mardi 4 décembre 2012

Premiers communiants

Les conseils communaux nouveaux sont comme le Beaujolais pareillement qualifié. Un peu rêches, toujours un peu décevants, avec un goût écœurant de banane. Ils se sont mis en place hier dans toutes les communes de Wallonie.
Une nouvelle règle est apparue: ils peuvent être désormais présidés par un autre conseiller que le bourgmestre. Il s'agit de faire mieux vivre la démocratie. Le Conseil communal est le législatif, le collège l'exécutif. Il n'est pas normal que les deux se confondent et que le bourgmestre arbitre des débats au centre desquels il se trouve. Très peu de conseils communaux wallons ont choisi de fonctionner de la sorte. C'est que "les bourgmestres sont souvent jaloux de cette prérogative" de présider les débats, affirme Paul Furlan, ministre wallon des Pouvoirs locaux (1).
Prenons deux exemples au hasard, à Thuin et à Tournai. A Thuin, les débats du conseil seront arbitrés par le "bourgmestre en titre". Il s'appelle Paul Furlan. C'est une vraie surprise. A Tournai, ils le seront par Rudy Demotte, ministre-président de la Région wallonne et "bourgmestre en titre" de Tournai. En voilà une autre. No Télé le présente d'ailleurs sous cette fonction de "bourgmestre en titre" (2), même si elle n'existe pas (3). Mais le Napoléon de la Wallonie picarde entend bien qu'on l'appelle de la sorte. D'autant qu'il "communie avec la ville" qu'il a conquise. Même si sa victoire ne fut pas à la hauteur de ses espérances: 7.000 voix alors qu'il en espérait le double. Ce ne fut pas Waterloo, mais ce ne fut pas non plus Arcole ou Austerlitz. "Je dois prouver que je suis présent dans la ville", déclare celui qui n'entend pas être bourgmestre empêché, même si c'est ce qu'exige une loi qui n'arrivera pas à contraindre ses ambitions. Pour ce faire, il animera les débats du conseil communal, "ce vivier de la démocratie". Le rédacteur en chef de No Télé interroge Paul-Olivier Delannoy, "l'échevin délégué à la fonction de bourgmestre" (celui qui n'est donc pas bourgmestre faisant fonction, une fonction inenvisageable pour Rudy Ier qui n'aime que le soleil): "si le roi vient à Tournai, c'est Rudy Demotte qui le recevra; s'il y a une explosion dans le zoning de Marquain, c'est vous qui allez en correctionnelle....?" Autrement dit: à lui les honneurs, à vous les emmerdes. Polo, en bon petit soldat, acquiesce. Il affirme même qu'il s'en réjouit, qu'il l'a toujours voulu ainsi. On voit par là que Rudy Demotte est un artiste. Peu lui chaut les diminutions des subventions à la création théâtrale, c'est un créatif inné. Du grand art. Avec les applaudissements du public et d'une partie de la presse. Et des rappels?

(1) Matin Première, la Première (RTBF radio), 3 décembre 2012.
(2) No Télé, 4 décembre 2012.
(3) lire "Pêcheurs empêchés" (13.10.2012) et "Le bal des hypocrites" (12.11.2012).

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