mercredi 18 novembre 2015

Basse politique

Honte sur la droite française qui exploite les attentats de Paris et les drames qu'ils ont suscités pour faire de la politicaillerie, sans respect pour les morts, les blessés et leurs familles et pour le traumatisme ressenti par un pays entier. Il est évident que, face à des terroristes qui partent "au combat" pour y mourir, les pouvoirs publics, de quelque pays et de quelque bord que ce soit, manquent de moyens de lutte.  Face à une situation extrêmement complexe, la droite fait semblant de croire qu'il n'y a que des solutions simples. L'auto-critique lui est étrangère et elle rend le gouvernement responsable de tout, alors qu'il est évident que les responsabilités sont d'abord du côté de Daech qui aura toujours une longueur d'avance sur les forces de l'ordre et les services de renseignement. "L'imagination criminelle des gens libres est faible comparée à celle des tueurs aliénés à une idéologie, écrit Riss. Comme si la seule liberté autorisée par leur idéologie religieuse était celle de tuer." (1)
Du côté politique, les responsabilités, tant en Belgique qu'en France pour ne prendre que ces deux exemples, sont partagées entre tous les partis qui ont exercé le pouvoir ces vingt dernières années. Qui en France a supprimé la police de proximité? Qui a fait preuve de laxisme vis-à-vis des mosquées? L'ancien président de la République. Qui peut penser que le passage en prison ne rend pas plus dangereux de petites frappes? Cette droite arrogante et agressive n'a aucune dignité, mais ses discours simplistes et populistes, qui la placent dans le sillage immédiat de l'extrême droite, sont faits pour plaire à une opinion publique effrayée. Qui pour une bonne part préferera voter pour la fille à papa et ses affidés. Les autres citoyens seront un peu plus dégoûtés de la politique.

En Belgique, certains élus, à gauche, ont préféré fermer les yeux par souci électoraliste sur certaines dérives de l'islam et sa radicalisation. A Molenbeek, on s'indigne, en partie à raison, d'être ainsi pointé comme la base du djihadisme européen, rappelant que Verviers, Vilvoorde ou Antwerpen ont aussi fourni leur part d'apprentis terroristes. Il n'en reste pas moins que des habitants de la commune bruxelloise sont liés à une série de crimes: l'assassinat du commandant Massoud, l'attentat au Musée juif, l'attaque du Thalys, etc. Un ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE (France) expliquait  hier (2) que Molenbeek "a été administrée pendant vingt ans par un maire qui a fait toute sa carrière sur le vote musulman de sa commune". Philippe Moureaux, c'est de lui qu'il s'agit, considère n'avoir aucune responsabilité dans ce qui se passe aujourd'hui: de son temps, dit-il (3), il n'y a eu à Molenbeek aucun problème de terrorisme. Mais rien ne va plus depuis trois ans que les libéraux sont au pouvoir dans sa commune, affirme-t-il avec la suffisance qu'on lui connaît.

Tant que les responsables politiques agiront en irresponsables et perdront du temps et une bonne part de leur dignité en disputes de cours de récréation, les terroristes auront tout le loisir de continuer à agir. Triste spectacle!

(1) Charlie Hebdo, 18 novembre 2015.
(2) dans l'émission "28 minutes" sur Arte, 17 novembre 20115:
http://www.arte.tv/magazine/28minutes/fr/gilles-kepel-les-annonces-de-hollande-28minutes
(3) RTBF, Journal, 15 novembre 2015, 19h30.
http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/article/2015/11/18/radicalisation-le-cocktail-molenbeekois_4812301_4809495.html

Aucun commentaire: