lundi 2 novembre 2020

Vive l'école

En cette journée de rentrée scolaire, l'école et les enseignants sont mis à l'honneur en France. Parce qu'au début même des vacances qui viennent de se terminer un professeur d'histoire-géo, Samuel Paty, a été décapité pour avoir travaillé avec ses élèves sur la notion de caricature. Un hommage lui a été rendu aujourd'hui dans toutes les écoles de France.

L'école publique unit. Elle est celle de toutes et de tous. Contrairement à l'école privée et, plus encore, à l'école à la maison. Avant ce crime atroce, le président français avait annoncé que tous les enfants devraient, désormais, suivre l'enseignement à l'école. Tollé immédiat chez les parents qui estiment que le système  n'est pas adapté à leurs chers enfants et qui refusent qu'ils soient formatés, préférant le faire eux-mêmes. Si on veut bien imaginer que certains parents sont capables de délivrer un enseignement correct à leurs enfants, on ne peut s'empêcher de penser que d'autres leur donnent une vision de la vie et de la science totalement viciée. Dans combien de familles le darwinisme est-il ignoré pour lui voir préféré le créationnisme? Est-il normal que certains enfants passent une partie non négligeable de leur temps à étudier des textes dits sacrés plutôt que d'étudier les sciences? Que certains parlent la langue de leurs parents mais pas celle du pays dans lequel ils vivent? Qu'ils reçoivent des cours d'histoire totalement tronqués? Que des filles soient privées de sport et n'aillent jamais à la piscine? La pédagogie familiale n'est pas la panacée. Outre qu'elle isole, elle ne permet pas la confrontation d'idées, de points de vue, d'expériences de vie, de façons de vivre.

Le jeune homme qui a exécuté Samuel Paty a agi au nom d'une idéologie qui déteste le savoir. "Rappelons-nous, écrit Gérard Biard (1), que les talibans pakistanais ont tenté d'assassiner Malala Yousafzai parce qu'elle voulait simplement aller à l'école. L'islamisme ne veut pas des enfants instruits et éclairés, il veut des abrutis à manipuler." Former des jeunes capables de discernement, de prise de recul, d'esprit critique, de mise en perspective, c'est le rôle de tout enseignant. Et on ne peut confondre former et déformer. "Une chose est sûre, écrit encore Gérard Biard: pour apprendre à devenir des citoyens adultes et libres, ces enfants sont mieux à l'école publique qu'à la maison". 

Lors du rassemblement en hommage à Samuel Paty à Paris le 18 octobre, Agathe André, qui préside l'association Dessinez Créez Liberté,  a expliqué que celle-ci travaille notamment "avec des professeurs animés par le désir de transmettre, qui s'efforcent chaque jour d'expliquer le monde et d'ouvrir le champ des savoirs". Elle a conclu son intervention par ces mots: "Notre ennemi, c'est l'ignorance. Loin de nous terroriser, cette nouvelle tragédie doit nous rendre plus combattifs encore. Il n'est pas question de nous infantiliser et de céder quoi que ce soit à ces logiques mortifères. Que l'école de la République demeure le lieu de l'accès à tous les savoirs et celui de l'apprentissage de la citoyenneté et des valeurs qui nous unissent". 

(1) "L'école de la dernière chance", Charlie Hebdo, 21.10.2020.

(2) "Les clés de la liberté", Charlie Hebdo, 21.10.2020.

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