vendredi 8 juillet 2011

De Wever jusqu'à l'extrême

On sentait bien que, jusqu'à présent, même dans les rangs francophones, on ménageait la NVA et Bart De Wever. Les nationalistes, même dans leurs excès, restaient des gens respectables, avec qui il fallait dialoguer. Ou en tout cas essayer d'entretenir le dialogue. Malgré l'irritation qu'ils aiment visiblement susciter. Mais ce n'étaient pas des extrémistes. Le politologue Carl Devos l'affirmait: "la NVA n'est pas d'extrême-droite, mais c'est un parti de centre-droit qui se déclare par ailleurs ouvertement conservateur" (1). Il affirmait en outre que "Bart De Wever n'est pas un populiste, non".
D'autres observateurs n'hésitent pas à situer De Wever à l'extrême droite ou juste à côté. Marcel Sel souligne que "Bart De Wever n'hésite pas à fréquenter ouvertement des gens d'extrême droite sous des prétextes divers. Il fut photographié avec Jean-Marie Le Pen, mais il n'était là que pour s'informer... Il fut à l'enterrement du fondateur du Vlaams Belang, l'extrême droite flamande, Karel Dillen, mais pour des raisons familiales exclusivement" (2).
Guy Sitbon, dans Marianne, est clair: il le présente comme "président et grand sorcier du parti d'extrême droite nationaliste NVA" (3). "De droite extrême, il est tout sauf révolutionnaire, écrit Sitbon. Son programme tient en un mot: "non". Non à son pays. Le monde entier aime la Belgique telle qu'elle est. Lui la hait. Il veut démontrer qu'elle n'est pas viable. Invivable, pour Bart."
Depuis juin 2010, la NVA n'a rien fait, rien voulu faire, de son éclatante victoire, sinon bloquer le fonctionnement démocratique de la Belgique. Et ainsi prouver son inefficacité. Le parti qui a pour slogan "denken - durven - doen" ne pense qu'à son projet d'indépendance de la Flandre, n'ose rien, sinon enrayer le système fédéral, ne fait rien.
Le "nee" prononcé hier par De Wever à la note de Di Rupo le confirme: la NVA n'aime pas la démocratie. Ce sera son programme ou le chaos (même si on se doute que ce pourrait être aussi son programme et le chaos). Ce parti n'entend pas négocier, veut imposer son programme, son point de vue, sans rechercher le compromis. Une position fermée, typique de partis extrémistes. Faute de gouvernement légitime, la Belgique n'est déjà plus une démocratie depuis un an: le Parlement ne contrôle plus le Gouvernement, puisque celui-ci est démissionnaire. Ainsi en a voulu (et le veut) un parti et un homme qui affirment parler au nom de tous les Flamands. Affirmer parler au nom de tous, affirmer que tout le monde pense comme soi, voilà une autre caractéristique de partis extrémistes.
Ce sont ces extrémistes refusant toute responsabilité qui mènent la danse aujourd'hui en Belgique, avec le soutien passif et incompréhensible d'un CDV qui n'existe plus que dans l'ombre massive de De Wever.
"Rien ne serait plus affligeant que la disparition de notre si sympathique voisine qui aurait pu (aurait dû?) être des nôtres, conclut Guy Sitbon. Magritte, Brel, Grévisse, Hergé, Simenon, Amélie Nothomb, Christine Ockrent, Eddy Merckx et mille autres ravalés, par la faute de ce maudit Bart, à des originaires d'un pays inconnu ? Quelle connerie, la politique!" (3)

(1) LLB, 22 juin 2011
(2) Les secrets de Bart de Wever, Marcel Sel, éditions de l'Arbre (cité par le VIf, 17 juin 2011)
(3) Marianne, 2 juillet 2011

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