lundi 17 janvier 2011

Dégoût d'ego

L'Express l'a rebaptisé Patrick Plagiat d'Arvor (1). Ce pourrait être Patrick Poivre d'Ego. C'est qu'il faut un sacré ego - et un ego sacré - pour oser plagier aussi impunément un autre auteur. Pour qui faut-il se prendre? On se le demande. Pour plus que soi sans doute.
PPDA devait sortir dans deux jours sa biographie d'Ernest Hemingway. Il est vite apparu à un journaliste de l'Express que son Hemingway, une vie jusqu'à l'excès a joyeusement emprunté près de cent pages à la biographie rédigée par l'auteur américain Peter Griffin, parue aux Etats-Unis en 1985 et traduite en français en 1989. Et l'Express de le prouver en publiant, parmi des centaines d'autres possibilités, trois passages où la comparaison entre Griffin et PPDA ne laisse aucun doute: il s'agit bien de l'original et de la copie, le plagiat est patent. Son éditeur, Arthaud, s'en défend mal. Très mal même: "en gros, le livre envoyé à la presse avant sa mise en librairie, explique Télérama (2), n'était qu'une version provisoire, une fiche de lecture géante que PPDA n'avait pas validée, même s'il en avait dédicacé de nombreux exemplaires. Convaincant, non? Si l'on comprend bien, ce sont donc les nègres qui ont mal fait leur boulot".
L'homme n'est pas en quête de notoriété, ni d'argent sans doute. Qu'il ait envie d'écrire un livre, soit. Mais alors pourquoi ne pas l'écrire lui-même sans aller piller le travail des autres? Et s'il s'est pris un nègre, comme il est d'usage notamment dans le milieu de la télévision, qu'il a fait écrire son livre par un autre, il l'a bien mal choisi: la réécriture du livre de Griffin est lourde, sans style, on y cherche en vain un écrivain. Mais après tout s'agit-il en quoi que ce soit de littérature?

(1) le Vif/l'Express, 07.01.2010
(2) 12.01.2011

Excusez-moi de vous déranger

Heureuse initiative à Tournai: Art et Essai, Imagix, la Maison de la Culture et No Télé lancent un nouveau festival de cinéma. Baptisé "Ramdam", il est consacré au "film qui dérange" (voir www.ramdamfestival.be). Il débute ce mardi 18 janvier. A l'affiche: des fictions, en avant-premières, inédites ou dans la partie rétro. Et aussi des documentaires, tels que "L'affaire Coca-Cola" de German Guttierez et Carmen Garcia, "un réquisitoire accablant contre l'empire Coca-Cola, soupçonné d'être impliqué dans l'enlèvement, la torture et le meurtre de chefs syndicaux qui luttaient pour l'amélioration des conditions de travail en Colombie, au Guatémala et en Turquie".
Ou "Torture made in USA" de Marie-Monique Robin, sur l'utilisation de la torture par les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre.
Ou encore "Black Diamond" de Pascale Lamche, qui dénonce le trafic de jeunes footballeurs africains en Europe. "Le monde abject des trafiquants d'espoir", écrit TélécinéObs. Ce documentaire sera diffusé dans le cadre d'une soirée présentée comme "soirée sport", mais qui pourrait plus pertinemment être intitulée "soirée droits de l'homme". Il résonnera en tout cas particulièrement à Tournai: dans cette bonne ville, le bourgmestre et certains de ses adjoints restent poursuivis pour faux titre de séjour délivré à un footballeur congolais.
"Singa Manzangala est cet ex-joueur du RFC Tournai, rappelait le Courrier de l'Escaut le 15 octobre dernier, auquel l'administration communale de Tournai avait délivré un titre de séjour illégal (un faux CIRE, Certificat d'inscription au registre des étrangers) pour qu'il puisse être aligné en championnat de Division 3 nationale. Le bourgmestre de Tournai, Christian Massy, président du club de foot à cette époque, avait été personnellement mis en cause."
Voilà cinq ans que la procédure a démarré, suite à une plainte de l'Office des étrangers à Bruxelles.
Finalement, l'appellation "soirée sports" est peut-être bien indiquée: du sport, il pourrait y en avoir lors du débat qui suivra la projection du lundi 24. Et le Festival Ramdam pourrait peut-être bien déranger.

jeudi 13 janvier 2011

Des p'tits trous

Avec un coq comme emblème, il est sans doute normal que la Wallonie soit le royaume des nids-de-poule. Les trous sont innombrables. Le service de médiation de la Région wallonne reçoit quotidiennement deux cents plaintes d'automobilistes en ces journées post-gel.
Voilà une éternité (quinze ans? vingt ans? plus peut-être) que la Cour des Comptes souligne chaque année l'insuffisance des budgets d'entretien des routes en Wallonie. Certains parlementaires (j'en fus) ont relayé ces observations auprès du Gouvernement wallon. Mais rien n'y fit (ni n'y fait, semble-t-il): les soi-disant chainons manquant avaient priorité. Toujours plus de routes dans un des Etats qui a la plus forte densité routière au monde. Sans que suivent les moyens de les entretenir.
Voici plusieurs mois, l'émission "Questions à la Une" comparait la gestion des travaux routiers entre France et Wallonie. Les Français ont gagné. Comme chez nous, c'est logiquement à un appel d'offres que répondent les entrepreneurs. Mais chez eux, la réalisation des travaux est contrôlée. Pas chez nous. Ce qui est explique que, très souvent, le revêtement des (auto)routes wallonnes ne soit pas conforme au cahier des charges. Et qu'il manque ici un centimètre de tel matériau, là trois ou quatre. Ou plus peut-être. Et que tout soit toujours à recommencer. Les autoroutes wallonnes ou le tonneau des Danaïdes.
Chez eux, les autoroutes sont payantes et la qualité suit, du revêtement, des aires de repos, de la propreté. Chez nous, pour des raisons d'abord populistes, elles restent gratuites. Les résultats du populisme ne sont guère populaires en ce moment.
Pendant une dizaine d'années, le ministre de tutelle des travaux publics en Wallonie fut un certain Michel Daerden. A qui il fut (et il reste) reproché bien des choses, mais on entendait toujours l'un ou l'autre supporter affirmer qu'il s'agissait d'un excellent comptable et d'un très bon gestionnaire. On en a la preuve aujourd'hui dès qu'on prend sa voiture.

mercredi 12 janvier 2011

L'art et le sens

Le Belge Chris Dercon prendra la direction de la Tate Modern de Londres au printemps prochain.
La Tate a fait le bon choix. Ne serait-ce que parce que (c'est la Libre qui l'écrit (1)) "il juge que notre époque est parfois infantile par son enthousiasme exagéré, une génération hourra, sans plus de jugements fondés". Il parle de l'art contemporain, mais ces réflexions peuvent s'appliquer plus largement à d'autres domaines. Dans notre société du temps dit réel, les jugements sont souvent forgés - si tant est qu'ils le soient justement - à l'emporte-pièce et on tend à croire que tout se vaut.

Ceci dit, il est (au moins) deux expositions, d'art contemporain précisément, à voir d'urgence, avant qu'elles ne ferment leurs portes.
La première est consacrée à un autre Flamand, de la même génération que Chris Dercon: c'est Francis Alÿs. Une expo exceptionnelle au Wiels à Bruxelles. Des dessins, des installations, des peintures et surtout des films, dix-huit films, de l'homme qui marche. Il marche dans Mexico un révolver à la main ou en poussant un bloc de glace. Il marche dans Jérusalem en laissant couler un filet de peinture traçant la ligne verte qui, sur la carte, séparait Israéliens et Palestiniens. Il monte une dune avec cinq cents étudiants de Lima tous équipés d'une pelle pour la rehausser de dix centimètres. Il se précipite dans les tornades. Il cherche le sens, s'interroge sur l'utilité de nos actes, ce qu'il en reste. Une vidéo s'intitule d'ailleurs "Sometimes Making Something Leads to Nothing" - Parfois faire quelque chose ne mène à rien.
L'expo se termine ce 30 janvier.
L'autre expo s'intitule "La route de la soie", elle présente au Tri postal, juste à côté de la gare de Lille Flandres, des oeuvres de la Saatchi Gallery de Londres. Des créateurs d'aujourd'hui, depuis la Syrie et le Liban jusqu'en Chine, en passant par l'Iran, l'Irak, le Pakistan, l'Inde, parlent de la violence (notamment celle faite aux femmes), de la ville, de la démocratie, du pouvoir, de la liberté d'expression, de l'absence de communication. Des peintures, des sculptures, des photos et surtout des installations d'une force inouïe.
L'expo est prolongée jusqu'au 23 janvier.

(1) 08.01.2011

mardi 11 janvier 2011

Tiédeurs wallonnes

C'est Karel De Gucht qui l'affirme: "la Wallonie a deux visages: au niveau régional, elle mène une politique libérale, et les employeurs wallons n'ont d'ailleurs pas de problèmes avec le gouvernement régional. En revanche, la Wallonie pratique une approche beaucoup plus à gauche au niveau fédéral, là où s'organise la protection sociale" (1). On ne peut lui donner entièrement tort. On lui fera quand même remarquer que le ministre écolo Philippe Henry a refusé le projet Citta (peu) Verde à Farciennes et qu'il a bien cadré le projet dit de Centre de glisse à Antoing, deux beaux projets d'essence libérale très soutenus par le Ps. Pour le reste, on sera assez d'accord avec lui pour convenir que si la Wallonie est essentiellement sous la menée du Ps depuis trente ans, la politique qui la (et le) guide est plutôt, effectivement, de nature socio-libérale. Le pilote actuel du Gouvernement wallon aime d'ailleurs parfois se qualifier de manager. Le vocabulaire est un indicateur intéressant. Le Ministre-Président wallon a des accents libéraux. "L'avenir-Le Courrier de l'Escaut" le laisse entendre sous le titre "les voeux d'un socialiste... réformateur". Dimanche, Rudy W.P. Demotte recevait le tout Tournai à la Halle aux Draps. On s'y bousculait pour témoigner son allégeance au premier bourgmestre non élu de Tournai. Une heure et demie de serrements de mains n'a pas suffi, nous dit le journal, les invités étaient trop nombreux. "Du discours proprement dit, écrit Géry Eykerman, on retiendra la tonalité socio-économique marquée. Si Louis Michel parlait volontiers de libéralisme social, Rudy Demotte n'emploie certes pas celle de socialisme réformateur, mais pas une phrase prononcée par lui n'aurait écorché une bouche bleue."
Les fidèles lecteurs de ce blog savent que j'ai tendance à me répéter, j'ai déjà dit maintes fois combien je déplore que le Ps et la majorité de ses ténors aient opté depuis longtemps pour le socialibéralisme. Rudy Demotte en est l'incarnation même. Un socialibéral est un adepte du consensualisme, ce qui signifie qu'il a le conflit en horreur, il ne s'énerve pas, il est plus lisse que lisse. Il comprend chacun et est d'accord avec tout le monde. Il pense et penche à gauche, mais comprend parfaitement la droite. D'ailleurs, il trouve que ce sont des notions dépassées ou à dépasser. Il soutient l'économie génératrice de croissance parce qu'elle crée de la richesse qui elle-même doit être redistribuée pour assurer une certaine justice sociale. C'est la doctrine du socialibéral. Il a le souci des gens, donc de l'argent et inversement. Il reconnaît que ce sont les marchés qui font la loi, même s'il admet qu'il faut, ou en en tout cas faudrait, les réguler. En fait, il pense de tous côtés. Il est à lui seul une synthèse politique. On se dit que les partis ne devraient plus exister. Il suffit. La preuve, c'est qu'il a créé le consensus autour de lui. Tout le monde lui baise les pieds et lui reconnaît une grande intelligence. Il a effectivement l'intelligence de se placer au centre. Dans tous les sens du terme.
La girouette aussi est au centre de son mât.
"Ce qui m'indigne, c'est le consensualisme, qui m'apparaît comme une des négations de la personne humaine. Il se traduit par l'immobilisme, l'inertie, tout ce qui fait que rien ne bouge, que chacun se contente de la bonne parole sans lendemain. la pensée unique réduit l'originalité, limite la créativité, banalise l'action. Elle aboutit non à une censure, mais à une autocensure et donc à l'inaction", déclarait récemment dans "Marianne" (2) Olivier Metzner, avocat à la cour (France).

(1) Le Vif/l'Express, 10.12.2010
(2) dans le dossier sur l'indignation, Marianne, 01.01.2011

lundi 10 janvier 2011

De l'indignation

L'explosion des ventes de l'opuscule de Stéphane Hessel, "Indignez-vous!" (500.000 exemplaires vendus, aux dernières nouvelles), suscite évidemment des articles, voire des dossiers. On se réjouit qu'en ces temps que certains croyaient mous et désabusés l'indignation déclenche un mouvement. Mais mouvement y a-t-il? Ou, mieux sans doute, y aura-t-il? Et qu'en ferons-nous? Avons-nous tous les mêmes indignations? Sommes-nous indignés par ce qui bouscule notre confort personnel ou par les atteintes à l'intérêt collectif? Nos indignations sont-elles progressites ou réactionnaires? Serons-nous capables de transformer, de transcender l'émotion qui mène l'indignation? De ne pas rester au balcon parmi le choeur des pleureuses (et des pleureurs aussi)? L'indignation est souvent vertueuse, on peut s'en draper, s'en statufier. On peut s'écouter s'indigner. Et y trouver plaisir et fierté. La télé, grande banalisatrice, peut faire des émissions sur l'indignation, la réduisant à rien.
En Tunisie, en Algérie, le prix du pain et le chômage ont poussé dans la rue les jeunes à laquelle la classe politique n'offre aucun avenir. C'est de la colère. Et elle est juste. C'est autre chose que de l'indignation. mais toutes deux sont nécessaires. Et, on l'espère, salutaires.
"L'indignation, selon Descartes, réagit aux injustices qui touche les autres quand la colère répond à ce qui nous affecte directement. L'indignation désintéressée est supérieure à la colère, laquelle se révèle souvent injuste, disproportionnée, égoïste ou jalouse." C'est Eric Conan qui l'écrit dans Marianne (1). Il cite aussi Victor Hugo pour qui "la colère peut être folle ou absurde; on peut être irrité à tort; on n'est indigné au fond, que lorsqu'on a raison par quelque côté." On ne pense pas cependant que les jeunes tunisiens et algériens soient à tort en colère. On comprend leurs motifs, ils leur donnent raison. La colère telle qu'ils l'expriment est un soulèvement du corps qui répond au "soulèvement de l'âme" face à une situation insupportable que serait l'indignation, selon Bernanos . Qui dit aussi (2) que " on méprise d'en bas, on ne saurait s'indigner qu'à partir d'une certaine hauteur où il faut se maintenir coûte que coûte, sauf à rougir de soi".
Toujours dans Marianne, Marie Huet cite Flaubert qui, dans une lettre à George Sand, dénonçait "la haine que l'on porte au Bédouin, à l'hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère, il est vrai que beaucoup de choses m'exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat comme une poupée à qui on retire son bâton". André Gide ne disait pas autre chose: "quand je cesserai de m'indigner, j'aurai commencé ma vieillesse". Visiblement, à 93 ans, Stéphane Hessel n'a pas encore commencé sa vieillesse. "La vente de l'opuscule de Hessel est un phénomène populaire et Hessel redonne du sens au mot peuple, écrit Bernard Maris dans Charlie Hebdo (3), et il ajoute: "l'argent tue la fraternité, l'indignation en crée. Neuilly avait presque réussi à nous faire croire qu'il ne fallait pas s'indigner contre l'argent et sa dictature! C'est raté. Merci, Hessel."

(1) 01.01.2011
(2) toujours cité par Eric Conan dans Marianne
(3) 05.01.2011

vendredi 7 janvier 2011

Bonne année, pires voeux

Notre ministre de la Culture a de l'humour. Il est particulier. La presse ne l'a pas compris, cet humour, et se moque d'elle, la ministre. On conviendra que la vidéo de présentation de ses voeux est surprenante. On n'oserait la qualifier de surréaliste. On n'oserait pas la qualifier en fait. On convient qu'elle est créative. D'une certaine manière. La ministre dialogue avec un "nounours". On ne sait s'il doit être qualifié de grotesque, de ridicule, de lamentable ou d'idiot. D'imbécile peut-être. On a du respect pour les ours, ils doivent être protégés. On ne se prononce pas. On fait mieux: on se pince. La ministre fait de même et se réveille. C'était ou plutôt ce n'était qu'un cauchemar. Ouf, elle a eu peur. Nous aussi. On se réveille le lendemain et on se dit qu'on n'a pas rêvé, on l'a bien vue cette vidéo. On vérifie: oui, elle est toujours là:
http://levif.rnews.be/fr/news/actualite/technologie/fadila-laanan-rate-ses-voeux-sur-youtube/article-1194911664636.htm
On voit par là que la communication mérite réflexion. Qu'entre l'émetteur qui envoie ses meilleurs voeux et le récepteur qui encaisse les pires, il y a plus qu'un fossé. On ne sait s'il faut en rire (jaune) ou en pleurer. Vous reprendrez bien une coupe de champagne?

P.S. Le Ministre-président de la Région wallonne nous a également vidéé ses voeux. Ils sont bons. Il est gentil. Il parle bien, même s'il ne dit rien. Il aime bien les jeunes. Et aussi les personnes âgées. Et la Wallonie, c'est très bien aussi, elle va mieux qu'hier et bien moins que demain. Quelle belle année sera 2011! On voudrait que le temps s'arrête. Mais, comme dit Renaud, le temps est un salaud.

mardi 4 janvier 2011

A Laurent Gbagbo

Des extraits de chansons de deux de ses plus illustres compatriotes.

Une seconde de plus, une seconde trop
un cadavre de plus, un cadavre de trop
le mandat de plus, c'est le mandat de trop!
On en a marre, on en a marre, on dit qu'on en a marre,
on vit dans ce reste, on dit qu'on en a marre
on n'a même pas de pain, on dit qu'on en a marre,
tout le peuple, tous les gosses, tous les mecs en ont marre!
Voilà la porte et sors dans le calme,
pas de balle, pas de sang, tu sors dans le calme
voilà la porte, tu sors dans le calme!
Quitte le pouvoir, quitte le pouvoir
je te dis quitte le pouvoir!

Tiken Jah Fakoly: "Quitte le pouvoir" (2004)

Y'a du sang sur la route
Qui mène à la tour du pouvoir
Y'a du sang innocent
Les partis en face
Sont d'accord qu'ils ne seront jamais d'accord
Opposition radicale
Parti au pouvoir radical
Le verbe devient inamical
Et la démocratie tribale
Ils ont beteisé le débat
Ils ont baouleisé le débat
Ils ont diouleise le débat
Les querelles de personnes mettent en péril la république
La désinformation intoxique l'opinion publique
C'est la course au pouvoir
Course au pouvoir
C'est la course au pouvoir

Alpha Blondy: "Course au pouvoir" (1994)

Eclispe

Le ceil a bien voulu s'ouvrir quelques minutes, au sud-estn, vers la France, le temps de nous permettre de contempleer le soleil. Il ressemblait au caht souriant d'Alice au pays des mervceilles.
Superbe! mais je crois qu'ils avaint raison, les journalustes à la radio: j'aurais dû me protéger les yeux.

lundi 3 janvier 2011

Les bas de la Marine

A tout saigneur, tout honneur: le premier billet de l'année 2011 est consacré à la fille à son bouledogue de papa, j'ai nommé Marine Le Pen. On ne parle plus que d'elle dans la presse française. Elle fait le buzz, comme on dit aujourd'hui. Toute la presse en parle, elle court les plateaux de télé, on se l'arrache. "Au plan médiatique, la diabolisation a vécu, écrit R. Ro dans le Vif (1), Marine Le Pen a été la vedette de toutes les émissions littéraires ou politiques de la rentrée. Je suis un produit d'appel, se réjouit-elle." "Il y a l'image télévisuelle et il y a la face cachée, poursuit R. Ro. Sur les plateaux, Marine Le Pen développe son programme économique pour sortir de l'euro; dans les fédérations, elle martèle les fondamentaux du parti, prônant la préférence nationale et la peine de mort pour certains crimes."
"La plus-value de Marine Le Pen, ajoute Jacques Julliard dans Marianne (2), comprend, rappelons-le, le rétablissement de la peine de mort, l'arrêt de l'immigration, la suspension du droit du sol, c'est-à-dire de la conception humaniste et non raciale de la nationalité, et l'on en passe. Mais c'est aussi, dans le domaine économique et social, la sortie de l'euro, le protectionnisme, la fermeture des frontières, en un mot, un improbable mélange de France seule à la Maurras et de socialisme dans un seul pays à la soviétique. Peu importe que ce programme de retour à l'âge de la pierre n'ait ni cohérence ni réalisme: il sert avant tout de marqueur social et tend à présenter le Front national comme l'aile populaire d'une vaste coalition de droite."
Et ça marche: "Marine Le Pen, si elle était candidate à l'élection présidentielle, pourrait dépasser 18% des suffrages. Des sondages, non encore rendus publics, l'indiquent", écrit Jean-Françis Kahn dans Marianne (2).
Les télés l'y aident bien. Elle y est une représentante politique parmi les autres, mais une excellente cliente. Le discours de l'extrême-droite s'est banalisé notamment grâce à la télé. On se souvient qu'il y a plus de vingt ans déjà, dans Ciel, mon mardi!, Christophe Dechavanne invitait des racistes et des anti-racistes. Comme si toutes les opinions se valaient et qu'il suffisait juste d'argumenter. De faire du spectacle en réalité, et donc de l'audience. Elle n'a pas de prix. Les discours de l'extrême-droite, réduits au simplisme, passent bien en télé. Face à une phrase slogan d'un extrémiste, il faut cinq minutes de contre-argumentation d'un démocrate. "Les professionnels de ce secteur (la télévision) ont choisi de privilégier le spectacle et l'affectif au détriment du fond", déclare Michel Rocard (3). L'ancien premier ministre estime que "dès que vous avez un entrelacs d'arguments ou de faits rassemblés pour comprendre un événement ou une simple information qui nécessiterait un début d'explication, c'est impossible: les acteurs de la télévision vous affirment qu'un tel exercice suppose une attention toute particulière qu'aucun téléspectateur n'est en mesure de soutenir". Donc, la Le Pen a raison, sur un point: elle est bien un produit d'appel. D'appel de quoi? Du simplisme, de la haine, de la bêtise? De tout cela à la fois sans doute.

Putain! Marine Le Pen, non, non.
Mais Marine Le Pen, non, non.
Tu le crois pas, tu le crois ça?
Katerine, "Le 20.04.2005"

(1) 17.12.2010
(2) 18.12.2010
(3) Le Vif, 22.10.2010