samedi 9 mai 2020

Et après?

Voici le temps de sortir de chez nous. Pour aller où? Nous précipiter, comme d'autres, dans les supermarchés, les magasins Ikea et de piscines et les files menant au drive des Mc Do? Ou nous organiser pour bâtir une autre société, de la sobriété, de la solidarité, de la justice sociale?
A nous tous de transformer en chance cette crise du coronavirus, de faire de cette crise sanitaire une crise salutaire, comme le suggère Nicolas Hulot. Aux responsables politiques de l'être plus que jamais, responsables, de prendre les mesures indispensables à la survie de l'humanité et de la biodiversité. C'est maintenant, plus que jamais, qu'on appréciera l'intelligence et le courage des uns et des autres.
Des actes pour engager un vrai changement de société, c'est ce que réclament dans un appel (1) quelque deux cents personnalités des milieux culturels et scientifique. "Le consumérisme nous a conduits à nier la vie en elle-même: celle des végétaux, celle des animaux et celle d'un grand nombre d'humains. La pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels mènent le monde à un point de rupture. Pour ces raisons, jointes aux inégalités sociales toujours croissantes, il nous semble inenvisageable de revenir à la normale. La transformation radicale qui s'impose - à tous les niveaux - exige audace et courage. Elle n'aura pas lieu sans un engagement massif et déterminé. A quand les actes? C'est une question de survie, autant que de dignité et de cohérence."
Pas question de revenir à la normale. D'autant qu'on pourrait plutôt qualifier la situation d'avant d'anormale. Tellement contraire à nos propres intérêts, à ce qu'il serait normal de faire pour nous sauver, nous et la planète.

Des aides publiques pour éviter la catastrophe pour tant de secteurs d'activités sont évidemment indispensables. Mais ni pour tous, ni à n'importe quelles conditions.
Il serait inacceptable d'aider les entreprises qui ont versé, en cette période difficile, des dividendes à leurs actionnaires, qui fraudent le fisc, qui placent leurs bénéfices dans des paradis fiscaux, qui polluent sans vergogne (oui, c'est plus compliqué). Voici le temps de cesser de soutenir les secteurs de l'automobile, du trafic aérien, de la chimie et tant d'autres qui nous mènent dans le mur à grande vitesse. Au contraire, il y a urgence à accélérer le projet de sortie d'une production carbonée, notamment en taxant les produits aux kilomètres parcourus. C'est le moment de mettre fin aux accords de libre échange, pour les remplacer comme le suggère Nicolas Hulot, par des accords de juste échange (2).
Le bien-être de nos sociétés ne doit plus se mesurer à l'aune du PIB. Notre mode de vie nécessite trois planètes. Cessons de nous réjouir de voir augmenter les ventes de voitures, de viande,  d'appareils électro-ménagers, d'objets connectés. "La croissance n'est pas la solution, mais LE problème", rappelle Jacques Littauer (3) Les prix des produits doivent intégrer leur coût environnemental. Un véhicule, même électrique, coûte infiniment plus cher à la planète, et donc à l'humanité, que son prix au consommateur, en termes de sécurité routière, de dégâts environnementaux, de création et de maintien d'infrastructures, etc. Idem pour les voyages en avion, en paquebots, pour les téléphones mobiles et les ordinateurs, pour les légumes produits avec des pesticides.
Ce sont les productions locales et respectueuses de l'environnement qu'il faut soutenir, les commerces de proximité, les achats groupés, la mobilité et le tourisme doux, les produits et les processus économes en eau, en espace et en énergie.
La crise actuelle a fait redécouvrir à quantité d'urbains les avantages de la campagne. Allez, hop, retour à la campagne, surtout dans ces régions oubliées où les maisons coûtent deux sous et ne demandent qu'à revivre. L'impact sera important sur les commerces locaux, les producteurs locaux, les structures hospitalières, les écoles, les activités socioculturelles. Relocalisons les services publics, soutenons les initiatives de solidarité, de covoiturage, d'achats groupés, les artistes et la culture.

Nicolas Hulot appelle aussi les esprits procureurs à céder la place aux esprits éclaireurs (4). Il en appelle à la radicalité et à l'investissement de chacun. Partout en Europe. Et bien au-delà.
Y a du travail, mais aussi beaucoup de gens prêts à se retrousser les manches. Oui, le temps est venu.

Un appel à l'Union européenne, une pétition à signer:
https://secure.avaaz.org/campaign/fr/green_recovery_loc/?aaluBfb&post_action=1&cid=42046&lang=fr&_checksum=af526b0c773011b0c32e7c22d7caaed8b997546b17ad6690dfe0ee9b6398a1b7&fbogname=Michel&fbogname=Michel

(1) https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/06/non-a-un-retour-a-la-normale-de-robert-de-niro-a-juliette-binoche-de-joaquin-phoenix-a-angele-l-appel-de-200-artistes-et-scientifiques_6038775_3232.html
(2) https://www.franceinter.fr/societe/le-temps-est-venu-decouvrez-la-tribune-de-nicolas-hulot
(3) "Le PIB nous rend aveugles", Charlie Hebdo, 15.4.2020.
(4) https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-06-mai-2020

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