lundi 6 septembre 2010

Faut-il enfiler une burqa pour parler de l'islamisme?

Ce billet-ci est écrit à voix basse. Discrètement. Car les gens dont il est question ont de grandes oreilles. De grands yeux. De grands bras, ma mère grand! Et ils sont très susceptibles. Voire menaçants. La discrétion est donc de mise. La tribune publiée par Claude Demelenne dans LLB de ce samedi 3 septembre ne manque pas d'inquiéter. Même s'il faut convenir que ses propos sont, hélas, peu surprenants pour qui suit un peu ces questions. Son texte s'intitule: "Mon crime: je dénonce l'islamisme en Belgique". Demelenne a co-écrit l'an dernier avec Alain Destexhe un petit livre qui a pour titre: " Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac". Ils ont eu grand tort. Claude Demelenne explique que "après chaque article mettant en garde contre une poussée d'un islam peu tolérant", il a "eu droit à des attaques courageusement anonymes sur Internet. (Ma) photo a commencé à circuler sur Facebook, affublée de qualificatifs de plus en plus orduriers: "raciste", "facho", "renégat", petit blanc haineux", "dégueuli humain" (sic), etc.". On voit par là que la passion haineuse est peu favorable à l'orthographe. Ce qui est à la fois un tort et un signe qui ne trompe pas. Demelenne explique que "certains amis de gauche ont pris leurs distances", que "certains sympathisants de la gauche de la gauche ont coupé les ponts avec (lui), changeant de trottoir quand ils (le) croisaient." Qu'un de ses anciens collègues lui a même reproché ses prises de position "nauséabondes". Les insultes ont redoublé à la sortie de son opuscule avec Destexhe. Philippe Moureaux, jamais avare d'une saillie excessive, l'a traité de "collaborateur de l'extrême-droite". Il s'est vu déguisé en Degrelle dans un montage vidéo posté sur Internet. "La machine à fasciser, nazifier, lepéniser, a tourné à plein régime", dit-il. "Je suis abasourdi par le deux poids, deux mesures pratiqué par certains petits cercles de gauche: impitoyables - et c'est indispensable - pour contrer l'extrême droite classique. Mais très complaisants vis-à-vis de l'extrême islamiste", ajoute-t-il. Il y a là effectivement matière à abasourdissement. Cette vieille gauche anti-colonialiste prend systématiquement le parti des barbus. Oubliant que la religion, surtout dans ses versions intégristes, est un redoutable outil de colonisation des esprits. Face aux attaques incendiaires et inquiétantes dont Demelenne est l'objet, on imagine des ayatollahs rire dans leur barbe.
Il rappelle qu'il n'a jamais critiqué l'islam, mais "ses fractions extrémistes". Cette utilisation politique de l'islam. "L'islam est une religion, l'islamisme une idéologie. Par conséquent, l'islamisme n'est pas l'islam mais plutôt un travestissement malsain de cette religion monothéiste. Ainsi toute lutte doit-elle cibler, non pas la religion musulmane, mais l'idéologie islamiste. Une idéologie qu'il nous faut combattre en lui opposant des valeurs de justice, de droit, de liberté et de démocratie." Ce n'est plus Claude Demelenne qui s'exprime, mais le journaliste algérien Mohamed Sifaoui (1). Est-il "raciste"? Est-il un "petit blanc haineux"? Il ajoute que "qualifier l'islamisme de fascisme n'est ni un abus de langage ni un dérapage. Des travaux extrêmement sérieux ont démontré l'existence de profondes similitudes entre le nazisme et l'islamisme contemporain.(2)"
Mais la gauche de la gauche a choisi le camp des islamistes: ils s'opposent aux grands méchants américains. La gauche de la gauche aime faire simple. Et ne craint pas les incohérences. Les autres ne craignent pas de mettre la tête dans le sable.
A suivre...

(1) Mohamed Sifaoui: Combattre le terrorisme islamiste, Grasset 2007
(2)Entretien de l'auteur avec Mehdi Mozaffari, (Est-il "raciste"? Est-il un "petit blanc haineux"?) universitaire danois et professeur de sciences politiques, qui a réalisé une étude comparative entre le fascisme et l'islamisme.

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