dimanche 27 novembre 2011

Propos de comptoir

"On ne peut pas retourner à l'époque de la bougie." C'est là l'argument choc qu'a trouvé le président Sarkozy pour défendre le secteur nucléaire, légèrement menacé par la gauche. C'est réjouissant: on se dit que Jean-Marie Happart aurait pu être président de la république française, lui qui maniait le même type d'arguments au cours du débat sur la sortie du nucléaire au Sénat belge en 2002. Hors le nucléaire, il n'y aurait donc que la bougie. Peut-on se permettre de suggérer au président français qu'il devrait s'informer quelque peu? Le soleil, le vent, l'eau, la biomasse permettent aujourd'hui de produire de l'énergie, via des techniques performantes et de plus en plus fines. Si le nucléaire devait être démantelé, "c'est l'indépendance énergétique de notre pays qui est menacée", a déclaré un député UMP (1). On ignorait que la France produisait de l'uranium et qu'elle ne pouvait disposer de vent, ni de soleil, ni d'eau, ni de biomasse. Le président Sarkozy affirme aussi que personne en France ne réclame la fin du nucléaire. On ne connaît pas l'avis de l'opinion publique française sur la question, mais un récent sondage (2) fait apparaître que 66% des Belges "se déclarent favorables à la fermeture des trois plus anciens réacteurs nucléaires du pays en 2015". On doute que les Français soient plus aveugles et confiants que les Belges. Argument ultime du président français: la fin du nucléaire signifierait la disparition de 400.000 emplois. Peut-on, une fois encore, suggérer au président (mais on sait qu'il est très occupé et n'a pas que cela à faire) de s'informer? Le développement des énergies vertes en Allemagne a généré 700.000 emplois nouveaux. Mais la vraie question, c'est "y aura-t-il de la neige pour Noël?" (1). Il n'y en a pas pour l'instant dans la station la plus élevée d'Europe, celle de Val Thorens. Sinon une maigre neige produite par des canons artificiels. On comprend par là que le nucléaire est indispensable. Veut-on mettre fin à la pratique du ski? Hein, c'est ça qu'on veut? Résumons-nous: la neige est artificielle, la bêtise est culturelle. Quant à la nature, elle fera ce qu'elle pourra. 

P.S.: nucléaire et bougie ne sont pas opposés, on peut avoir les deux en même temps. Les Japonais peuvent en témoigner. Voir "Nucléaire? Décidément, non merci!", billet du 19 juin 2011.
(1) JT France 2, 26 novembre 2011
(2) sondage commandé par Greenpeace, voir LLB, 26 novembre 2011

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Ledit président confond (à dessein?) énergie et électricité.
Quant à l'argument éculé du retour de la bougie, il est destiné à faire flipper les esprits crédules en liant sortie du nucléaire à perte de bien-être matériel.