vendredi 1 mai 2020

La crise? Quelle crise?

Leur activité à l'arrêt depuis des semaines, nombre de PME ont déjà été forcées de mettre la clé sous la porte. Mais d'autres entreprises ne connaissent pas la crise. Au contraire, elles en profitent largement. Les librairies sont fermées, certaines craignent que ce soit définitivement. Mais Amazon continue à distribuer, contre toute logique, des livres. Amazon va bien. Très bien.
"En France, Amazon a pu continuer longtemps à expédier des marchandises non essentielles et continue à le faire dans la plupart de ses entrepôts européens", affirme le journaliste Jean-Baptiste Malet (1). Il s'était fait engager dans la firme il y a plusieurs années pour en vivre le fonctionnement. C'est notamment à partir de cette expérience qu'il a écrit "En Amazonie" (éd. Pluriel).
Difficile, dans ces gigantesques entrepôts, d'appliquer les règles de sécurité et les distances indispensables pour éviter la propagation du Covid-19. Ce qui explique que des travailleurs français ont fait valoir leur droit de retrait. Qu'à cela ne tienne; Amazon les a mis en congé, sans leur payer le moindre salaire. Une plainte a été déposée aux prudhommes; la décision est attendue d'ici peu. La situation est identique partout dans le monde. Un mouvement de grève a démarré dans les entrepôts américains d'Amazon la semaine dernière. Plus de dix salariés de l'entrepôt de Madrid sont malades du coronavirus, mais tout va bien, businness as usual, ou presque.
Pour éviter une concurrence déloyale, le tribunal de Nanterre a ordonné à Amazon de ne plus distribuer que des produits essentiels. L'entreprise n'a plus le droit de distribuer que de l'alimentation, des masques, du gel hydroalcoolique ou des outils qui permettent de travailler à domicile. "Amazon a fait le choix de fermer ses entrepôts français pour permettre à ses autres sièges européens de livrer en France des tondeuses à gazon et autres marchandises non essentielles", constate Jean-Baptiste Malet. Amazon n'est en rien une entreprise de services. Juste une affaire d'argent. Son action a gagné 30% depuis le début de l'année et la fortune de Jeff Bezos, son patron, est passée de 116 à 145 milliards de dollars en un mois.
Commander sur Amazon est, plus que jamais, un acte politique. On ne peut à la fois défendre le commerce de proximité et les droits des travailleurs et acheter sur cette plateforme anthropophage. 

(1) https://www.arte.tv/fr/videos/088472-176-A/28-minutes/

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