jeudi 27 septembre 2012

Ainsi fond, fond, fond

En 2015-2016, les glaces d'été pourraient avoir totalement disparu de la banquise arctique. C'est ce qu'affirme le Pr Peter Wadhams (de l'Université de Cambridge) (1). Cette fonte des glaces constituerait un "désastre global", dit-il, parce que, à cause de ce réchauffement, les fonds marins libéreraient d'importantes quantités de méthane qui augmenteraient le réchauffement de la planète.
Dans les Pyrénées, un autre scientifique tire le signal d'alarme: les glaciers reculent d'année en année, au point de risquer eux aussi de disparaître (2). C'est d'ailleurs déjà le cas de certains d'entre eux.
La revue scientifique "Nature" nous annonce, elle, "un changement d'ère" (selon l'expression de Libération" (3): nous allons vers un effondrement irréversible des écosystèmes et un destin humain de plus en plus incertain, selon certains chercheurs. "La biosphère est au bord d'un changement d'état, d'une sorte de basculement vers l'inconnu", écrit la journaliste Laure Nouahlat (3). "Plusieurs phénomène se télescopent: accélération de la perte de la biodiversité (4), intensification des épisodes climatiques extrêmes, modification rapide des flux de production et de dépense d'énergie...". On apprend via cette étude qu'au cours de son histoire l'humanité a modifié 43% des terres immergées de la planète, les villes s'étendant tant et plus et l'agriculture intensive ayant besoin de vastes espaces dénudés plutôt que de forêts. "Par ricochet, cela affecte quasiment toutes les surfaces restantes: un tiers de l'eau potable est détourné pour les usages humains et 20% de la production terrestre primaire sont réservés aux besoins humains", explique Tony Barnovsky, qui a coordonné les travaux des chercheurs. Le monde court vers un bouleversement total et incontrôlable. "On assistera probablement à de vastes mouvements d'espèces sur des parties inhabitées de la terre, des pertes colossales de la biodiversité, l'émergence de nouveaux biotopes et, pourquoi pas, des forêts tropicales en Antarctique", écrit Libération. Les scientifiques estiment que les pires modifications pourraient avoir lieu au cours de ce siècle, d'ici à 2050.

Pendant ce temps-là, le monde n'a qu'une préoccupation: savoir s'il faut autoriser ou non des caricatures du Prophète.
Pendant ce temps-là, les motards belges manifestent contre l'obligation d'un contrôle technique.
Pendant ce temps-là, le monde frémit dès qu'augmente le prix des carburants et que diminuent les ventes de voitures.
Pendant ce temps-là, des parlementaires wallons contestent la notion de noyau d'habitat et veulent pouvoir autoriser des constructions où bon leur semble.
Pendant ce temps-là, les zones commerciales et économiques continuent à se développer à l'extérieur des villes (comme à Tournai et à Mons, pour ne prendre que ces deux exemples), avec leurs inévitables parkings (5).
Pendant ce temps-là, la Cour de Justice de l'Union européenne interdit à l'association Kokopelli le commerce des semences de variétés anciennes, au nom d'un objectif de "productivité agricole accrue"(6).

"Défendre la nature sur tous les fronts est une chose malaisée car on se heurte à l'indifférence, à l'ignorance, au scepticisme, et surtout l'on a contre soi, plus ou moins ouvertement, tous ceux qui donnent aux convoitises personnelles le pas sur l'intérêt commun, tous ceux qui, prêts à compromettre le futur pour un avantage immédiat, ne font pas objection au déluge pourvu qu'ils ne soient plus là pour y assister." C'est le biologiste Jean Rostand qui s'exprimait ainsi. Pierre Fournier le citait dans l'éditorial du premier numéro de "La gueule ouverte". C'était en novembre 1972 (7). Il y a quarante ans.

(1) LLB, 19 septembre 2012.
(2) JT de France 2, 25 septembre 2012.
(3) 10 août 2012
(4) notons avec surprise que le correcteur orthographique de Word ne connaît pas le mot biodiversité.
(5)  LLB, 31 août 2012.
(6)  LLB, 25 juillet 2012.
(7) "Fournier, précurseur de l'écologie", Patrick Gominet et Danielle Fournier, Les cahiers dessinés, 2011.

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