jeudi 13 mars 2025

Sinistres comiques

Le tsar et sa clique de mafieux ont enfin une bonne idée : démilitariser l'Ukraine. C'est une des conditions que pose le dictateur russe. En contre-partie, il faudra alors, dans le même temps, ce n'est que logique, que la Russie en fasse autant. Sinon, le grand méchant loup avalera cette Ukraine sans défense. L'agressé se désarmerait tandis que l'agresseur conserverait sa force de destruction ? Ce ne serait que naïveté autodestructrice de l'accepter. Dans la foulée, il faudra que tous les autres pays suivent. Démilitarisons la planète. Et consacrons les énormes économies ainsi réalisées à la lutte contre le dérèglement climatique et donc à la sauvegarde de la biodiversité à laquelle appartient l'humanité. Sortons de la logique suicidaire dans laquelle nous entraînent les nuisibles.
Ce n'est - évidemment - pas ce qu'envisage le tueur en série Poutine : les petits ne peuvent attaquer, ni même se défendre. Ils doivent laisser les grands les agresser librement. Et il prévient : déployer des soldats de la paix en Ukraine serait une déclaration de guerre à la Russie. Qui peut croire une seule seconde que le régime russe aspire à la paix ? Poutine a décidément un humour particulier.

De l'autre côté, Ubu Trump, l'autre grand humoriste actuel, continue à vouloir englober le Canada dans les Etats-Unis. Tout comme le Groenland. Il semble réellement convaincu qu'une part importante du monde se rêve américaine. Il vomit le terme inclusion, mais veut l'appliquer aux autres Etats. Tous les Etats du monde devrait aujourd'hui annoncer qu'ils veulent annexer les Etats-Unis. Pas sûr que Trump soit capable de goûter l'ironie. 

Depuis la (non) rencontre entre le président Zelensky et son homologue américain flanqué de son roquet, qui ont tous deux reçu le premier de la plus ignominieuse des façons, la relation a évolué plus favorablement grâce à des représentants américains moins rustres (1). Et la balle est à présent dans la camp du tsar de toutes les Russies.
Avant cela, Claude Malhuret, sénateur français, avait tenu un discours vif et carré à la tribune du Sénat (2).
"L’Europe est à un tournant critique de son histoire. Le bouclier américain se dérobe, l’Ukraine risque d’être abandonnée, la Russie renforcée. Washington est devenu la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les États-Unis." Son message tourne en boucle notamment aux Etats-Unis où il a été vu par des millions de personnes qui étaient visiblement en attente d'un discours aussi clair et percutant.
"Jamais dans l’histoire un président des États-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun n’a soutenu un agresseur contre un allié. Jamais aucun n’a piétiné la Constitution américaine, pris autant de décrets illégaux, révoqué les juges qui pourraient l’en empêcher, limogé d’un coup l’état-major militaire, affaibli tous les contre-pouvoirs et pris le contrôle des réseaux sociaux. Ce n’est pas une dérive illibérale, c’est un début de confiscation de la démocratie. Rappelons-nous qu’il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa constitution."
En un mois, constate-t-il, Trump a fait plus de dégâts qu’en quatre ans de sa présidence précédente. "Nous étions en guerre contre un dictateur, nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître." Nous devons faire face, clame Claude Malhuret. Parce que la défaite de l'Ukraine serait aussi celle de l'Europe. Il faut réarmer militairement et moralement celle-ci. "Le sort de l’Ukraine se joue dans les tranchées, mais il dépend aussi de ceux qui aux États-Unis, veulent défendre la démocratie, et ici de notre capacité à unir les Européens, à trouver les moyens de leur défense commune et à refaire de l’Europe la puissance qu’elle fut un jour dans l’Histoire et qu’elle hésite à redevenir. Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du 21e siècle."
On aimerait que tous les chefs d'Etat européens, des membres du Parti Républicains (s'ils ne sont pas tous transformés en valets agenouillés), que les Démocrates, les soi disants influenceurs qui défendraient la démocratie et le droit, aient une voix aussi forte. Que tous leurs discours couvrent le bruit et la fureur qui dominent. Et nous redonnent espoir.

2 commentaires:

Bernard De Backer a dit…

Cher Michel, j'abuse encore des commentaires ! Je prends les paris : le « deal » pour l’Ukraine sera la perte de 20% du territoire ukrainien au profit de la Russie, avec présence de troupes européennes des pays volontaires pour surveiller l’ancienne ligne de front (si la Russie accepte "des troupes étrangères sur le sol ukrainien", un comble de cynisme). Cela laissera à la Russie le temps de se reconstituer, et de bénéficier d’une relance de son économie grâce aux accords commerciaux avec Trump. Cela durera un certain temps, nul ne sait combien. L’Europe se sera renforcée militairement avec quelques autres (UK, Norvège, Canada…), de quoi tenir Poutine à distance des Pays baltes, de la Finlande, de la Pologne et peut-être de la Moldavie. Nous serons dans une nouvelle guerre froide, dont nous ne verrons pas la fin. Pendant ce temps, le climat et le reste poursuivent « sur leur lancée » en pire. Quant aux USA, sortiront-ils du Trumpisme ? Cela dépend beaucoup de l’économie. L’Ukraine aurait pu gagne la guerre si les Occidentaux lui en avaient donné les moyens (armements et autorisation des attaques « en profondeur »), mais is n’ont pas voulu. Pourquoi ? Parce qu’ils ne voulaient pas que la Russie « perde » et s’écroule, se décompose, avec tous les risques afférents (guerre civile, dissémination nucléaire). Cette crainte est sans doute justifiée. Voilà le fond de l’affaire. J’espère avoir tort.

Michel GUILBERT a dit…

Je crains qu'effectivement tu aies raison, Bernard. De plus, Poutine essaie de pousser son avantage au maximum avant de se prononcer sur un cessez-le-feu. Il est en train de chasser les Ukrainiens de la région de Koursk (grâce aux Américains qui ont joué les Ponce-Pilate), de sorte que seule la Russie sera la seule à conserver des territoires ennemis.