lundi 7 mai 2012

L'échec de la Star Ac

Il était 20h ce dimanche soir quand on entendu un bruit étrange, mais pas vraiment inattendu, qui semblait venir de France. Un son qui ressemblait à "bling-blong". Quelque chose s'était cassé.
Le résultat de l'élection présidentielle est moins la victoire de François Hollande que la défaite de Nicolas Sarkozy. "La droite a totalement investi dans le nombril d'un narcisse, explique Jean-François Khan (1). Quand le narcisse tombe, la droite s'effondre."
Ce que célèbrent les Français (et une partie de l'Europe), c'est avant tout la chute d'un président arrogant, dépassé par son ego. "Nicolas Sarkozy était censé dépoussiérer la présidence, il l'a dévaluée, estime Hervé Gattegno (Le Point, RMC) (2). Ce qui a marqué son mandat, ce sont ses écarts de langage et de conduite. Un certain relâchement des mœurs présidentielles, une fascination décomplexée de l'argent, jusqu'à la provocation. Et puis, la surexposition des émotions, des sentiments, des bonheurs et des déboires conjugaux. Il est devenu un Président de téléréalité, un mélange bizarre d'homme ordinaire et de vedette médiatique, dont la vie quotidienne serait un spectacle permanent. Il ne faut pas s'étonner si, à la fin, le public l'élimine comme un vulgaire candidat de la Star Ac."
Jean Quatremer (Libération) estimait, il y a peu, que "rares sont ceux qui, à Bruxelles, mais aussi dans la plupart des capitales européennes, regretteront Nicolas Sarkozy. En cinq ans, sa volonté de marginaliser les institutions communautaires au profit des Etats, son mépris des petits pays, mais aussi son agressivité lui a attiré beaucoup d'ennemis, même si chacun salue son engagement dans le sauvetage de l'euro" (3). 
Quelqu'un qui doit particulièrement se réjouir de la défaite de Sarkozy, c'est Patrick Rambaud. Le voilà dégagé de sa série "Chronique du règne de Nicolas Ier". Il entamait la dernière en date, la cinquième, par une "adresse à notre déprimante majesté afin qu'elle prenne ses dispositions et la porte". Voici cette adresse, aujourd'hui entendue: "Incommensurable Seigneur, voyez avec clarté les choses comme elles sont, jusqu'à quels excès, quels malheurs, quels périls vous ont poussé votre penchant naturel, la satisfaction de vous-même. Gémissez-en utilement, courageusement, et sauvez votre Etat en embrassant, par une pénitence également juste, le remède unique à tant de calamités présentes et à venir: dégagez, Sire" (4).
Hier soir sur les plateaux de télé, les Sarkozystes estimaient que c'est la crise qui a eu raison de leur président. Ils ont raison, sauf que ce n'était pas la crise, mais son état de crise permanente.

(1) JT de la RTBF, 6 mai 2012.
(2) cité par LLB, 5 mai 2012.
(3) http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2012/04/
bruxelles-ne-regrettera-pas-nicolas-sarkozy.html
(4) Patrick Rambaud: "Cinquième chronique du règne de Nicolas Ier", Grasset 2012

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Un programme télé de 5 ans:

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Ob08C_J6fMw