mercredi 12 février 2014

Conduire la tête dans le sable

En dehors de ses zones montagneuses, l'Europe de l'ouest n'a pas (encore?) vu l'hiver cette année. Quasiment pas de gel, pas du tout de neige. En revanche, certaines régions françaises, la Bretagne notamment, le Var, ont connu des pluies diluviennes qui ont provoqué de graves inondations. La Grande-Bretagne est très touchée, les inondations menacent Londres. L'année 2013 est la quatrième année la plus chaude dans le monde depuis le début du relevé des températures dans le monde en 1880. Tous ces dérèglements sont-ils dus au réchauffement climatique? Très vraisemblablement. Faut-il faire quelque chose? C'est urgent, hurlent quantité de scientifiques et de climatologues à travers la planète.
La France vient, sous la pression de la route, de décider de reporter (sine die?) le système de l'écotaxe.
Dans le même temps, le gouvernement français soutient le projet d'Ayraultport de Nantes, cher à son premier ministre.
En Belgique, les trois gouvernement régionaux (flamand, bruxellois et wallon) ont réussi à se mettre d'accord pour lancer, le 17 février prochain, un projet pilote de taxation des véhicules au kilomètre. 1200 personnes doivent y participer. Il s'agit de mener une expérience, au terme de laquelle une analyse pourra être menée, des conclusions tirées et des décisions prises. L'objectif est de "gérer la mobilité", de changer les habitudes, de diminuer les bouchons de plus en plus fréquents à et autour de Bruxelles et d'autres grandes villes.
Une grogne se lève contre cette expérience avant même qu'elle ne soit menée. Elle a pris la forme d'une pétition qui a déjà réuni plus de 100.000 signatures.
Dans le même temps, le bureau d'études Stratec publie une étude qui affirme que ce système de taxation au kilomètre, s'il n'est pas celui qui rapportera le plus aux pouvoirs publics, est celui qui apparaît le plus juste. Un système de péage zonal serait plus rentable, mais il favoriserait les longues distances.
Face à la levée de boucliers qui s'amorce, le CDH et le PS font machine arrière. Ce projet pilote qu'ils ont décidé de lancer n'est finalement pas une bonne idée. Il s'engouffrent dans le courant populiste qui finira bien par bouchonner.
Un jour ou l'autre, il faudra bien que nous modifiions nos pratiques. En attendant, n'y changeons rien. On verra bien. Le jour où nous aurons tous les pieds dans l'eau, nous demanderons des comptes aux politiques. Parce que, bien sûr, tout est de leur faute.
On dit qu'on a les élus qu'on mérite.

lire:
www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20140210_00431025
www.lesoir.be/422863/article/actualite/belgique/2014-02-09/tarification-au-km-est-plus-juste-selon-une-etude


2 commentaires:

Grégoire a dit…

Au delà du manque de prévoyance de toute la population en général, je pense que le poids démographique a aussi son rôle. C'est la définition même de l'écologie : l'impact de l'homme sur la nature. On peut, et on doit, toujours faire des efforts pour limiter, voire diminuer, celui-ci, mais si nous sommes de plus en plus nombreux, cela ne suffira pas. La nature a une évolution linéaire car elle est limitée (à la planète), celle de l'espèce humaine est exponentielle.
On n'a pas nécessairement les élus qu'on mérite. Etienne Chouard fait remarquer qu'il y a une évidente corrélation entre le temps de passage à la TV et les succès électoraux. Et puis, comme me disait un prof, il y a 20 ans, neuf imbéciles qui marchent vont plus loin qu'un intellectuel assis. Au fait, le ministre de l'environnement est-il biologiste? Celle, fédérale, de la santé, médecin?

Michel GUILBERT a dit…

Oui, le "vu à la télé" fonctionne bien. Mais le "vu en vrai" aussi: celui qui serre la main, qui envoie des lettres de recommandation (même s'il sait très bien qu'elles ne servent à rien), qui est toujours d'accord avec ses interlocuteurs si ce sont aussi des électeurs potentiels... La séduction et la peur de heurter, voilà ce qui marche.
"C'est parce que le peuple peut se tromper que les élites doivent avoir le courage de prendre des décisions impopulaires, a écrit François de Closet (dans "Le divorce français). Si vous ne prenez pas de décision impopulaire, vous ne gouvernez pas.