vendredi 14 septembre 2012

Au nom de dieux

Il faut se méfier de la foule. Elle n'aime rien tant que se mettre en colère, hurler, casser, agresser. On l'a vu au Heysel et au Pakistan, à Malonne et en Libye.
Aujourd'hui, des foules musulmanes hurlent leur colère contre un film grossier, imbécile et provocateur, produit par des chrétiens intégristes (1). Il y a trois jours en Libye (c'était le 11 septembre - qui peut croire au hasard? ) la foule a manifesté devant l'ambassade américaine. Un groupuscule armé s'est mêlé à la foule et a tiré au lance-roquettes et à la grenade, tuant quatre personnes dont l'ambassadeur américain, qu'on présente comme un arabophone et francophone, "chaud partisan de la révolution libyenne" (2). Aujourd'hui, le monde musulman est dans les rues pour conspuer les Etats-Unis à cause de ce film.
Les images ne sont que des images. On peut toujours leur opposer le mépris. On a du mal à comprendre que des écrits ou des images suscitent tant de violence. Du mal à croire que celle-ci ne soit pas organisée, planifiée. On a aussi du mal à comprendre que les mêmes foules, si croyantes, ne manifestent pas quand on lapide, on blesse, on tue au nom de leur dieu. Ce qui arrive tous les jours. Et qui nous paraît - allez savoir pourquoi - sensiblement plus grave. On a du mal à croire que ces foules ne soient pas instrumentalisées par des terroristes fanatiques qui ne sont que des "gangsters de la foi", comme les appelle Boualem Sansal (3).
Mais bons (?) dieux, le monde ne tournerait-il pas mieux sans vos religions qui se font la guerre?

(1) Une étrange équipe de prod' - Libération, repris dans LLB, 14 septembre 2012.
(2) LLB, 13 septembre 2012.
(3) Le Serment des Barbares, Boualem Sansal (Folio 3507).

Aucun commentaire: