A quelques pas de la Cartoucherie de Vincennes, dans le 4e arrondissement de Paris, le Musée Picasso présente une exposition temporaire intitulée « L’art dégénéré : le procès de l’art moderne sous le nazisme". Elle revient sur l’exposition de propagande Entartete Kunst, organisée en 1937 à Munich, qui présentait plus de 700 œuvres d’une centaine d’artistes, représentants des différents courants de l’art moderne, d’Otto Dix à Ernst Ludwig Kirchner, de Vassily Kandinsky à Emil Nolde, de Paul Klee à Max Beckmann, de Vincent Van Gogh à Pablo Picasso, dans une mise en scène conçue pour provoquer le dégoût du visiteur. Ce fut le début d'une purge. Plus de 20 000 œuvres de 1400 artistes classés dégénérés aussi bien en France, qu’en Allemagne, sont ainsi retirées, vendues ou détruites. Le Musée Picasso présente une soixantaine de ces œuvres sauvées de la censure destructrice des nazis. "Sur les murs du musée Picasso, la réunion de ce petit noyau de tableaux et de sculptures présentés à Munich cause aussi un électrochoc, mais inversé, écrit Sophie Cachon dans Télérama (5). On y découvre, troublé, la puissance toujours aussi palpable de mouvements n’ayant en commun que l’impardonnable modernité honnie des partisans de Hitler." Et on pense aux artistes russes d'aujourd'hui qui ont fui leur pays, à la volonté de Poutine de disposer d'une industrie cinématographique qui raconte son Histoire. On pense à Trump qui fait la chasse aux politiques culturelles et aux artistes qui font selon lui de l'idéologie et veut prendre le contrôle d’institutions culturelles pour restaurer la « vérité dans l’histoire américaine » (6). Et on se dit que l'Histoire ne nous a rien appris et que ce sont ces gérontocrates qui sont atteints de dégénérescence.
Ce temps m'en veut. Je ne fais pas son affaire. Je suis trop peu nationaliste, pas assez raciste. Le bruit m'effraie ; au lieu de jubiler quand rugit le "Heil", au lieu de lever le bras à la romaine, j'enfonce mon chapeau sur la tête.
Ernest Barlach, lettre à Reinhard Piper, 11 avril 1933, cité dans l'exposition "L’art dégénéré : le procès de l’art moderne sous le nazisme".
Le jeu était terminé. (…) On m’appelait « artiste dégénéré », « l’effroi du citoyen », « corrupteur de la jeunesse », « fleur de pénitencier ».
Oskar Kokoschka, Ma vie, 1971
(2) https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/11/27/avec-ici-sont-les-dragons-ariane-mnouchkine-sur-le-pied-de-guerre_6416612_3246.html
(3) https://www.telerama.fr/theatre-spectacles/ici-sont-les-dragons-ariane-mnouchkine-et-le-soleil-face-a-un-immense-defi-theatral_cri-7035799.php
(4) Jusqu'au 25 mai -
https://www.museepicassoparis.fr/fr/lart-degenere-le-proces-de-lart-moderne-sous-le-nazisme
(5) https://www.telerama.fr/arts-expositions/l-art-degenere-au-musee-picasso-une-exposition-historique-sur-ces-uvres-jugees-subversives-par-les-nazis_cri-7036917.php
(6) https://www.lemonde.fr/international/article/2025/03/28/donald-trump-veut-prendre-le-controle-d-institutions-culturelles-pour-restaurer-la-verite-dans-l-histoire-americaine_6587248_3210.html
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