quelqu'un de l'OpenVLD ou de CVP, partis peu suspects de liens avec l'extrême-droite, mais non, pas de chance...
Quant au budget de la Culture, je suis plus partagé. Non pas parce que diminuer le budget de ce secteur est toujours inquiétant, mais parce que, comme je pense l'avoir déjà écrit ici-même, la Culture institutionnalisée que l'on nous propose (dont l'immense majorité est de l'art contemporain) ne semble concerner qu'un cercle restreint de personnes. Certains artistes ne vivent que de subsides, et n'existeraient pas en dehors de cette politique culturelle. On peut dénigrer les peintres académiques, et c'est le cas (par exemple, un guide touristique sur Paris lu le week-end dernier faisait l'impasse de ceux-ci dans l'article consacré au musée d'Orsay), mais ils avaient leurs publics, même si Napoléon III en faisait partie et achetait leurs toiles au nom de l'Etat. Pierre Desproges disait que si un artiste était bon, il devait vivre de ses ventes. J'expose parfois, mais je n'ai jamais demandé aucun subside...