dimanche 23 février 2014

Des urnes, des hommes et des moines

Avec le printemps (le vrai), reviennent cette année les grues et les élections municipales en France. N'y voyez aucun lien. Les listes se peaufinent, les ambitions s'affichent.
Certains se voient déjà maires pour la septième fois. C'est le cas de celui d'Issoudun dans l'Indre. Qui d'autre que lui pourrait si bien exercer la fonction? Il a l'expérience, dit-il. "Cette ville a besoin d'un maire compétent et capable de faire face", dit cet homme de 71 ans. Et il se voit déjà exercer un huitième mandat dès 2020 (1). On voit par là que cet homme est le candidat idéal. Il voit loin.
D'autres candidats se présentent comme "apolitiques". Il faut donc croire qu'ils entendent exercer un mandat politique sans faire de politique. Ce qui est assez audacieux. La liste "Un nouvel élan pour Lucay-le-Mâle" a pour objectifs la défense du monde rural, celle des services publics et de proximité, l'emploi, l'accès aux soins, la protection des aînés, l'avenir des jeunes (1). N'y voyez aucun projet politique.
A Fontgombault, "les Indignés" présenteront une liste. Ils se sont indignés des propos du maire actuel qui avait déclaré, avec l'élégance et le doigté qui visiblement le caractérisent, qu'il était pour lui "hors de question de marier des pédés" et avait fait adopter une résolution en ce sens (2). C'est Dieu qui l'inspire et est le vrai maire de la commune. Les Indignés ont dû batailler ferme pour faire radier dix moines des listes électorales de la commune. C'est que l'abbaye de Fontgombault fournit une bonne partie des électeurs du village et quelques-uns de ses candidats. Les dix moines en question ont rejoint une autre communauté monastique dans le Pas de Calais. Le tribunal a donné raison aux Indignés. Contre l'avis de l'avocat des moines, Cyrille Dutheil de la Rochère. Il est le cousin de Ludivine Dutheil de la Rochère, présidente de la Manif pour tous (mais pas "pour les pédés"?), et de Bertrand Dutheil de la Rochère, conseiller... Laïcité de la fille à papa Le Pen.
Des députés, sénateurs et ministres ne se présentent pas en tête de liste, respectant le principe du non cumul des mandats. Ainsi, l'ancien maire d'Argenton-sur-Creuse, le ministre du Travail Michel Sapin. Ainsi aussi, le député Jean-Paul Chanteguet, qui fut maire du Blanc durant trente ans.
On connaît certains ministres wallons qui dans les faits cumulent cette fonction avec celle de maïeur, malgré l'interdiction qui leur en est faite. Ils feraient bien de regarder de l'autre côté de la frontière. 

(1) La Nouvelle République, 22 février 2014.
(2) lire sur ce blog "Obscurantisme", 7 novembre 2013.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

On savait pas que des abbayes pouvaient siéger et donc influencer une politique communale.
Les moines ont-ils fait appel?