lundi 4 janvier 2010

Une seule chaîne?

Ca y est! La RTBF est en train de gagner son pari: se confondre avec RTL-TVI. Voilà longtemps que les deux JT nous proposent les mêmes sujets, souvent dans le même ordre. (Je me souviens qu'un copain qui travaille au JT de la RTBF me racontait, il y a bien dix ans, qu'il avait vu un éditeur jeter les bras au ciel et pousser des cris de joie en voyant à 19h les titres du JT de la concurrence. "Super! On a les mêmes!", s'était-il écrié.)
Voilà longtemps maintenant que la RTBF produit son émission sur les têtes à claque * pour concurrencer "Place royale" de RTL.
Longtemps que la pub a envahi les programmes de ce qu'on appelait encore (il n'y a pas si longtemps) le service public. Depuis un certain temps, les séries se voient insérer de la pub dans les pauses pudiquement qualifiées de "naturelles". Entendez par là les pauses qui sont prévues pour y glisser de la pub. Même le Jeu du Dictionnaire en radio est entrelardé de pubs. (du lard ou du cochon?)
Restait un rare verrou: la RTBF ne pouvait interrompre les films de cinéma qu'elle diffuse. Ce verrou vient de sauter en ce début d'année 2010. Preuve que nous sommes entrés de plein pied dans la modernité.
D'ailleurs, depuis le 19 décembre, la pub peut entrer absolument où bon lui chante, à part les JT et les programmes pour enfants. Ainsi en a voulu l'Europe. On appelle cela du "placement de produit". La Communauté française de Belgique s'est alignée sur la volonté européenne. Elle est la première, avec la Roumanie et la Slovaquie, à appliquer la directive.
Mais le CSA a mis les choses au point: les chaînes devront signaler que tel ou tel programme contient "des placements commerciaux de produits, marques ou services". Ouf! nous serons prévenus! Notre conscience sera préservée!
Finalement, Le Lay, patron de TF1, avit vu juste avant tous les autres, quand il déclarait (c'était en 2004): « A la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca Cola, par exemple, à vendre son produit. Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »
Le mieux que nous puissions faire, c'est de ne plus regarder la télé. Est-il encore bien utile d'avoir autant de chaînes si c'est pour qu'elles nous phagocytent toutes le cerveau? La Boétie appelait cela " la servitude volontaire". C'était au XVIe siècle. Celui de la modernité.

* les têtes à chapeau claque s'entend. Bien sûr!

Aucun commentaire: