samedi 11 novembre 2023

Jean-Pierre Verheggen

Il y avait du Rabelais en lui, du Jarry, du Rimbaud, du Queneau, du Norge, du Tardieu. Mais surtout du Verheggen, dans sa manière unique de bousculer la langue française, de la réinventer constamment. Il appelait cela langagement
Jean-Pierre Verheggen est mort le 8 novembre.

Le mort de la fin ?

Je ne sais pas, moi. Gné-gné-gné.
Peut-être bien. Gné-gné-gné.
Heu. Laissez-moi réfléchir. Gné-gné-gné.
Accordez-moi une minute. Gné-gné-gné.
Je ne peux pas décider en deux temps, trois mouvements. Gné-gné-gné.
Je vous dirai quoi demain. Gné-gné-gné.
Donnez-moi le temps de me retourner. Gné-gné-gné.
Ça ne se fait pas comme ça. Gné-gné-gné.
Faut voir. Gné-gné-gné.
Vous me prenez au mot. Gné-gné-gné.
Attendez encore un peu. Gné-gné-gné.
Vous allez vite en besogne. Gné-gné-gné.
Ce n'est pas si simple. Gné-gné-gné.
Qu'est-ce que vous croyez. Gné-gné-gné.
Je ne suis pas à pièce. Gné-gné-gné.
Il faut que je souffle un peu. Gné-gné-gné.
Hé. Gné-gné-gné.
Laissez venir. Gné-gné-gné.

Non ! Il faut te décéder tout de suite, Verheggen !

Jean-Pierre Verheggen, extrait de "Le degré zorro de l'écriture", 1978.


1 commentaire:

Didier L. a dit…

Cet homme, que j'ai eu le plaisir de rencontrer, était un génie de la langue. Bonne route, JPV !