jeudi 9 septembre 2010

Faut-il enfiler une burqa pour parler de l'islamisme? (2)

Suite du billet "Faut-il enfiler une burqa pour parler de l'islamisme?", publié en date du 6 septembre

Ceux qui ont l'outrecuidance de critiquer l'islamisme se font traiter aussitôt d'islamophobes. Le mot est lâché, il s'apparente à xénophobe et hop, critiquer les dérives de l'islam, son utilisation politique, c'est être raciste. Le tour est joué. On ne peut donc plus critiquer des idées qui, ici, apparaissent des plus dangereuses. "Les islamistes n'ont de cesse de nourrir l'amalgame, cherchant à dénaturer le débat afin de tromper à la fois les musulmans et l'opinion publique internationale, écrit Mohamed Sifaoui (1). Et ils y parviennent, auprès de certains décideurs politiques totalement pétrifiés face au phénomène islamiste mais aussi auprès des courants d'extrême-gauche, voire de la gauche dite "classique", qui ne cessent de fausser le débat en accusant d' "islamophobie" ceux qui critiquent ou luttent contre le fanatisme musulman."
Le reproche de xénophobie, de néocolonialisme ou d'islamophobie vis-à-vis de ceux qui osent critiquer le dévoiement obscurantiste et violent de l'islam n'a aucun sens, il est simpliste, volontairement (?) ignorant et pervers et est devenu une arme facile. Sont-elles xénophobes, néocolonialistes, ces femmes iraniennes, irakiennes, algériennes qui, fuyant leur pays, ont voulu échapper à la folie furieuse des barbus fous de dieu et fémininophobes qui - et ce n'est pas le pire des reproches qu'on peut leur adresser - les obligent à se voiler? Ces femmes, "islamistophobes" (c'est le terme qu'il faudrait utiliser) par expérience et le plus souvent musulmanes, appellent leurs consoeurs d'Europe à refuser ce signe de soumission qu'est le voile. Sont-ils xénophobes et néo-colonialistes Mohamed Sifaoui, Samir Khalil Samir, Malalaï Joya, Ibn Warraq, Ayaan Hirsi Ali et bien d'autres encore ?
"Les premiers à se rendre compte de la supercherie sont bien souvent des esprits libres de culture musulmane. Surtout lorsqu'ils ont migré dans des démocraties laïques pour fuir l'islamisme, écrit Caroline Fourest (1). Ceux-là supportent moins que les autres ce discours tiers-mondiste dévoyé visant à torpiller l'universalisme. Un collectif de féministes algériennes et iraniennes à écrit une lettre ouverte enflammées à l'intention de ceux qu'elles appellent les "féministes de l'exotisme", entendez les féministes tiers-mondistes soutenant le port du voile: "
Ce message, certes chargé de colère, s'adresse à certaines de nos camarades féministes engagées dans les luttes antiracistes, altermondialistes, traversées par une certaine culpabilité coloniale et post-coloniale. Militantes et/ou chercheuses, porteuses des valeurs féministes, nous n'arrivons pas à concevoir, à comprendre ni à accepter votre engagement aux côtés de celles qui se nomment "féministes musulmanes et/ou voilées", aux dépens des féministes laïques. (...) Est-ce de l'exotisme? Nous ne pouvons croire cela, est-ce de la naïveté politique? Nous n'osons croire cela, est-ce une alliance conjoncturelle contre l'impérialisme et le capitalisme américains? (...) L'adage qui énonce que "l'ennemie de mon ennemie est mon amie" ne peut être l'apanage des féministes, souvenez-vous des conséquences de l'alliance: islamistes et communistes en Iran, et ce qui arriva à ces derniers une fois les islamistes au pouvoir. Au quotidien, les femmes sont menacées, emprisonnées, arrêtées, lapidées, meurtries. Entendez-vous leurs cris de liberté? Ou seulement leurs échos, écoutez...! (...) Que nous soyons originaires d'Iran, d'Algérie, d'Afghanistan ou du Pakistan, ce n'est pas de gaieté de coeur que nous avons quitté nos terres d'enfance. Aujourd'hui, nous nous retrouvons unies dans une terre laïque où la liberté de conscience est garantie par la loi, où la lutte pour l'égalité des droits est possible, quoique ardue." (3)

En fait, ils défendent qui et quoi ceux qui défendent l'islamisme? Ahmadinejad et son gouvernement qui lapident les femmes, qui pendent les homosexuels ? Défendent-ils ceux qui pensent qu'il faut un moratoire sur la lapidation? Pas une interdiction, non un moratoire, comme le propose Tariq Ramadan, le temps d'y réfléchir, de se poser la question: c'est bien ou pas bien? c'est une belle mort ou non? ça se fait ou ça ne se fait pas? La question mérite réflexion, vaut la peine qu'on se prenne la tête. Peut-être des états généraux ou quelques colloques pourraient-ils la trancher (la question) ? Bien sûr qu'il faut opposer un non radical, catégorique à des pratiques aussi barbares. Mais chez les anticolonialistes, certains s'interrogent... Ou se taisent.

En attendant, en Iran, "la Cour suprême a commencé le réexamen de la condamnation à mort de Sakineh Mohammadi Ashtiani. Cette démarche semble uniquement destinée à atténuer les pressions exercées sur les autorités par la communauté internationale en différant la décision relative au choix de la méthode d’exécution.
Cette femme est toujours condamnée à être lapidée."
(extrait de www.isavelives.be - signez la pétition!)

(A suivre)

(1) dans "Combattre le terrorisme islamiste"
(2) C. Fourest: "La dernière utopie - menaces sur l'universalisme", Grasset 2009)
(3) texte complet sur www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2009/05/22/2179

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bel article, documenté et précis, merci.