jeudi 13 février 2014

La lectrice

Aux insomniaques, la chaîne de télé française D8 propose l'émission "Voyage au bout de la nuit". Une personne, assise sur un canapé, lit un roman du répertoire français. Cette nuit-là, c'était "Indiana" de George Sand. La pauvre n'a pas mérité cela. Une jeune femme - dont la distinction n'est certes pas la première qualité - lit comme elle peut le roman. Entendez par là que, si sa diction n'est pas mauvaise, on n'a quand même pas affaire à une comédienne. Elle a l'air de s'ennuyer profondément (le roman compte quelque 300 pages dans son édition Folio), bafouille parfois, se perd dans le texte, place des césures à de mauvais endroits, respire mal. Elle est tantôt à moitié couchée sur le canapé, comme alanguie, tantôt assise. Elle bouge les jambes, se touche les cheveux.
On se pose la question: qu'est-ce qui explique ce type de prestation? S'agit-il de répondre à une obligation du CSA de mise en valeur du patrimoine français? Ou de permettre aux aveugles et mal-voyants d'accéder à des romans? Si c'est le cas, peut-on faire remarquer aux programmateurs de D8 que les aveugles ne sont pas sourds? Que choisir des professionnels de l'expression pour ce genre d'exercice garantit le respect du public auquel on s'adresse? Il y a heureusement, parfois à la télé, plus souvent en radio, dans la presse écrite, les écoles, les bibliothèques, des espaces et des rencontres qui cultivent vraiment le goût de la lecture.

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