mercredi 2 novembre 2011

Renvoi de censeurs

L'avantage des censeurs, c'est qu'ils sont très bêtes. Non seulement, en censurant, ils donnent eux-mêmes raison à ceux qui les critiquent, mais en plus, voulant empêcher qu'un livre soit lu, qu'un film soit vu, il ne font que le mettre en lumière. L'incendie criminel de la rédaction de Charlie Hebdo la nuit dernière a déjà augmenté les ventes de son numéro d'aujourd'hui, intitulé, si on a bien compris, Charia Hebdo. On passe la frontière franco-belge ce matin pour acheter, un peu plus tôt qu'en Belgique, ce numéro. Il est déjà introuvable. Dans la petite maison de la presse de ce village du Nord, les cinq numéros étaient déjà vendus tôt ce matin.
Au Journal parlé de France Inter, les condamnations de cet acte criminel sont nombreuses. Tout le monde, à gauche comme à droite, défend la liberté d'expression. Le Conseil français du Culte musulman et le Recteur de la Grande moquée de Paris condamnent eux aussi l'attentat.
Il se trouvera sans doute quelques esprits faiblement éclairés à l'extrême gauche pour dénoncer l'islamophobie de Charlie Hebdo. Les vrais islamophobes sont les intégristes islamistes qui instrumentalisent l'islam à leurs fins politiques violentes.
Le philosophe Malek Chebel parlait d' "acte de guerre, une sorte de terrorisme". Avec ce genre d'action, disait-il, "on s'empêche de penser. Même de vivre" (1).

Récemment, ce sont les Salafistes tunisiens qui ont attiré notre attention sur le dessin animé Persepolis de Marjane Satrapi. On se dépêche de le visionner. Et on comprend vite, en le voyant, pourquoi il les a fâchés. Ce ne sont pas, contrairement à ce qu'ils affirment, les très brèves et plutôt sympathiques apparitions d'Allah qui les ont choqués. Mais le propos même de ce film autobiographique, témoignage du vécu d'une petite fille, puis d'une jeune fille dans l'Iran des ayatollahs. Dans ce régime théocratique, l'Etat est omniprésent et contrôle tout. Il adore les interdictions: la musique, l'alcool, les baskets, les cheveux, les formes féminines, tout est interdit. Les femmes ne peuvent pas courir. Et le non respect de ces interdictions entraîne aussitôt des risques d'arrestation, et même de mort. On voit par là que ce type de régime se fonde sur l'intolérance, l'imbécilité, la terreur, le machisme, la violence, le mensonge. On en oublie sûrement. Sous ce type de régime, on ne vit pas.
Persepolis est un film superbe, effrayant et plein d'humour, aux dessins et aux plans remarquables. Le personnage de la grand-mère est savoureux, vraie rebelle, qui défend l'intégrité, même face à l'intégrisme. Le film commence à la chute du régime du shah, remplacé par celui de Khomeyni. Un des personnages pense que "ça ne pourra jamais être pire que sous le shah". Et découvre ensuite que tout est toujours possible. On comprend pourquoi les Salafistes l'apprécient peu.

(1) JP France Inter, 2 novembre 2011, 13h

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Mais où est Charlie?

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2011/11/04/charlie-hebdo-ouvre-un-blog_1598776_3236.html#ens_id=1597236&xtor=RSS-3208