jeudi 19 mars 2015

L'univers des gros malins

L'Homme est admirable. On ne se lasse pas de le considérer comme un être plus humain que les autres. C'est un animal doué de raison et d'une intelligence supérieure. Aussi quand il ne peut comprendre ce qui lui échappe trouve-t-il malgré tout des explications. C'est plus fort que lui. Il est ainsi fait. Il est toujours le plus malin. On ne peut le berner (1).
Le tsunami asiatique de 2004 et le tremblement de terre en Haïti en 2010 furent trop importants pour que la nature soit seule en cause. Ce sont des expérimentations militaires américaines qui les expliquent. Le sida à ses débuts a décimé une part importante de la communauté homosexuelle et Ebola des populations africaines. Ces virus ont été concoctés par des labos occidentaux et inoculés volontairement. (2)
Les zadistes qui protestent contre un Center Parc à Roybon dans l'Isère restent là jour et nuit. Comment font-ils pour vivre? Ce sont les écologistes (et "peut-être même le Front de Gauche", dit le maire) qui leur paient une indemnité quotidienne de 90 €. Ils ont des ordinateurs et on en a même vu aller au restaurant. "Si ça, ce n'est pas une preuve!", dit un artisan local (3) qui devrait se recycler comme enquêteur. 
L'attentat contre Charlie Hebdo ne peut être le fait de jeunes islamistes. Eux auraient dans le même temps détruit toutes les archives du journal. C'est la version de l'inspecteur chef Thierry Meyssan, l'homme qui surpasse en sagacité Sherlock Holmes, Hercule Poirot, le commissaire Maigret et le lieutenant Columbo réunis. Les couleurs des rétroviseurs de la voiture des assassins ont changé d'une image à l'autre, signe qu'on essaie de nous faire croire n'importe quoi, disent des esprits peu habitués aux effets de la lumière. En fait, ce sont les forces de l'ordre qui sont derrière ces attentats. D'ailleurs, cet esprit supérieur de Jean-Marie Le Pen le croit aussi: pour lui, ce sont les services secrets. Et ceux qui en doutent se tairont quand ils se rendront compte que la date de l'attentat n'a pas été choisie au hasard: le 7 janvier, soit le 7 du 1. Placez les deux chiffres dans l'ordre inverse et vous obtenez 17. Soit le numéro de la police française. Et le numéro de Charlie qui a suivi l'attentat porte le numéro 1178. 1 + 1 + 7 + 8 = 17. Qui peut croire à un tel hasard? La police française signe ainsi de la même manière que la police américaine: son numéro est le 911. Un nombre qui évoque fortement la date d'un certain 11 septembre. (4)
On le voit, nous sommes victimes de complots. Un monde obscur agit contre nous et la presse dite traditionnelle concourt à nous enfumer. Heureusement, nous pouvons compter sur de fins limiers qui ne s'en laissent pas conter.
"Un (autre) de ses principes (du conspirationnisme), c'est le refus systématique de toute explication réaliste. Il faut une raison cachée à toute chose, écrit Antonio Fischetti (2). Cette obsession d'une vérité forcément ailleurs est du même registre que la pensée ésotérique ou religieuse."
"La pensée conspirationniste, estime Emmanuelle Danblon, professeure en rhétorique et argumentation à l'ULB (2), est une rhétorique hybride. D'un côté, elle comporte des traits typiques de la modernité, car elle se présente comme le comble de l'esprit critique. Mais elle a aussi des traits d'une pensée très archaïque: c'est-à-dire qu'elle se protège contre toute tentative critique de son modèle. Cela peut aller jusqu'au déni de la réalité. C'est typique d'une société dite fermée: on entend par là une société qui vit en autarcie avec son modèle du monde. Les sectes fonctionnent sur ce principe."
On peut penser que les personnes qui sont peu en relation avec d'autres, peu amenées à débattre en face à face, se nourrissant à longueur de journées d'un mélange, parfois confus, d'informations et d'opinions glanées sur Internet, vivent une forme d'autarcie.
Les partisans de théories du complot "singent la pensée méthodique, mais ils sont imperméables à la contradiction", analyse le sociologue Gérard Bronner (2).
Résumons-nous: il faut savoir quitter son écran d'ordinateur, discuter avec d'autres et se mettre à penser. Ca peut aider à comprendre bien des choses.

(1) Sur ce blog: "On nous cache tout, on nous dit rien", 11 août 2014.
(2) "Conspirationnistes et djihadistes, même combat", Charlie Hebdo, 4 mars 2015.
(3) "Les zadistes sont pleins aux as!", Le Canard enchaîné, 11 février 2015.

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