mercredi 4 décembre 2024

Les écologistes anti-écolos

Depuis longtemps, certains agriculteurs ne cessent de clamer qu'ils sont les seuls et vrais champions de l'écologie. Ils la pratiquent quotidiennement. C'est une priorité pour eux. Comment comprendre alors qu'ils s'attaquent aujourd'hui aux sièges d'associations naturalistes ? 
Le message est clair : « Foutez-nous la paix ! », disent des militants de la Coordination rurale qui ont déversé des pneus et du fumier sur les locaux de l’association Manche Nature à Coutances. Ils ont également répandu de la terre et du fumier devant l’Office français de la biodiversité, dans la même ville, rapporte Le Monde (1) avant de déposer une tête de sanglier et des peaux de renards. Retour à des pratiques moyenâgeuses. 
A Gap, dans les Hautes-Alpes, des manifestants ont muré les locaux de la Société alpine de protection de la nature, alors que des salariés et des bénévoles étaient à l’intérieur.
A Châteauroux, dans l'Indre, des militants de la FNSEA ont déversé de la paille devant les locaux de l’association Indre Nature. Quand les salariés se sont réfugiés à l’étage, des agriculteurs montés dans les nacelles des tracteurs ont tambouriné contre les volets et ont tenté de les soulever.
En quoi des associations environnementales sont-elles responsables du malaise du milieu agricole ? La FNSEA qui durant des décennies a poussé ses membres à toujours surinvestir, à s'agrandir toujours plus, à se vendre pieds et poings liés à l'agro-industrie, à se rendre malades et à tuer la nature en consommant des quantités de pesticides, a d'immenses responsabilités dans la crise actuelle. Mais elle les reporte sur ceux qui font ce qu'ils peuvent pour essayer de sauver une situation qui se dégrade à toute vitesse, notamment du fait de l'agriculture intensive.

Certains agriculteurs s'en sont même pris à l'INRAE, l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, un établissement public à caractère scientifique et technologique qui mène des recherches notamment pour aider les agriculteurs à mieux s'adapter au dérèglement climatique. Pourquoi s'y attaquer ? Pas sûr que les agriculteurs eux-mêmes le sachent, mais ils ont visiblement besoin de boucs émissaires.

Dans leur ligne de mire, notamment le Mercosur, ce traité d'échanges économiques avec des pays d'Amérique du Sud. Les viticulteurs le voient d'un bon œil, pas les éleveurs qui redoutent, et on les comprend, de voir vendue sur le sol européen de la viande produite dans des conditions peu contraignantes. Le Mercosur n'est pas (encore) adopté, mais pourquoi alors ces agriculteurs se prennent-ils maintenant pour des douaniers en arrêtant et en contrôlant le contenu de camions qui circulent sur les routes françaises ?

Les autorités les laissent faire, compréhensives ou (surtout) effrayées à l'idée de se les mettre à dos. La Confédération paysanne, qui rassemble des agriculteurs et des éleveurs qui prennent clairement leur part dans la sauvegarde de l'environnement, mène des actions plus policées et plus conviviales (2). Si ses membres faisaient un dixième de ce que font les militants de la Coordination rurale ou de la FNSEA, les maires, les gendarmes et la justice agiraient immédiatement et les traiteraient d'éco-terroristes. Mais les agro-terroristes ont tous les droits.

(1) https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/28/des-associations-ecologistes-denoncent-des-violences-d-agriculteurs-a-travers-la-france_6417501_3234.html
(2) https://www.lanouvellerepublique.fr/chateauroux/chateauroux-la-confederation-paysanne-de-l-indre-offre-des-produits-locaux-et-demande-des-aides-directes
(Re)lire sur ce blog : https://moeursethumeurs.blogspot.com/2019/07/pas-maintenant.html

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