Le village de Bélâbre est fermé à la circulation automobile ce samedi matin, manifestations obligent. Nos visages doivent parler pour nous, les gendarmes ne nous posent pas de question. Des amis croisés un peu plus tard et arrivés par l'autre côté du village nous expliqueront qu'ils leur ont demandé s'ils étaient "pour ou contre", guidant les manifestants vers le groupe de leur choix. Il y a du monde, beaucoup de monde devant la mairie, des gens de toutes générations, femmes, hommes, quelques enfants. On y retrouve des amies et amis, des connaissances. On s'embrasse (moins qu'avant depuis le Covid), se salue, se réjouit de se revoir, d'être aussi nombreux. Sous une pluie fine qui ne cessera pas, le groupe se met en marche, descend la seule rue commerçante du village et se positionne dans le haut de la place, à hauteur du bar-restaurant. Une jeune femme craint de découvrir face à elle des connaissances. On connaîtra maintenant le vrai visage des gens, dit-elle. C'est la question que nous nous posons : qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Mais surtout où sont-ils ? Face à nous, quelques poignées de manifestants épars. Ceux qui sont venus, parfois de loin pense-t-on, dire non à un centre d'accueil de réfugiés, n'ont pas le sens du groupe. Ils ne se connaissent visiblement pas, restent distants les uns des autres. Ce sont surtout des hommes, les femmes sont peu nombreuses. Au fur et à mesure de la matinée, ils seront cependant plus nombreux. Devant eux, se pavane un tout jeune maire du coin, soutien de Zemmour le haineux, Spike Groen (1), long loden vert, grand chapeau, bottines en cuir et moustaches bien cirées. Il semble vouloir défendre ses manifestants. Régulièrement, il sort sa tablette et photographie celles et ceux qui lui font face.
(2) https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/belabre-les-opposants-au-cada-se-font-couper-le-sifflet?queryId%5Bquery1%5D=57cd2206459a452f008b4594&queryId%5Bquery2%5D=57c95b34479a452f008b459d&page=0&pageId=57da5ce5459a4552008b469a
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