samedi 1 septembre 2012

Loup y es-tu?

Aujourd'hui, des braves gens ont manifesté à Malonne contre la libération de Michelle Martin. Certains d'entre eux suent la haine, hurlent, s'expriment dans la violence. L'extrême droite, ses gros bras et ses crânes rasés ont tenté de récupérer la manifestation, d'exciter les protestataires. On a bien du mal à croire que ces gens-là - les éructeurs, les lanceurs de pavés, ceux qui rêvent de faire justice eux-mêmes  - aient, ne serait-ce qu'une seconde, réfléchi à la situation qu'ils affirment contester. Quand l'homme se met à éructer, il fait peur. Voilà les loups garous. La violence pour dénoncer la violence devrait, selon toute logique, être contreproductive. Les manifestations devraient vraisemblablement cesser suite à cette hystérie imbécile et irrationnelle qui déborde. C'est ce qu'on espère en tout cas.
"Il faut briser le cercle infernal de la haine, estime le prêtre et écrivain Gabriel Ringlet, et essayer, si possible, de ne pas rester absorbés à vie par le mal qui nous a envahis." (1) "Pour mettre fin au cercle infernal de la haine, ajoute-t-il, il y a une responsabilité collective." Et il cite Edgard Morin: "Il  faut décider un jour d'une rupture dans la chaîne de l'inhumanité".
Dans son éditorial du Vif (2), Thierry Fiorilli dénonce "le climat de haine, de régression, d'aigreur et d'indécence devenu notre milieu naturel. Il cite les propos de l'abbesse des Clarisses de Malonne qui affirme qu'elle et ses sœurs ont "la profonde conviction qu'enfermer définitivement le déviant dans son passé délictueux et l'acculer à la désespérance ne serait utile à personne et serait au contraire une marche en arrière pour notre société".
Il cite aussi Robert De Baerdemaeker et Patrick Henry, président et vice-président de l'ordre des barreaux francophone et germanophone, qui estiment que "dans un Etat de droit comme le nôtre, il est sain que les libérations conditionnelles soient ordonnées par un tribunal et non par la presse, l'opinion publique ou les victimes elles-mêmes. C'est une question d'humanité et de civilisation", disent-ils.
Ce week-end, à Tournai, la première édition du festival "les (rencontres) inattendues" attirent la grande foule autour de la philosophie et de la musique. On se dit qu'il  faudrait d'urgence décentraliser le festival à Malonne, y prendre le temps de philosopher, c'est-à-dire de se pencher sur l'homme, sur sa capacité à aller de l'avant plutôt qu'à se laisser sombrer vers l'arrière, en espérant que la sagesse et l'intelligence triomphent de la barbarie. Parce qu'on continue à avoir foi en l'homme plutôt qu'au loup.

(1) LLB, 30 août 2012.
(2) Le Vif, 31 août 2012.

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