lundi 20 mai 2024

Perdu dans le brouillard céleste

Dieu existe, il faut bien le constater. Il s'est manifesté encore en ce dimanche de Pentecôte. Il est descendu sur la tête de certains de ses apôtres. Pas sous forme de feu directement cette fois, mais de brouillard. Et, perdu, l'hélicoptère qui transportait le président iranien Ebrahim Raïssi s'est écrasé sur la montagne, dans un feu d'enfer. Avec lui ont disparu le Ministre des Affaires étrangères et d'autres dignitaires du régime islamique.
Dieu manque de délicatesse dans ses manifestations, mais s'il a fait l'homme à son image on n'est guère surpris. "Ce descendant du Prophète, écrit Le Monde (1), a démontré sa loyauté sans faille envers le noyau dur de la République islamique d’Iran, dont le Guide suprême, les gardiens de la révolution (l’armée idéologique du pays) et les appareils sécuritaires du pays, en jouant un rôle important dans presque tous les dossiers de violation des droits humains depuis la révolution en 1979." Juge religieux, il a condamné à mort des milliers de prisonniers politiques. Il a été placé sur la liste noire des dirigeants iraniens sanctionnés par les Etats-Unis pour « complicité de graves violations des droits humains ». Le Monde rappelle aussi que, face aux manifestations qui ont suivi la mort, en septembre 2022, de Mahsa Amini, celui qu'on surnomme le Boucher de Téhéran avait appelé à une « confrontation ferme » face aux manifestants. "Pendant cette vague de contestation, au moins cinq cents civils ont été tués en lien avec les manifestations. Des dizaines de milliers d’Iraniens ont été arrêtés. Au moins huit ont été pendus." Il a réinstauré la police des mœurs qui fait la chasse, dans les rues iraniennes, aux femmes qui ont l'impudence de sortir sans voile.
Samedi dernier encore, sept personnes, dont deux femmes, ont été pendues. L'Iran est un des pays qui exécute le plus dans le monde, avec la Chine et l'Arabie saoudite. L'ONG Iran Human Rights a déjà comptabilisé 223 exécutions cette année, dont au moins 50 au cours du seul mois de mai (2).

Ce régime haïssable qui hait les femmes et la liberté de pensée et d'expression vient de perdre un de ses fidèles serviteurs, mais pas sa tête. Le vrai pouvoir est entre les mains du vieil ayatollah Khamenei, de ses proches et des Gardiens de la révolution. "Aussi, écrit Le Monde, les équilibres internes de Téhéran ne devraient pas être bouleversés. La diplomatie de la République islamique d’Iran, notamment son soutien militaire et stratégique à ses alliés dans la région, dont le président syrien, Bachar Al-Assad, le Hezbollah libanais, les houthistes au Yémen et les milices chiites en Irak, ne devrait pas non plus évoluer." Dieu a encore du boulot.

Post-scriptum : On est étonné mais heureux d'apprendre que le président chinois, Xi Jinping, a fait savoir qu'il partage la douleur du peuple iranien. Il semble enfin comprendre ce que signifie vivre sous une dictature.

(1) https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/20/ebrahim-raissi-le-president-iranien-qui-etait-pressenti-pour-succeder-au-guide-supreme-est-mort_6234317_3210.html
(2) https://www.lalibre.be/international/moyen-orient/2024/05/18/iran-deux-femmes-pendues-les-executions-sintensifient-dans-la-machine-a-tuer-de-la-republique-islamique-qui-vise-a-semer-la-peur-KTABLWNZ65ATTC5MSZLDSN7EKA/

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