vendredi 18 février 2011

Sainte Nitouche

Finalement, ce que Bart De Wever fait le mieux, c'est s'offusquer. Il est parfait dans le rôle de la victime. Dès qu'un négociateur fait un pas, même minime, vers une recherche de compromis, il lui fait un croc-en-jambe. On s'en plaint. La main sur le coeur, il s'indigne, il dit qu'il fait ce qu'il peut, qu'il n'est responsable de rien. C'est pas moi, dit-il, mais que voulez-vous? ce pays est en panne. L'impasse des négociations, selon lui, démontre que ce pays est ingouvernable. Il est facile de dire qu'un compromis est introuvable: il suffit de refuser de le trouver. Ce qu'il a trouvé, c'est une nouvelle occasion de s'offusquer. Les déclarations de Laurette Onkelinx l'ont fâché. Tout rouge. Elle estime que "la NVA est un parti nationaliste et le nationalisme est un cancer qui ronge le pays". Le président de la NVA ne peut l'entendre. Et moins encore l'accepter. L'enfant capricieux n'aime pas la critique. Entend-il le ras-le-bol des jeunes qui se sont manifestés hier à travers tout le pays? De Wever et les flamingants tiennent un vieux discours, celui d'un oude wereld, un monde dépassé qui veut mettre des frontières là où elles disparaissent. Les jeunes de la génération Erasmus et Facebook, qui vivent au quotidien la multiculturalité, ringardisent les nationalistes. Mais De Wever s'en moque. Il fait barrage de son corps. On sent bien qu'il veut aller aux élections. Augmenter encore son score et celui de son parti. Et devenir l'empereur de toutes les Flandre. C'est la marche de l'empereur. Il marche à reculons.

P.S.: Au Journal parlé de la Première (RTBF) à 13h, Eric-Emmanuel Schmidt déclarait que " le nationalisme est une pathologie". De Wever est de ces malades qui nient leur maladie. Ce qui n'aide pas à la soigner.

3 commentaires:

gabrielle a dit…

Personne n'est dupe de la campagne de comm' orchestrée à destination du million et quelques personnes qui ont voté BDW. A chaque déclaration qui n'a pas l'heur de lui plaire, il réagit pour continuer à exister dans les coeurs, les gazettes et les écrans de ses électeurs. De la comm' donc.

Ce qui étonne (et énerve) est qu'une intelligence, dite "supérieure" comme on nous le précise continuellement, puisse brandir à tout bout de champ sa propre vision des choses sans accorder le moindre crédit à celles d'autres, puisse refuser d'avancer depuis des mois en rejetant systématiquement la faute sur les autres, puisse même appeler au boycott de certains médias, sans que personne (ou presque) ne s'en offusque publiquement.

"CaliNéron"(lu sur un blog) fait la pluie et le beau temps.

Michel GUILBERT a dit…

Il est enfin un élu CDV qui prend ses distances avec BDW: dans LLB de ce week-end, Dirk Torfs, sénateur, estime que "il ne faudrait tout de même pas que BDW accapare toute la scène politique avec sa manière de penser! Ce qui est triste, c'est ce climat qui s'installe - et qui risque de devenir irréversible - dans lequel il faut être fanatiquement convaincu du bien fondé de ses propres idées mais tout aussi fanatiquement convaincu de l'ineptie de celles des autres. Aujourd'hui, quand on dit vouloir un compromis, c'est perçu comme de la faiblesse de caractère. Je trouve cela relativement grave. Dans n'importe quel domaine de la vie publique ou privée, il faut des compromis".
Dirk Torfs constate plus loin que l'influence culturelle de BDW, qu'il considère comme très brillant, est énorme. "Sa manière de penser, son cynisme aussi, sont repris par d'autres. (...) Cela risque de conduire à un climat où les compromis sont perçus comme quelque chose de très négatif".
Il est bon de le rappeler: la politique est - n'est que - affaire de compromis. En démocratie en tout cas. Faire de la politique sans compromis, c'est sortir du champ démocratique.

gabrielle a dit…

Il a dit la même chose à "Mise au Point" et on ne peut être que d'accord avec ses déclarations posées et lucides. Quant à savoir s'il s'exprime en nom propre ou au nom de tout son parti...