vendredi 7 février 2014

Le (mé)fait du tsar

"L'important, c'est de participer", disait Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques contemporains. Les athlètes qui vont concourir à ceux de Sotchi vont participer au plus grand saccage écologique de ces dernières décennies, participer à la bêtise humaine, participer à la gloire du tsar Poutine.
La région de Sotchi n'est pas vraiment une terre de neige. On y annonce 10° aujourd'hui, 13 dimanche et jusqu'à 14 jeudi prochain. Mais la neige de fabrication russe doit bien valoir la neige naturelle. Et après tout, tout sent le faux dans ce triste délire.
Pour construire de toute pièce le village olympique et les infrastructures sportives et routières, il a fallu contraindre quelque peu les habitants et la nature.
Des centaines de familles ont été expulsées, chargées de faire de la place pour des routes, des restos, des hôtels ou des parcs, forcées de vivre dans de minuscules chambres d'hôtel. A jamais, peut-être (1). Des villages ont été remplacés par des monstres de béton. Mais coloré, le béton. 
Une autoroute, qui a coûté 8 milliards d'euros pour 45 km a été construite, sur 36 km, dans le lit d'une rivière. La rivière est priée d'avoir couler ailleurs. Elle a du mal à s'y faire. Les saumons ont perdu le nord. Des arbres ont été abattus par centaines pour ouvrir des pistes. 4000 hectares de forêt ont été supprimés (2). Les déchets de chantier ont été entassés dans la montagne, dégagent une odeur nauséabonde (3) et polluent les cours d'eau dont l'eau "a la couleur du Coca". Un militant écologique vient d'être condamné à trois ans de camp pour hooliganisme. Son crime: avoir publié un rapport environnemental accablant pour les autorités (2).
Les Jeux olympiques méprisent la vie. Ce grand spectacle sent l'égout. Mais qu'importe?, l'important, c'est de participer.

(1) Le Petit Journal, Canal +, 4 février 2014.
(2) émission "CO2 mon amour", France Inter 1er février 2014.
(3) Journal de 8h, France Inter, 6 février 2014.
lire aussi:
http://rue89.nouvelobs.com/rue89-sport/2014/02/02/les-jo-sotchi-grand-nimporte-quoi-preuve-cinq-histoires-24952

http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/399301/pas-encore-les-olympiques

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Le pire est l'exploitation de milliers de travailleurs étrangers qui ont été "embauchés" pour construire des infrastructures et qui ont été "accueillis" dans des conditions de travail, de vie, d'hygiène que l'on pourrait qualifier de scandaleuses. Cela n'a pas provoqué à ce que l'on sache de réactions indignées et publiques dans les pays dits démocratiques. L'esclavage moderne est devenu banal.