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lundi 5 février 2018

Home sweet home

Finalement, c'est bien ou c'est pas bien les droits de l'homme, la démocratie, tout ce bazar sur lequel crachent ces djihadistes, nés et élevés en Europe et partis faire la guerre dite sainte (1) en Syrie ou en Irak? Ils rejettent les modes de vie à l'occidentale et veulent remplacer nos gouvernements d'impies et de mécréants par des institutions islamiques. La seule loi, pour eux, c'est la charia. Et voilà maintenant que celles et ceux qui ont été arrêtés dans ces pays demandent à être jugés dans leur pays d'origine. Là où les droits de l'homme sont respectés, au contraire des pays où ils ont contribué à faire tout exploser: des êtres humains, des maisons et des règles. Ils ont une conception de la justice à géométrie variable. Ou plutôt à intérêts variables. Entendez par là que c'est le leur qui prime largement sur celui des autres pour lequel ils n'ont que mépris. "Ces djihadistes, constate Guy Konopnicki (2), qui n'ont cessé de clamer leur haine de la France et de la République laïque, redécouvrent leur passeport français pour échapper à la justice des pays où ils ont semé la mort et la terreur."
Home sweet home, c'est désormais leur devise.
Suivre leurs souhaits et ceux de leurs avocats de les voir jugés dans leur pays d'origine serait contraire aux régles habituelles qui veulent que les crimes soient jugés là où ils ont été commis. "En suivant les beaux raisonnements de leurs défenseurs, souligne Guy Konopnicki, la nationalité française permettrait de protéger une partie des djihadistes, de les distinguer du gros des troupes. Les terroristes français jouiraient donc d'un privilège, ils pourraient agir en n'importe quel pays, sans jamais partager le sort de leurs frères d'armes. On ne saurait mieux revendiquer une justice coloniale séparant les djihadistes français des indigènes du Proche-Orient et du Maghreb, qui, eux, peuvent bien être pendus."
Oui mais, soulignent les défenseurs des djihadistes, on ne peut accepter qu'ils soient jugés par la justice d'un Etat qui n'existe pas (l'Etat kurde) ou qui, trop instable ou trop fragile, n'offrirait aucune garantie d'application de la peine prononcée. Pour juger des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, il existe une solution indiscutable: un tribunal pénal international qui jugerait les djihadistes quelles que soient leurs nationalités. "La France, conclut Guy Konopnicki, perdrait tout honneur en protégeant des criminels français. Il lui revient d'agir pour que les crimes de Daech soient traduits devant un tribunal international, pour n'être pas recouverts par l'oubli et la négation."

Pendant ce temps-là, face à la justice belge, Salah Abdeslam refuse de répondre aux questions du tribunal. Ce qui est son droit. "Moi, c'est en mon seigneur que je place ma confiance, s'est-il contenté de dire. Je n'ai pas peur de vous, je n'ai pas peur de vos alliés, de vos associés, je place ma confiance en Allah et c'est tout."  (3) Peut-être est-ce cela que veulent nos djihadistes: pouvoir venir se taire dans les tribunaux de chez eux. Voilà donc ce que sont les soldats internationaux de Dieu: de piètres individus qui veulent être jugés à la maison tout en étant incapables d'assumer leurs actes si peu glorieux et de les expliquer.

(1) Quelqu'un peut-il nous expliquer ce qu'une guerre peut avoir de sainte?
(2) "Juger les crimes de Daech", Marianne, 2.2.2018.
(3) http://www.lalibre.be/actu/belgique/20-ans-de-prison-requis-pour-abdeslam-et-ayari-le-proces-suspendu-jusque-jeudi-5a77f08ecd70f924c7d9d40e

jeudi 24 mars 2016

Vive la vie

A quoi consacrons-nous notre vie?
Les djihadistes vouent la leur à semer mort et terreur, à mettre fin, aveuglément, à la vie de tous ceux qui ne pensent pas comme eux et finalement à la leur, pensant mourir en martyrs là où ils disparaissent en sombres crétins psychopathes. Des vies gâchées, des vies ratées. Ils pensent aller en paradis et ne rejoindront que l'enfer des êtres malfaisants de sinistre mémoire. Ceux qui déshonorent le genre humain.
La fille à papa Le Pen s'est trouvé une mission: "alerter la population face aux dangers de l'immigration, du multiculturalisme et de la mondialisation" (1). Elle veut sauver le monde, mais le monde ne la comprend pas. Elle vient de se rendre au Canada pour donner des leçons à toute la classe politique et s'étonne qu'aucun politique n'ait voulu la rencontrer, qu'aucune entreprise ne lui ait ouvert ses portes et que même des hôtels lui aient refusé l'accès. Madame Culot-Monstre tance le premier ministre québecois et s'étonne, éternelle victime, d'être rejetée. 
Les semeurs de haine sont surpris d'être mal aimés et incompris. Les gens qui sont dans leur vérité sont dans l'arrogance qui va rarement de pair avec l'intelligence. L'éducation et la culture sont les seules voies de secours.
Il y a ceux qui vouent leur vie à la violence et/ou à la haine des autres. Et il y a heureusement ceux qui se rangent résolument du côté de la vie, ceux qui pensent que pour qu'elle ait du sens leur vie doit être consacrée à créer du lien, à intégrer, à imaginer, à construire, à faire évoluer positivement la société. Les acteurs qu'ont rencontrés les réalisateurs du documentaire "Demain" sont de ceux-là et le succès de ce film est réjouissant. Le sont aussi les responsables d'associations qu'interviewe chaque jour Philippe Bertrand dans son émission "Carnets de campagne" (2) qui nous rend optimistes. Tous ceux-là nous font croire en l'humanité. 

(1) http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2016/03/21/009-marine-le-pen-entrevue-immigration.shtml
http://www.liberation.fr/france/2016/03/22/les-mesaventures-quebecoises-de-marine-le-pen_1441301
(2) France Inter, du lundi au vendredi, de 12h30 à 12h45.

mercredi 23 mars 2016

L'insondable

Ce sont encore et toujours les mêmes questions. Elles restent sans réponse pour tout être humain un tant soit peu rationnel. Comment des jeunes de vingt à trente ans peuvent-ils se lever le matin en se disant que le programme de leur journée sera de se faire exploser en tuant un maximum de gens, enfants, femmes, hommes, peut-être leur mère ou leur petit frère? Quelle part humaine reste-t-il chez ces lâches assassins? Comment comprendre de telles ignobles attitudes? "Par le vertige, l'attrait du vide, c'est là qu'est leur dieu", me répond un ami. Tomber et faire tomber, sacré projet de vie.
Leurs actes sont crapuleux à plus d'un titre. Par tous ces morts évidemment, ces blessés, ces centaines de vies brisées. Par cette peur qui s'installe. Par l'impact sur l'accueil de réfugiés tout aussi catastrophés que les Belges. Une de mes sœurs qui vient en aide à des réfugiés à Tournai me dit combien ils sont fâchés, effrayés, attristés. Un quinquagénaire irakien en larmes lui a demandé pardon, lui qui n'y est pour rien, lui qui a fui la guerre et ses horreurs et se voit rattrapé par les mêmes fous de dieu qui se sont fait de la violence une religion.
Mais, comme l'exprimait ce matin sur France Inter Charline Vanhoenacker, "on ne va pas s'arrêter de vivre parce que des imbéciles veulent mourir".

A (re)lire sur ce blog "Les crétins psychopathes", 17 novembre 2015.

vendredi 20 novembre 2015

La vie

A quelque chose malheur est bon, dit-on. Aux assassins fanatisés, les réponses sont déjà nombreuses.
Il y a, bien sûr, les réponses sécuritaires qui, si elles sont indispensables, ne doivent pas être excessives. Refermer les frontières n'a pas de sens, de toute façon, des terroristes déterminés savent les franchir, les forces de l'ordre elles-mêmes en conviennent. Ce n'est pas de moins d'Europe que nous avons besoin, mais de plus d'Europe. Ne donnons pas raison aux terroristes en nous repliant sur nous-mêmes.
Il y a une volonté de contrôle, par les autorités, des mosquées salafistes et radicales, des imams qui prêchent l'intolérance et le rejet de l'autre.
Il y a les réponses humaines, simplement humaines, joyeuses malgré tout, épicuriennes, de ceux qui disent "même pas peur", ceux qui se placent du côté de la vie, qui nous invitent à fréquenter les terrasses de bistrots, les salles de spectacles et de concerts. Les réponses de toutes celles et tous ceux qui continuent à se tenir debout, refusent de se mettre à genoux (1).
Il y a les réponses de ceux qui se rassemblent, se sentent plus que jamais appartenir à une communauté, à une nation (2).
Il y a les réponses qu'on trouve dans les livres, dont les ventes augmentent ces derniers jours: 2084 de Boualem Sansal, Voltaire, ou Paris est une fête d'Ernest Hemingway.
Il y a les réponses des musulmans de France furieux que l'islam soit ainsi dévoyé par des tueurs et qui - enfin - appellent les leurs à protester fermement pour défendre leur religion et empêcher qu'elle soit utilisée à des fins criminelles (3).
Les assassins du 7 janvier pensaient tuer Charlie Hebdo en massacrant une large partie de son équipe. Ils ont ressuscité un journal vieillissant. Ils n'ont jamais imaginé rassembler contre eux et leur barbarie des centaines de milliers de citoyens qui étaient debout dans les rues le 11 janvier.
Ceux du 13 novembre voulaient créer la peur, pousser les habitants à s'enfermer chez eux, diviser les communautés, les monter les unes contre les autres. Ils se sont rangés du côté de la mort, mais la vie leur répond qu'elle est plus forte qu'eux. La lumière est toujours plus forte que l'obscurité, l'intelligence aura toujours raison de la bêtise obscurantiste.
Ces psychopathes sans vision sont morts pour rien. Ils croyaient avoir droit à 70 vierges. Comme le disait un humoriste, les voilà face à 70.000 cierges pour honorer la mémoire de leurs victimes innocentes. Celles-ci ne seront pas mortes pour rien si la France sort plus forte, plus unie et plus intelligente de ces massacres imbéciles.

Oui, nous sommes bienfaisants
             plus que toi, mufti austère,
Et plus que toi tempérants
             dans notre ivresse ordinaire:
Toi tu bois le sang des hommes
             et nous celui de la vigne;
Je te fais juge, examine
             lequel est le plus sanguinaire.
Omar Khayyâm, Cent et un quatrains, traduction de Gilbert Lazard

Un appel à signer: Nous sommes unis
http://noussommesunis.com/?utm_medium=EMAIL&utm_source=CCFD&utm_campaign=NousSommesUnis

(1) http://www.liberation.fr/debats/2015/11/15/on-s-embrassera-en-abominables-pervertis_1413569
A voir et surtout écouter: François Morel dans son billet de ce matin http://www.franceinter.fr
et Sophia Aram dans celui de lundi: 
(2) http://www.liberation.fr/debats/2015/11/15/carnages_1413562

mercredi 18 novembre 2015

Basse politique

Honte sur la droite française qui exploite les attentats de Paris et les drames qu'ils ont suscités pour faire de la politicaillerie, sans respect pour les morts, les blessés et leurs familles et pour le traumatisme ressenti par un pays entier. Il est évident que, face à des terroristes qui partent "au combat" pour y mourir, les pouvoirs publics, de quelque pays et de quelque bord que ce soit, manquent de moyens de lutte.  Face à une situation extrêmement complexe, la droite fait semblant de croire qu'il n'y a que des solutions simples. L'auto-critique lui est étrangère et elle rend le gouvernement responsable de tout, alors qu'il est évident que les responsabilités sont d'abord du côté de Daech qui aura toujours une longueur d'avance sur les forces de l'ordre et les services de renseignement. "L'imagination criminelle des gens libres est faible comparée à celle des tueurs aliénés à une idéologie, écrit Riss. Comme si la seule liberté autorisée par leur idéologie religieuse était celle de tuer." (1)
Du côté politique, les responsabilités, tant en Belgique qu'en France pour ne prendre que ces deux exemples, sont partagées entre tous les partis qui ont exercé le pouvoir ces vingt dernières années. Qui en France a supprimé la police de proximité? Qui a fait preuve de laxisme vis-à-vis des mosquées? L'ancien président de la République. Qui peut penser que le passage en prison ne rend pas plus dangereux de petites frappes? Cette droite arrogante et agressive n'a aucune dignité, mais ses discours simplistes et populistes, qui la placent dans le sillage immédiat de l'extrême droite, sont faits pour plaire à une opinion publique effrayée. Qui pour une bonne part préferera voter pour la fille à papa et ses affidés. Les autres citoyens seront un peu plus dégoûtés de la politique.

En Belgique, certains élus, à gauche, ont préféré fermer les yeux par souci électoraliste sur certaines dérives de l'islam et sa radicalisation. A Molenbeek, on s'indigne, en partie à raison, d'être ainsi pointé comme la base du djihadisme européen, rappelant que Verviers, Vilvoorde ou Antwerpen ont aussi fourni leur part d'apprentis terroristes. Il n'en reste pas moins que des habitants de la commune bruxelloise sont liés à une série de crimes: l'assassinat du commandant Massoud, l'attentat au Musée juif, l'attaque du Thalys, etc. Un ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE (France) expliquait  hier (2) que Molenbeek "a été administrée pendant vingt ans par un maire qui a fait toute sa carrière sur le vote musulman de sa commune". Philippe Moureaux, c'est de lui qu'il s'agit, considère n'avoir aucune responsabilité dans ce qui se passe aujourd'hui: de son temps, dit-il (3), il n'y a eu à Molenbeek aucun problème de terrorisme. Mais rien ne va plus depuis trois ans que les libéraux sont au pouvoir dans sa commune, affirme-t-il avec la suffisance qu'on lui connaît.

Tant que les responsables politiques agiront en irresponsables et perdront du temps et une bonne part de leur dignité en disputes de cours de récréation, les terroristes auront tout le loisir de continuer à agir. Triste spectacle!

(1) Charlie Hebdo, 18 novembre 2015.
(2) dans l'émission "28 minutes" sur Arte, 17 novembre 20115:
http://www.arte.tv/magazine/28minutes/fr/gilles-kepel-les-annonces-de-hollande-28minutes
(3) RTBF, Journal, 15 novembre 2015, 19h30.
http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/18/radicalisation-le-cocktail-molenbeekois_4812301_4809495.html

vendredi 3 juillet 2015

La démocratie de l'horreur

A peine l'été est-il là qu'il se montre impitoyable. Il faut dire que c'est le mois du ramadan dont il faut faire "un mois de désolation," disent les terroristes du pseudo Etat islamique. Ils appellent à tuer les impies. Qui sont très nombreux. Certains de leurs affidés s'y sont mis, en Tunisie, au Koweit, en France. Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. Mais Dieu est aveugle. Tout autant que la justice. Elle peine à distinguer les candidats au djihad, tant ils ont aujourd'hui des profils divers. "On a des jeunes faiblement radicalisés, explique le juge d'instruction Marc Trévidic (1), qui suivent un effet de mode, trois-quatre mois d'embrigadement et puis on veut aller faire la guéguerre. Après, il y des gens qui ont un fond doctrinal plus important. Et puis, il y a toutes ces femmes - on n'en voyait pas de femmes dans nos cabinets. Il y a des mineurs aussi. Sur un plan psychologique, on voit pas mal de déséquilibrés. Le djihad attire tout le monde: des gens qui sont convaincus, des paumés, des déséquilibrés, des gens qui ont envie d'être violents, de faire la guerre. Le djihad, la religion, un peu comme l'alcool, ça désinhibe. On peut laisser libre cours à sa violence parce qu'on est légitimé par quelque chose."
On voit par là que le djihad est une chance pour tous, surtout pour les fous de Dieu, ou d'eux-mêmes. Et un enfer pour les autres.

A lire à ce sujet:
http://www.liberation.fr/societe/2015/07/02/les-mauvais-geniesdu-jihad-francais_1342038

(1) vice-président du pôle antiterroriste au Tribunal de grande instance de Paris, dans le "7-9" de France Inter, ce 3 juillet 2015.

mardi 27 janvier 2015

Comprendre (essayer de)

Les massacres perpétrés au siège de Charlie Hebdo et dans une épicerie casher ne cessent de susciter commentaires et analyses. Pour détourner tant de jeunes de la tentation djihadiste, il faut sortir les banlieues du désespoir. Les monumentales (c'est le cas de le dire) erreurs architecturales et urbanistiques commises dans les années '60-'70, le chômage endémique, les discriminations à l'embauche, les trafics qui permettent à des jeunes de gagner en une journée autant que ce que gagnent leurs parents en un mois, toutes ces causes doivent être combattues fermement et des moyens doivent être mobilisés pour ce faire. Mais elles n'expliquent pas tout. On aimerait bien que les choses soient simples à comprendre. Elles ne le sont jamais. Il faut donc entrer dans leur complexité. C'est fatigant.

Les djihadistes occidentaux ne sont pas tous - loin s'en faut - des jeunes qui peuvent prétendre avoir été rejetés par la société. "On a vu récemment que des profils très différents étaient concernés par les départs en Syrie, dit Philippe Faucon, réalisateur du film La Désintégration, et ne correspondaient pas forcément à ce portrait habituellement fait du djihadisme français: Jeunes issus de l'immigration en pertes de repères. (0)"
Dans la région de Montargis, deux frères sont partis faire le djihad. Leur entourage se dit sidéré. L'un était étudiant, l'autre vendeur dans une boutique (1). Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amedy Coulibaly, avait un emploi. Sur des photos, on peut, paraît-il, les voir tous deux en vacances, elle en bikini, "elle a les cheveux lâchés et des lunettes de starlette" (2). Ce qui ne l'empêchera pas de revêtir, peu après, le niqab, le voile intégral des salafistes. Les frères Belhoucine, qui ont emmené Hayat Boumeddiene en Syrie juste avant les crimes commis par Coulibaly, semblaient eux aussi "intégrés". Mohamed, l'aîné, avait accédé aux études supérieures (l'Ecole des Mines où il a choisi comme thème de recherche, en première année, "la correction de la trajectoire d'un missile"!)  et, après avoir flirté avec l'islamisme, était employé par la mairie d'Aulnay-sous-Bois, où il aidait les jeunes en difficulté scolaire. Son frère Mehdi était, dit-on, un "étudiant brillant" (3).

Les frères Kouachi ont commis le lâche massacre de Charlie Hebdo pour venger le Prophète, ont-ils déclaré. Est-ce en son nom que Chérif Kouachi visionnait et stockait sur son ordinateur des images pédopornographiques très violentes (4)?
Il y a aussi tous ces jeunes, très croyants, voire dévots, choqués par les caricatures du Prophète qui estiment que "il n'y a rien de pire qu'être athée". C'est même pire, visiblement, que "délinquant et trafiquant de drogue", comme ils se présentent eux-mêmes (5). On s'interroge sur leurs valeurs, sur leurs notions de bien et de mal.
Mais les musulmans, les vrais, n'ont rien, mais alors rien du tout, à voir avec ces dérives radicales et violentes. "Fréquenter une mosquée, ce n'est pas se radicaliser, affirme l'imam de Montigny-les-Corneilles (Val d'Oise), c'est exactement le contraire: c'est apprendre, connaître, s'élever. (6)". Il a cependant dû quitter Cergy-Pontoise "où la communauté des fidèles était, dit-il, sous l'influence rétrograde de l'Arabie saoudite, on lui reprochait  ses opinions différentes, et notamment de donner trop de place à la femme dans ses prêches. La femme est une honte pour eux, dit-il." On croit donc pouvoir comprendre que toutes les mosquées n'aident pas à comprendre, à connaître et à s'élever. 

L'Arabie saoudite, parlons-en: "Le jour où les pays occidentaux arrêteront d'entretenir des liens  avec l'Arabie saoudite ou le Qatar, ils auront une crédibilité à mes yeux", affirme le journaliste (français et vivant en Algérie) Kamel Haddar. Qui vend des armes à Daech? Qui a financé le terrorisme au Nigéria, au Moyen-Orient? Les terroristes se nourrissent au sein des wahhabites. Que les pays occidentaux en tirent les conséquences. (7)." Et qui a été, ces derniers jours, se recueillir devant la dépouille du roi saoudien Abdallah? La plupart des chefs d'Etat qui entendent faire la guerre à Daech, à Boko Haram et au radicalisme islamique (8). "Comment pouvons-nous continuer à considérer l'Arabie saoudite comme un pays ami?, demande Hind Meddeb, alors qu'elle rémunère depuis les années 1960 des prêcheurs qui vident l'islam de sa spiritualité et réduisent le Coran à un un mini-kit halal/haram de lois à respecter, au mépris de sa civilisation et de son histoire? (9)"

De toute façon, ces attentats sont des complots des services secrets français ou des Américains ou des Juifs ou de tous ceux-là ensemble, laissent entendre sur Internet (qui n'en demande pas tant) des fous furieux qui ont tout compris et vomissent leur bêtise, semblant oublier (ou ne pas vouloir voir) qui sont les victimes.
"Il y a ce point commun entre Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, dit encore Philippe Faucon, c'est la haine à l'encontre d'Israël, généralisée à tous les juifs. Le ressentiment de chacun vis-à-vis de la société française ayant été probablement récupéré, exacerbé, téléguidé de façon meurtrière, pour des motifs géostratégiques. (0)"
Si le conflit israélo-palestinien trouvait enfin une solution, tout le monde se calmerait, entend-on dire. On ne demande que cela. Ce qui ne semble pas être la position de nombreux protagonistes. Là-bas comme ici. Chaque fois qu'Israël repart en guerre contre les Palestiniens, on déplore les agressions dont les Juifs sont victimes dans nos pays, de la part de gens qui confondent Juifs, Israéliens et  gouvernement israélien. Mais qui vient en France consoler des Juifs qui ont perdu des proches? Le premier ministre israélien. Et il en profite pour inviter les Juifs de France à s'exiler dans son pays, où ils seront mieux protégés. Où les accueillera-t-il? Selon toute probabilité, dans de nouvelles colonies de peuplement, créées sur des terres volées aux Palestiniens. On voit par là que l'attitude de Nethanyaou n'aide pas plus que les actes violents des djihadistes à trouver une solution à ce conflit qui serait, nous dit-on, à la base de tant d'autres à travers la planète.

On le voit, le monde n'est pas facile à comprendre. Nous ne sommes ni dans "La Guerre des étoiles" ni dans Tintin. Il n'y a pas les bons et les méchants, il y a plein de gens gris, flous, incohérents et la compréhension réclame un certain sens de la nuance. Reste qu'il est tellement plus facile de s'envoyer à la tête des clichés, des injures, des imprécations, des explications simplistes et des solutions toutes faites. 
Résumons-nous: rien n'est simple.

(0) Il n'y a pas de profils types, L'Obs, 22 janvier 2015.
(1) France 3 Centre, Journal, 22 janvier 2015, 19h.
(2) La fugitive, L'Obs, 22 janvier 2015.
(3) Ses complices de l'ombre, L'Obs, 22 janvier 2015.
(4) Comment Chérif Kouachi s'est rendu invisible, L'Obs, 22 janvier 2015.
(5) Des banlieues divisées, The Daily Beast (N.Y.), 13 janvier 2015, in Le Courrier International, 22 janvier 2015.
(6) La journée d'un imam du "juste milieu", L'Obs, 22 janvier 2015.
(7) J'étais un sale Arabe, mais je suis français, L'Orient-Le Jour (Beyrouth), 16 janvier 2015, in Le Courrier International, 22 janvier 2015.
(8) http://deredactie.be/cm/vrtnieuws.francais/Politique/1.2220151
(9) "C'est à l'Islam de s'adapter à l'Europe", L'Obs, 22 janvier 2015.

Sur l'Arabie saoudite, écouter (et voir!) l'excellent billet de Sophia Aram hier matin sur France Inter:
www.huffingtonpost.fr/2015/01/26/sophia-aram-burqa-france-inter-replay-video-abdallah-arabie-saoudite_n_6544970.html?utm_hp_ref=france

dimanche 25 janvier 2015

Les djihadistes du Standard

L'apostasie existe aussi dans le milieu du football. Le joueur qui a le culot de changer d'équipe ne mérite rien d'autre que la mort, estiment de nombreux supporters du Standard de Liège, à travers des calicots inspirés des pratiques et des images des djihadistes (1).
Si on ferme des cinémas, des salles de spectacle et d'expos par crainte d'attentats, qu'attend-on pour fermer ces stades de foot qui puent la haine et la violence?

(1) www.lesoir.be/767600/article/sports/football/2015-01-25/supporters-du-standard-accueillent-defour-par-une-mise-mort-photos
www.lesoir.be/767725/article/debats/editos/2015-01-25/standard-anderlecht-pire-du-football-belge-en-90-minutes