vendredi 10 mars 2023

L'arc-en-ciel face à la nuit noire

Comme toute pièce, tout dossier a deux faces. Celui du projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile à Bélâbre (1) a une face sombre et une face lumineuse.

Du côté obscur, on découvre l'alliance des nuisibles. Le Parti de la France, la Ligue du Midi, les chrétiens intégristes de Civitas, Riposte laïque et des militants du parti zemmourien se sont regroupés pour créer la Coordination Partout Callac. Callac est une commune des Côtes d'Armor qui soutenait un projet associatif d'accueil d'une quinzaine de familles de réfugiés, histoire de revitaliser la ville. Mais ceux qui n'aiment pas les autres, à force d'éructations et de menaces, ont eu la peau du projet. Triste victoire dont ils ont décidé de faire leur emblème. Partout Callac signifie donc pour eux Accueil nulle part. Ils se sont fixé pour objectif d'empêcher tout projet et entendent être présents à Saint-Brévin-les-Pins,  à Beyssenac, à Bélâbre, partout où apparaîtra un projet d'accueil de réfugiés, pour clamer leur peur et leur haine.
On note deux nouveautés, écrit le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite (2) : "D'abord, l'extrême droite, Reconquête ! en tête, ne met plus la pression en demandant une législation restrictive, mais en descendant dans la rue. Ensuite, l'objectif n'est plus zéro réfugié, mais zéro demandeur."
Pour s'opposer, tous les moyens leur sont bons. "Les manifestations qui se sont déroulées à Callac ont donné lieu à des heurts, rappelle Jean-Yves Camus, un journal local de gauche a été menacé, et Riposte laïque (...) joue comme d'habitude les boutefeux en titrant un de ses articles Le Grand Remplacement ne peut finir que dans le sang. Ce type de langage est irresponsable."
Les haineux n'hésitent pas à mentir pour empêcher les projets d'accueil, se disant que "plus c'est gros, plus ça fait peur, mieux ça passe". Suite à un article sur le projet de Bélâbre, MagCentre a reçu le commentaire suivant (courageusement signé Leroidavid) :
« A Montluçon (Allier), Viltaïs a installé un CADA. Depuis, des demandeurs d’asile de ce CADA ont agressé et blessé plusieurs personnes dans la zone commerciale de Carrefour-Athanor, et un vieux monsieur a été assassiné par un de ces demandeurs d’asile de Viltaïs. C’est donc un mensonge absolu que de prétendre que les CADAs n’entraînent pas une explosion de la criminalité dans les villes où des organisations extrémistes comme Viltaïs les installent. Cette façon qu’ont les extrémistes gauchistes d’ironiser sur la sécurité (donc la vie) des Français est scandaleuse. »
"Devant la gravité des accusations, écrit le journaliste de MagCentre, nous avons sollicité notre lecteur-commentateur pour qu’il nous précise ses sources et les dates des faits cités, n’en trouvant pas trace nous-mêmes sur Internet. Notre demande restant finalement sans réponse, nous avons interrogé la presse locale pour confirmer notre recherche. Il y a eu effectivement en 2017 une série de crimes à Montluçon qui avaient fait les gros titres. Trois personnes âgées avaient été tuées en deux agressions différentes. Les auteurs des crimes étaient deux mineurs français qui ne pouvaient, à ce titre, en aucun cas être hébergés dans un Centre d’Accueil de demandeurs d’asile : un amalgame donc pour le moins mensonger avec le projet de CADA de Bélâbre. Ajoutons que nos recherches n’ont évidemment donné aucun résultat quant à une augmentation de la criminalité dans les villes où se sont implantés des CADA." Tout fait farine au moulin de la haine. 

Du côté lumineux du projet de Bélâbre, celui de l'arc-en-ciel de Joséphine Baker, on trouve d'abord une équipe municipale qui manifeste son ouverture et sa volonté d'accueil. "Je tends la main", dit son maire. Et puis il y a ces citoyens et citoyennes de la commune et des environs qui se sont levés, indignés par les arguments agressifs du groupement des opposants. Ils ont créé un collectif (un terme qui prend ici tout son sens) qui rappelle que "tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les territoires de la République". Ces citoyens considèrent que "c'est une opportunité et une chance d'accueillir de jeunes personnes qui pourront - si nous leur en donnons l'envie - s'intégrer parmi nous. (...) Il y a du travail à pourvoir au sein de Bélâbre et de ses alentours. Ouvrez vos yeux et vos oreilles : les entreprises, les associations et les artisans locaux sont en manque de personnel. (...) Aux anti qui ne veulent pas d'étrangers chez eux, ces citoyens ouverts répondent : "l'avenir de Bélâbre est devant lui, de manière fraternelle, et vous n'en êtes que le passé".
Hier, une première rencontre rassemblait une soixantaine de citoyens écœurés par le rejet dont sont, par principe, victimes le projet de centre et surtout celles et ceux qui devraient y être accueillis (4). 
Demain, nous serons beaucoup plus nombreux encore pour manifester pacifiquement notre volonté d'accueil face aux haineux qui viendront crier qu'ils sont chez eux. 

Le rendez-vous est fixé ce samedi 11 mars à 10h30 place de Bélâbre (du côté du café-restaurant Le Petit Berry).

(1) Sur ce blog : https://moeursethumeurs.blogspot.com/2023/03/la-peur.html
(2) Jean-Yves Camus, "Droit d'asile - L'extrême droite veut prendre la rue", Charlie Hebdo, 8.3.2023.
(3) https://www.magcentre.fr/254647-belabre-du-fantasme-au-mensonge/
(4) https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/a-belabre-les-pro-cada-s-organisent-et-font-signer-une-petition-en-faveur-du-projet-municipal?queryId%5Bquery1%5D=57cd2206459a452f008b4594&queryId%5Bquery2%5D=57c95b34479a452f008b459d&page=1&pageId=57da5ce5459a4552008b469a




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