vendredi 3 mai 2024

Thanatophiles

L'amour rend aveugle. Parfois bête aussi. Et même odieux. Des militants pro-palestiniens à l'Université de Columbia ont empêché des étudiants juifs de pénétrer sur le campus aux cris de "Hamas, on t'aime !", "On aime aussi tes roquettes !", "Brûlez Tel-Aviv !", "Dehors les sionistes !", "Retournez en Pologne !". (1) Soutenir le peuple palestinien et son droit à vivre tombe sous le sens, mais soutenir le Hamas (et en profiter pour agresser des juifs), c'est soutenir la mort. Le Hamas a un objectif qui est une véritable obsession : la destruction de l'Etat d'Israël, par tous les moyens. La défense des Palestiniens n'est qu'un faux nez qui abuse des esprits sans doute bienveillants, mais surtout faibles. Des esprits obscurcis qui veulent se - et nous - convaincre que le Hamas est un mouvement de résistance, alors qu'il s'agit d'un mouvement totalitaire qui emprisonne et torture ses opposants, qui tue les homosexuels, n'a que faire du sort des Palestiniens et règne par la terreur.

Un article du quotidien israélien Ha'Aretz (2) donne la parole à des Gazaouis de tous âges qui maudissent le Hamas qui leur a imposé cette guerre et son cortège de souffrances. Tous s'expriment sous pseudonyme, tant ils craignent des représailles. Plus d'un propriétaire d'âne à Gaza a rebaptisé son animal Yahya Sinwar, le nom du plus haut chef militaire du Hamas. Basel, 30 ans, dit sa colère devant la confiscation de son histoire par le Hamas. "Le Hamas joue avec ma vie, comme avec celle de millions de personnes, au nom de slogans absurdes sans aucun fondement réel, des slogans qui ont rabaissé la cause palestinienne et transformé une lutte digne et noble en un combat quotidien pour un morceau de pain et quelques boîtes de conserve." Une sexagénaire estime que " la colère et l'amertume contre le Hamas sont grandes et elles sont partout". Un professeur de sciences politiques de l'université Al-Azhar à Gaza rappelle dans un article qu'avant cette guerre les plus hauts dirigeants politiques du Hamas ont fui Gaza pour la Turquie et le Qatar, "laissant se débrouiller les combattants de base et les dirigeants de second plan, menés par l'ancien prisonnier sans expérience de la politique ni du pouvoir", à savoir Yahya Sinwar. La guerre que mène actuellement Israël au Hamas a quasiment "anéanti le pouvoir militaire du Hamas, mais pas son pouvoir d'oppression sur nous", constate, amer, Basel. Il rappelle qu'avant la guerre tout rassemblement de plus de dix personnes nécessitait une autorisation, les jeunes ne pouvaient se retrouvaient sur la plage et les relations filles-garçons étaient sous le contrôle de la police des mœurs. Tous ces Gazouis critiques du régime déplorent de voir les journalistes palestiniens et arabes se détourner dès qu'ils entendent s'exprimer la colère du peuple contre le Hamas.

Sur son site, le Courrier international relaie aussi l'article (3), dans lequel Shlomi Eldar, journaliste de Ha’Aretz, relate le résultat de ses rencontres avec plusieurs Palestiniens, tant pro-Fatah que pro-Hamas et issus des couches supérieures de la société gazaouie. Parmi eux, Soufian Abou Zaïda, un ancien détenu politique du Fatah libéré par Israël dans le cadre des accords d’Oslo de 1993. "Dans une sorte de folie messianique", Yahya Sinwar avait imaginé la conquête de l'ensemble de l’État hébreu, au point de se préparer à gouverner la “nouvelle Palestine”, explique-t-il. "Le Hamas s’était mis à multiplier les références à la “dernière promesse”, une annonce concernant la fin des temps, lorsque tous les êtres humains auront adopté l’islam. Mais, en dehors du noyau dur du Hamas, cet affrontement apocalyptique avec Israël n’était considéré que comme une chimère destinée à détourner l’attention des Gazaouis de leur sort." Un ancien cadre du Hamas confirme : “Il y a deux ans, lors d’une conférence au sommet avec Sinwar, ce dernier avait vanté les réalisations du Hamas, au premier rang desquelles le creusement de plusieurs centaines de kilomètres de tunnels et d’un coût évalué par Sinwar lui-même à 250 millions de dollars. Beaucoup d’entre nous se sont dit qu’il était devenu fou.” Selon lui, Sinwar et les siens vivaient dans un "univers parallèle” : “un jour, un commandant du Hamas m’a contacté pour m’annoncer fièrement qu’il était en train de mettre la dernière main à une liste de fonctionnaires qui seraient nommés à la tête des villes et des villages de la Palestine reconquise. Moi, j’étais censé devenir le nouveau maire de Zarnouka”, un quartier de la ville israélienne de Rehovot, qui compte 150 000 habitants juifs.
Des plans détaillés avaient été établis, avec un relevé cadastral de milliers de biens censés être saisis par le Hamas dans tout Israël. Et le sort des Juifs était déjà réglé : "concernant les colons juifs occupant la Palestine usurpée [l’État d’Israël], il faudra distinguer entre ceux qui ont pris les armes contre nous et qui seront exécutés, et les civils, qui auront le choix entre, soit la conversion à l’islam et l’adoption de la langue arabe, soit l’exil.” Cependant, il fut également décidé que les experts et les scientifiques juifs n’auraient pas le droit de quitter le pays et seraient forcés de mettre leurs compétences au service de la nouvelle Palestine".

Comment peut-on aimer le Hamas, ce mouvement qui vénère la mort et exhibe fièrement des images de ses militants commettant les crimes les plus atroces avec un grand sourire ? 
Comment peut-on aimer le Hamas quand on entend Ismaïl Haniyeh, le chef de son bureau politique, qui déclare, alors qu'il vient d'apprendre, depuis Doha où il vit, la mort à Gaza de ses propres enfants et petits-enfants, qu'il « remercie Allah pour la mort de ses enfants éliminés sur le chemin de la libération de Jérusalem et de la mosquée d’Al-Aqsa ». Réflexion de Rapahël Enthoven : "Quand on est capable de se réjouir d’avoir perdu les siens, on a perdu avant même de combattre. On incarne la défaite. On pue la mort."
Révérer le Hamas comme le font des étudiants en sciences politiques (qui ont encore tant à apprendre), ce n'est pas défendre la cause palestinienne, c'est mépriser les Gazaouis.

(1) "A l'école du Hamas", Franc-Tireur, 1.5.2024.
(2) Amira Hass, "Maudit soit le Hamas", Ha'Aretz, 1.4.2024, in Le Courrier international, 2.4.2024.
(3) https://www.courrierinternational.com/article/enquete-des-dirigeants-du-hamas-pensaient-conquerir-israel
(4) "Le Hamas perdra", Franc-Tireur, 17.4.2024.


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