dimanche 13 décembre 2020

Les intermittences de la culture

Honnêtement, il faut reconnaître que la fonction de premier ministre ou de chef d'Etat est particulièrement inconfortable en ce moment. Qui pourrait assurer qu'il prendrait de meilleures décisions pour sa population qui veut à la fois pouvoir vivre librement et être protégé de ce foutu coronavirus? Mais quand même... On s'interroge: pourquoi laisser fermées les salles de théâtre, de concert et de cinéma et laisser voler les avions et circuler les chalands au coude-à-coude dans les centres commerciaux? On a tous vu ces images de ces foules pressées dans les supermarchés ou les halls d'aéroports. Les chaînes de télé ne cessent de diffuser des publicités nous invitant à aller passer Noël dans les Antilles et le J.T. nous confirme qu'elles atteignent leur but: les agences de voyage se frottent les mains, s'attendant à être bientôt débordées de réservations pour la Martinique et la Guadeloupe. C'est que là-bas les règles sanitaires sont moins strictes et que les bars et restaurants sont ouverts. Jusqu'après les fêtes sans doute, quand les touristes auront à nouveau fait circuler le virus. Et pendant que le tourisme et le commerce de masse revivent as usual ou presque, le secteur culturel se meurt de ne pouvoir jouer, les artistes de ne pouvoir rencontrer leur public, les programmateurs de ne plus savoir comment s'organiser. Assis, masqués, à distance, les uns à côté et derrière les autres, silencieux et attentifs, les spectateurs risquent pourtant moins de se contaminer que tant de touristes et de clients.

C'est cinq jours avant la date prévue de leur réouverture, sans concertation, que les lieux culturels ont appris qu'ils devraient restés fermés. " La décision peut surprendre, estime Samuel Piquet dans Marianne (1), car les professionnels ont mis en place un protocole sanitaire strict et les transports, eux, continuent à fonctionner tandis que les lieux de culte sont ouverts. C'est que le Covid est un dandy. Il déteste prendre le métro dans des rames bondées et ne se mêle jamais à la foule des fidèles ; mais il ne se passe pas un jour sans qu'il s'immisce incognito dans un cinéma d'art et d'essai ou dans un musée spécialisé dans la peinture des impressionnistes et postimpressionnistes. Une fois qu'il aura fait le tour de toutes les salles, l'activité pourra reprendre. " C'est sans doute aussi que la culture reste considérée comme une activité non essentielle, juste un hobby dont on peut faire l'effort de se passer. Contrairement au tourisme, tellement indispensable à notre équilibre. Que deviendrions-nous sans soleil et sans mer bleue à Noël? On n'ose l'imaginer.

https://www.marianne.net/deconfinement-la-culture-premiere-activite-jugee-non-essentielle

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