lundi 14 février 2011

Il y a étranger et étranger

On l'a vu et entendu: des habitants de Herbeumont n'apprécient pas qu'un centre d'accueil de réfugiés occupe désormais l'ancien village de vacances installé chez eux (1).
Voilà à présent que le Shape s'inquiète lui aussi pour des raisons semblables: l'hôtel Maisières qui lui fait face, à Casteau à deux pas de Mons, pourrait désormais être transformé en centre d'accueil pour 250 demandeurs d'asile et une trentaine de mineurs non accompagnés. Le Shape (Quartier général des forces alliées en Europe) a exprimé "ses préoccupations sécuritaires à propos de cette situation et de son possible impact négatif sur la communauté du Shape", apprend-on (2). Cette communauté vit - ou en tout cas travaille - derrière des grillages solidement gardés. On n'entre au Shape qu'en montrant patte blanche. C'est le cas de le dire. Cette communauté est, pour l'essentiel, composée d'étrangers venus des vingt-huit pays membres de l'OTAN et de pays partenaires. On est toujours l'étranger de quelqu'un, que l'on soit américain, canadien, français, polonais, suédois ou tchèque. Mais certains étrangers sont plus étrangers que d'autres. Ceux-là sont incapables de montrer patte blanche. Il convient, on le comprend, de s'en méfier: "le Shape demande formellement qu'une estimation de la menace soit établie de façon coordonnée avec les organismes belges traitant des problèmes de sécurité de façon à pouvoir évaluer l'accroissement de la menace potentielle pour le quartier et sa communauté", peut-on lire.
On comprend par là que quand l'hôtel était un hôtel il ne constituait pas une menace. C'est comme le village de vacances de Herbeumont. Les touristes et les chargés d'affaires sont gentils par définition. Les réfugiés sont menaçants. Tout le monde sait cela. On se dit que s'ils sont si menaçants, c'est sans doute une bonne idée de les installer face à des militaires, plutôt qu'au coeur d'un quartier habité par des personnes défavorisées et désarmées. On sent que quelque chose nous échappe.

(1) cf "Il y a trop d'étrangers dans le monde", 03.02.2011 et "Les oiseaux de passage", 06.02.2011
(2) cf LLB, 09.02.2011

1 commentaire:

gabrielle a dit…

C'est bouleversant! Une pensée pour ces pauvres réfugiés du Shape dans leur forteresse militarisée menacés par des hordes d'enfants, de femmes et d'hommes hyper entraînés et déterminés à les attaquer. Shocking vraiment.