mardi 17 mars 2015

C'est trop injuste

On lui en veut, c'est sûr, au parti de la famille Le Pen. Voilà ses députés européens accusés de faire travailler leurs assistants pour le parti plutôt que pour eux, alors qu'ils sont payés par le Parlement européen qui interdit de telles pratiques. Vingt emplois fictifs seraient concernés, pour un montant de sept millions d'euros. Il pourrait y avoir détournement de biens publics et faux et usage de faux (1). La fille à papa proteste: c'est la proximité des élections départementales qui explique ces accusations. Elle serine son même vieux discours de victime, elle n'en a pas d'autre. Elle hurle au moindre pas de travers des autres partis, mais la donneuse de leçons adapte les règles à sa façon. Et qu'on ne lui en parle pas: elle refuse de répondre aux journalistes qui l'interrogent à ce propos (2).
Encore faudrait-il savoir qui sont ces assistants parlementaires et quelles sont réellement leurs tâches. Au FN, on a le sens de la famille, on aime donner du boulot aux copains... Jean-Claude Martinez, qui fut vice-président du FN et député européen avant de se brouiller avec les Le Pen, le confirmait. Il parle du baby-sitting des enfants de Marine Le Pen: "Le baby-sitting, c'est le Parlement européen qui le lui payé, avec mes indemnités! Ils m'ont fait engager Huguette Fatna, la marraine des enfants, comme assistante parlementaire... Mais à l'époque, le Parlement européen, elle ne savait pas où ça se trouvait, elle n'y venait jamais. Par contre, elle passait son temps à garder les enfants de Marine!" (3) Cette version est contestée par H. Fatna, selon les journalistes qui ont recueilli ce témoignage: "A l'en croire, elle ne venait que lorsque la nounou n'en pouvait plus. Néanmoins, dans son livre, Marine Le Pen laisse entendre que sa grande amie venait tous les soirs pendant l'année maudite, juste après la naissance de ses jumeaux."
De toute façon, à quoi peut bien servir l'assistant parlementaire d'un député qui ne travaille pas? Durant la législature 2009-2014, les Le Pen père et fille n'ont produit en tant que députés européens aucun rapport, aucune question parlementaire, aucun avis rédigé, aucun amendement, aucune déclaration écrite. Juste une motion signée par le père et quatre par sa fille (4). Et puis si l'assistant est une assistante sa place n'est-elle pas à la maison? C'est Luz qui le rappelle (5): pendant la présidentielle de 2012, la présidente de père en fille a déclaré que "le progrès pour les femmes, c'est de rester à la maison". Avouons-le, pour une fois, on est un tout petit peu d'accord avec elle: le progrès pour la France, ce serait qu'une femme reste à la maison.

(1) France Musique, Journal, 10 mars 2015, 8h30.
(2) http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2015/03/11/florian-philippot-de-toute-votre-carriere-je-ne-vous-parlerai-jamais
(3) entretien de C. Fourest et F. Venner avec J.C. Martinez, 14 mars 2011, in "Marine Le Pen", Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Grasset, 2011 (p.120).
(4) www.lepoint.fr/politique/a-l-ombre-des-absenteistes-du-parlement-europeen-11-04-2013-1653486_20.php
http://term7.votewatch.eu/en/activity-statistics.html (p. 40)
(5) Charlie Hebdo, 11 mars 2015
www.elle.fr/Societe/Interviews/Le-FN-est-il-anti-feministe-2688502

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