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lundi 31 mars 2025

Les dégâts de la Marine

La fille à papa a hérité du parti de son père. Elle l'a pris tel quel, tout en essayant de le dédiaboliser, d'en donner une image plus respectable, de laisser croire qu'il était moins raciste, moins antisémite, moins injurieux. Elle en a cependant gardé les pratiques, tout en sachant que certaines étaient illégales. Le FN-RN a toujours craché sur l'Union européenne tout en l'utilisant à son avantage même si c'était au mépris des règles. Lors du procès qui vient de s'achever pour détournement de fonds au Parlement européen, elle et les élus de son parti n'ont marqué aucun regret de n'avoir pas respecté ces règles.
Aujourd'hui, on les entend tempêter : l'inéligibilité décidée de Marine Le Pen et de huit eurodéputés de son parti serait une attaque contre la démocratie. Mais sur quoi repose une démocratie sinon sur des règles ? Elle vacille quand ses dirigeants les modifient à leur avantage. Comme Erdogan qui emprisonne ses opposants pour essayer de gagner des élections qu'il s'attend à perdre. Comme Ubu Trump qui envisage déjà deux mois après le début de son second mandat d'en faire un troisième, ce que lui interdit la Constitution américaine. Quand on entend Poutine et Orban venir au secours de la fille à papa, on n'arrive pas à croire que c'est la démocratie qui est en danger, mais plutôt l'autocratie. Savoir qu'il existe une justice et qu'elle fait respecter les lois est rassurant et fait précisément croire en la démocratie.
"Tête haute, mains propres", disaient-ils. Aujourd'hui, ils baissent la tête, les yeux sur leurs mains sales. 

vendredi 10 juin 2022

Autant savoir

La NUPES, ce rassemblement des gauches françaises, le reconnaît : elle n'a pas réglé en son sein les questions internationales. Les partis qui la composent ont parfois des positions diamétralement opposées sur l'Union européenne, sur l'OTAN ou sur les régimes autocratiques. Ces derniers ont toujours été protégés par La France dite insoumise (mais pas à l'autorité). 

Schams El Ghoneimi, conseiller politique du groupe Renew au Parlement européen, rappelle l'attitude bienveillante qu'a souvent eue la France insoumise :
"J’ai négocié, dit-il, en novembre 2021 la résolution avec Nathalie Loiseau sur les mercenaires du groupe Wagner, à 100% contrôlé par Poutine, responsable d’atrocités en Syrie, en Ukraine, en RCA, en Libye, au Mali. Les Verts et le PS l'ont soutenue, mais LFI s’est abstenue et a boycotté les négociations. Seuls LFI et le RN ont refusé de co-signer la résolution dénonçant le groupe Wagner.
En décembre 2021, LFI a voté carrément contre la résolution sur la situation à la frontière ukrainienne, avec le RN bien sûr. Les Verts, le PS, les centristes et LR ont voté pour ce texte qui dénonçait des signaux militaires très inquiétants de Poutine, deux mois avant l’invasion. LFI a refusé de co-signer la résolution sur la frontière ukrainienne qui, en son point 1, affirmait que  “Le Parlement européen soutient l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l'Ukraine.".  
Février 2022 la majorité de LFI s’est abstenue sur la résolution condamnant la peine de mort en Iran, alors que plusieurs Français innocents (chercheurs, touristes) y risquent leur vie en prison.
En septembre 2021, LFI s’est abstenue (tout comme le RN) sur la résolution proposée par @GrudlerCH sur la corruption au Liban. Car la “responsabilité particulière du Hezbollah dans la crise" y est clairement dénoncée, ainsi que la responsabilité d'Assad dans la crise des réfugiés syriens : inacceptable pour LFI, car le régime syrien et le Hezbollah sont pro-Iran, pro-Poutine, anti-USA. 
En janvier 2021 la majorité de LFI s’est abstenue (tout comme le RN) sur la résolution dénonçant la répression à Hong Kong. Inacceptable de demander la libération immédiate de militants pacifistes et de journalistes, car c’est critiquer la Chine, que Mélenchon soutient car son régime est anti-USA." 

Dans le reportage dessiné qu'il consacre au meeting qu'a tenu Le MélenChe dans le 11e arrondissement de Paris (1), Foolz constate que le gourou de la NUPES s'est abstenu de dire le moindre mot à propos de l'Ukraine.
" Mélenchon, bien qu’ayant rectifié son discours après le 24 février, reste fondamentalement un sympathisant de Moscou, constate Alla Lazareva, correspondante de Oukraïnsky Tijden  (2). Il faut cependant admettre que pour les Verts et les socialistes, la survie de leur propre force politique est plus importante que le droit à la liberté, l’égalité et la fraternité pour lequel meurent aujourd’hui les Ukrainiens, et pas les Français. La guerre a fait remonter cette vérité à la surface.
La journaliste est amère et a bien le droit de l'être. "S’ils scrutent de près les symboles imprimés sur les tee-shirts des combattants du régiment Azov [unité nationaliste ukrainienne fondée par des militants d’extrême droite et régulièrement désignée comme nazie par la propagande russe], les Français se pardonnent aisément leurs 42 % en faveur de Le Pen au second tour de la présidentielle, et le soutien massif en faveur de Mélenchon de la part de la gauche modérée. Ils n’ont pas, vis-à-vis de leur propre radicalisme, les mêmes exigences que vis-à-vis de celui, supposé, des Ukrainiens, en dépit du fait que l’Ukraine se défend contre une agression armée directe, alors que la France, elle, a la chance de vivre sous un ciel pacifique. Une des causes de cette exigence sélective, c’est le caractère de la radicalisation électorale dans cette Gaule bénie. Elle a pour origine la colère face à la fin d’un certain confort, le sentiment d’un bien-être menacé, la peur et l’incertitude face à l’avenir. Le rêve impérial n’a pas été totalement éradiqué par la république. L’agression russe est comme un miroir magique déformant dans lequel bon nombre de Français redoutent de plonger le regard, de peur de s’y voir."

(1) Charlie Hebdo, 8.6.2022.
(2) https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-kiev-au-moment-de-voter-la-france-oublie-l-ukraine

mardi 19 avril 2022

Ets Le Pen, magouilles en tout genre (Maison fondée en 1972)

La fille à papa est la candidate du pouvoir d'achat. Elle connaît le sujet, elle est proche des petites gens. Elle qui a toujours eu des fins de mois difficiles. Jugez un peu : elle ne gagnait mensuellement qu'une dizaine de milliers d'euros pour siéger de temps à autre au Parlement européen. Elle a toujours figuré parmi les plus mauvais élèves de la classe. L'exemple est venu d'en haut. Son cher papa y était surtout connu pour son absentéisme. Mais tous deux ont bien profité de la fonction à des fins personnelles et partisanes. 

Mediapart révèle (1) que " la justice française a été saisie mi-mars d’un rapport accablant de l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) de l’Union européenne (UE). Le document vise en effet personnellement la candidate du Rassemblement national (RN), l’accusant d’avoir détourné l’argent public du parlement de Strasbourg quand elle y a siégé en tant que députée entre 2004 et 2017. "
Le rapport est solide - 116 pages - et est  siglé « sensible ». L’Olaf y préconise le remboursement par Marine Le Pen, à titre personnel, de la somme de 136 993,99 euros, correspondant à différents détournements de fonds qui lui sont imputés par l’organisme anti-fraude. Elle n'est pas la seule de son parti à se faire épingler. "Outre Marine Le Pen, trois autres ex-députés européens – son père Jean-Marie Le Pen, son ancien compagnon Louis Aliot et Bruno Gollnisch, membre du bureau national du RN –, ainsi que le groupe parlementaire d’extrême droite Europe des nations et des libertés (ENL), sont directement mis en cause par l’Olaf. Le montant total des sommes réclamées s’élève exactement à 617 379,77 euros." Les conclusions du rapport de l’Olaf "sont assassines pour Marine Le Pen et son clan, qui revendiquent pourtant depuis des années le vieux slogan maison : Mains propres et tête haute." L’Olaf, poursuit Mediapart, a conclu que le comportement des quatre anciens députés du Parlement européen (Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch, Marine Le Pen et Louis Aliot) "a mis en péril la réputation des institutions de l’Union", peut-on lire dans le rapport.

Ce qu'on leur reproche : d’abord d’avoir détourné des fonds publics européens du fameux « budget 400 » à des fins de politique nationale.
"Parmi les exemples : 23 100 euros d’objets promotionnels (sacs, stylos, porte-clés, etc.) livrés au siège du parti et qui « semblent avoir été achetés pour le congrès du FN à Lyon », en 2014 ; 4 107 euros de bouteilles de Beaujolais distribuées par Bruno Gollnisch au même congrès (comme l’attestent des photos) ; la demande (rejetée) de remboursement concernant des frais liés à la venue à ce congrès d’une « experte », qui était en réalité une prestataire d’eurodéputé·es ; des virements, entre 2012 et 2014, d’une autre société prestataire à l’association « Groupe des droites européennes » (GDE) « à des fins politiques » (ces fonds auraient notamment servi, d’après l’ex-assistant de Marine Le Pen, à rémunérer des proches du parti, tels que son garde du corps – ce qui « surprend » Marine Le Pen, qui fait valoir qu’il était déjà rémunéré comme assistant parlementaire)."
En 2018, la candidate du RN avait déjà été mise en examen pour « détournements de fonds publics » dans le dossier de ses assistants parlementaires européens. "Marine Le Pen est soupçonnée d’avoir fait travailler pour le compte de son parti des collaborateurs payés par l’argent public européen, normalement au service exclusif du parlement de Strasbourg. Dans ce dossier, le Parlement européen, sur la base d’un premier rapport de l’Olaf, lui avait déjà réclamé en 2016 le remboursement de 339 000 euros de fonds, considérés comme le fruit d’une malversation."
Le père Le Pen, lui, a rempli sa cave à (grands) vins aux frais du Parlement européen, des conflits d'intérêts ont été dénoncés, des sommes ont été utilisées pour des services jamais créés ou des réunions fictives organisées. Bref, le parti a les mains bien plus sales qu'il ne l'affirme. A la lecture de l'article, très documenté, de Mediapart, on se rend compte que le RN dénonce un système dont il use et abuse à des fins personnelles et qu'il passe son temps à piller.  

Il y a cinq ans, peu avant l'élection présidentielle de 2017, voici ce que j'écrivais sur ce même blog (2) :

Celle qui caracole en tête, c'est Marine Le Pen, la candidate anti-système qui a pu faire ses premières armes en politique en étant employée par son père qui lui a ensuite légué son parti. Grâce à son nom, elle a été élue au Parlement européen où elle est classée parmi les plus mauvais élèves pour manque d'assiduité. Elle collectionne les casseroles :
- Le Parlement européen lui reproche de ne pas avoir respecté ses règles et d'avoir employé des assistants parlementaires comme conseillers pour son parti ou comme garde du corps. Mais il faut dire qu'elle a été initiée par papa à ces pratiques: dans les années '90, ses enfants ont eu comme baby-sitter une assistante parlementaire d'un élu européen du F.N. (3)
- Quasiment toutes les campagnes du FN menées depuis qu'elle a pris la succession de son père font l'objet d'instructions judiciaires pour "escroqueries", "recels d'escroquerie", "abus de biens sociaux", "recels d'abus de biens sociaux" et "blanchiment". Son micro-parti Jeanne se serait enrichi de 9 millions d'euros sur le dos de l'Etat.
- L'agence russe d'assurance des dépôts bancaires réclame au F.N. le remboursement de neuf millions d'euros que le parti avait obtenu auprès d'une banque qui a fait faillite. Un prêt qui alimente les soupçons d'accointances entre le parti d'extrême droite et la Russie de Poutine.
- La Haute autorité pour la transparence de la vie publique mène une enquête sur Marine Le Pen et son père pour "sous-évaluation manifeste de certains actifs" que détiennent en commun  père et fille.
Ce parti anti-système sait comment profiter de celui-ci et aime, plus que les autres, l'argent. Ce qui n'empêche pas sa présidente d'être la préférée des Français, donnée en tête du premier tour à 25-26%.
Les électeurs sont comme des supporters de sportifs. Leurs champions ont le droit de tricher, de truquer des compétitions, de se doper, pourvu qu'ils les fassent rêver. Mais les autres qui en feraient tout autant doivent être éliminés radicalement. C'est ce qu'on appelle des fans. Des fanatiques.
Que voit-on par là? Que la démocratie représentative élective ne repose pas sur la raison. Qui peut encore croire que les électeurs mettent l'honnêteté (financière et intellectuelle) en tête des valeurs qu'ils s'attendent à voir respectées au premier chef par leurs élus?

Emmanuel Macron a été ou s'est enfermé dans une caricature de "président des riches". Et Marine Le Pen essaie de se faire passer pour la candidate des pauvres. Pauvre petite fille riche (4) et enrichie frauduleusement. 

(1) https://www.mediapart.fr/journal/france/160422/argent-public-un-rapport-accuse-marine-le-pen-de-detournements-la-justice-saisie
(2) Extrait de "Gens honnêtes et honnêtes gens", 17.2.2017.
(3) Le baby-sitting, c'est le Parlement européen qui le lui a payé, avec mes indemnités!, avait déclaré Jean-Claude Martinez à Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Ils m'ont fait engager Huguette Fatna, la marraine des enfants, comme assistante parlementaire... Mais à l'époque, le Parlement européen, elle ne savait pas où ça se trouvait, elle n'y venait jamais. Par contre, elle passait son temps à garder les enfants de Marine!" ("Marine Le Pen - biographie", Grasset, 2011, p. 120)
(4) (Re)lire sur ce blog : "Pauvre petite fille riche", 17.4.2014.

jeudi 19 avril 2018

Absences

La démocratie représentative élective a ceci (notamment) de désespérant que si vous êtes dans l'opposition vous devez absolument critiquer vertement tout projet ou toute attitude de la majorité. Quitte à nier la vérité jusqu'à en être ridicule. C'est ce que vient de faire Rachida Dati, députée européenne de droite. Invitée ce mercredi matin sur France Inter, elle interrompt agressivement l'éditorialiste qui évoque l'accueil chaleureux qu'a reçu Emmanuel Macron la veille au Parlement européen. Discours très applaudi sur la plupart des bancs, disait-il. "Vous y étiez?, lui demande-t-elle. Eh bien, moi, j'étais dans l'hémicycle. Il n'a pas été du tout ni ovationné, ni super-applaudi." Mais si, lui rétorque le journaliste qui a assisté à la télé à la rencontre: "beaucoup d'applaudissements du PPE, du PSE..." 
"Vous n'y étiez pas, le coupe Rachida Dati, alors je vous invite à regarder en replay les réactions à son discours." Ce que s'est empressé de faire France Inter en demandant à Quentin Dickinson, son spécialiste des questions européennes, à quoi il a assisté (1). "Emmanuel Macron est resté dans l'hémicycle pendant trois heures. C'est sans précédent, explique-t-il. Il aura été interrompu huit fois par des salves d'applaudissements, dont deux ovations debout. En dehors des élus d'extrême droite, tous les groupes ont salué le propos ou la performance." 
Comment se fait-il alors que Rachida Dati n'ait pas assisté aux mêmes réactions? Elle a bien participé aux votes qui ont suivi la prestation du président français, mais si on observe, comme l'a fait Quentin Dickinson, les présences en séance durant les trois heures précédentes, on se rend compte que le fauteuil de l'ancienne garde des sceaux "était le plus souvent inoccupé". 
On ne sait comment qualifier son attitude: stupide? grotesque? suicidaire? en tout cas contre-productive. Certains élus ont l'art de laisser passer les occasions de se taire. Mais peut-être est-ce la mémoire de Rachida Dati qui lui joue des tours, peut-être a-t-elle eu des absences? 

(1) https://www.franceinter.fr/emissions/le-7h43/le-7h43-19-avril-2018

jeudi 8 octobre 2015

Extrême grotesque

Grotesque. Grotesque et pathétique. Comment qualifier autrement la prise de parole de la fille à papa Le Pen au Parlement européen hier face à Angela Merkel et François Hollande? Visiblement très fière de ce qu'elle considère comme un remarquable trait d'esprit, elle a qualifié le président français de "vice-chancelier, administrateur de la province France". Elle a dénoncé la perte de souveraineté de la France au profit de Bruxelles, Berlin et Washington et, une fois encore, fustigé l'accueil de candidats réfugiés. François Hollande lui a répliqué vertement que la souveraineté européenne permettait de lutter contre les souverainismes, les populismes, les extrémismes (1). Le Front national et sa présidente (qui n'arrive pas à échapper à l'atavisme et éructe de plus en plus comme son père) démontrent chaque jour leur incapacité à être de leur temps: perdus dans les mouvements qui agitent la planète, ils ne voient d'autre solution que celle du repli sur soi et du rejet de l'autre . Mais  Marine Le Pen le sait mieux que quiconque, le ridicule ne tue pas, au contraire. Elle a compris que les traits grossiers, les discours simplistes, les attaques perfides rapportent des voix.
C'est ainsi qu'avance l'extrême droite. Car d'extrême droite, elle est bel et bien, quoi qu'elle veuille faire croire et imposer. Hier, la Cour d'appel de Paris a confirmé le jugement rendu précédemment: on ne peut reprocher à Jean-Luc Mélenchon d'avoir qualifié la fille à papa de fasciste. Il faut appeler un chat un chat, dit Mélenchon, suivi par le tribunal (2).
"Pour l'essentiel, c'est vrai, le programme du parti n'a pas changé, écrivait en mai dernier Olivier Bot (3). Peine de mort, préférence nationale, défense de l'identité française menacée par des éléments exogènes, souverainisme économique, gouvernement par référendum. Elles (Marine et Marion Le Pen) font du neuf avec du vieux. Pas antisémites, mais islamophobes. Actionnant les peurs de déclassement de Français modestes, elles désignent elles aussi des boucs émissaires. Comme leur champion électoral, David Rachline, quand il mène la vie dure au social et au culturel tel que les maires de la génération Le Pen (Jean-Marie) l'ont fait avant lui."
Tel Robert Ménard qui déteste les journalistes, les insulte, refuse de les recevoir. Qui, parce qu'il déteste les humoristes, a refusé (c'était le 11 mai dernier), la présence sur le plateau du Grand journal de Canal+, où il était invité, de l'humoriste Yassine Belattar (4). Qui trafique à la nord-coréenne une photo de l'AFP pour susciter ce qu'il cherche: la peur et le rejet (5).
Aujourd'hui, la tante et sa nièce sont considérées comme de potentielles présidentes de Régions. L'une est députée européenne, l'autre députée à l'Assemblée nationale et toutes deux membres d'un parti qui fustige le cumul des mandats pratiqué par les élus des autres partis, tant honnis par l'extrême droite. Mais le Front national est au-dessus des règles. Ou plutôt il a les siennes: l'arbitraire, l'autocratie, la suffisance, le mépris pour les règles et pour les gens.

Post-scriptum: bonne réaction de Frédéric Cuvillier à l'intervention de Marine Le Pen, la bobo parisienne:
http://www.huffingtonpost.fr/frederic-cuvillier/marine-le-pen-parlement-europeen_b_8263656.html?utm_hp_ref=france

(1) http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/07/le-pen-hollande-le-clash-face-a-merkel_1399339
(2) http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/07/pour-la-justice-jean-luc-melenchon-peut-qualifier-marine-le-pen-de-fasciste_1399043
(3) La sortie du Zebulon, Olivier Bot, La Tribune de Genève, 4 mai 2015, in le Courrier international, 13 mai 2015.
(4) L'extrême droite défiée par le rire, Télérama, 27 mai 2015.
(5) http://www.lalibre.be/actu/international/ils-arrivent-la-couverture-du-journal-de-beziers-fait-polemique-l-afp-enrage-55f141023570b0f19e8823ee
E pour rire:
http://www.liberation.fr/politiques/2015/06/02/le-fn-developpe-son-sens-des-collectifs_1321337

mardi 17 mars 2015

C'est trop injuste

On lui en veut, c'est sûr, au parti de la famille Le Pen. Voilà ses députés européens accusés de faire travailler leurs assistants pour le parti plutôt que pour eux, alors qu'ils sont payés par le Parlement européen qui interdit de telles pratiques. Vingt emplois fictifs seraient concernés, pour un montant de sept millions d'euros. Il pourrait y avoir détournement de biens publics et faux et usage de faux (1). La fille à papa proteste: c'est la proximité des élections départementales qui explique ces accusations. Elle serine son même vieux discours de victime, elle n'en a pas d'autre. Elle hurle au moindre pas de travers des autres partis, mais la donneuse de leçons adapte les règles à sa façon. Et qu'on ne lui en parle pas: elle refuse de répondre aux journalistes qui l'interrogent à ce propos (2).
Encore faudrait-il savoir qui sont ces assistants parlementaires et quelles sont réellement leurs tâches. Au FN, on a le sens de la famille, on aime donner du boulot aux copains... Jean-Claude Martinez, qui fut vice-président du FN et député européen avant de se brouiller avec les Le Pen, le confirmait. Il parle du baby-sitting des enfants de Marine Le Pen: "Le baby-sitting, c'est le Parlement européen qui le lui payé, avec mes indemnités! Ils m'ont fait engager Huguette Fatna, la marraine des enfants, comme assistante parlementaire... Mais à l'époque, le Parlement européen, elle ne savait pas où ça se trouvait, elle n'y venait jamais. Par contre, elle passait son temps à garder les enfants de Marine!" (3) Cette version est contestée par H. Fatna, selon les journalistes qui ont recueilli ce témoignage: "A l'en croire, elle ne venait que lorsque la nounou n'en pouvait plus. Néanmoins, dans son livre, Marine Le Pen laisse entendre que sa grande amie venait tous les soirs pendant l'année maudite, juste après la naissance de ses jumeaux."
De toute façon, à quoi peut bien servir l'assistant parlementaire d'un député qui ne travaille pas? Durant la législature 2009-2014, les Le Pen père et fille n'ont produit en tant que députés européens aucun rapport, aucune question parlementaire, aucun avis rédigé, aucun amendement, aucune déclaration écrite. Juste une motion signée par le père et quatre par sa fille (4). Et puis si l'assistant est une assistante sa place n'est-elle pas à la maison? C'est Luz qui le rappelle (5): pendant la présidentielle de 2012, la présidente de père en fille a déclaré que "le progrès pour les femmes, c'est de rester à la maison". Avouons-le, pour une fois, on est un tout petit peu d'accord avec elle: le progrès pour la France, ce serait qu'une femme reste à la maison.

(1) France Musique, Journal, 10 mars 2015, 8h30.
(2) http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2015/03/11/florian-philippot-de-toute-votre-carriere-je-ne-vous-parlerai-jamais
(3) entretien de C. Fourest et F. Venner avec J.C. Martinez, 14 mars 2011, in "Marine Le Pen", Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Grasset, 2011 (p.120).
(4) www.lepoint.fr/politique/a-l-ombre-des-absenteistes-du-parlement-europeen-11-04-2013-1653486_20.php
http://term7.votewatch.eu/en/activity-statistics.html (p. 40)
(5) Charlie Hebdo, 11 mars 2015
www.elle.fr/Societe/Interviews/Le-FN-est-il-anti-feministe-2688502

mercredi 25 juin 2014

Les belles histoires de Marraine Lapine

Voici l'histoire de Marraine Lapine. Elle n'a pas eu de chance dans la vie. Elle a un papa bouledogue  (oui, la nature est parfois bizarre) qui est méchant. Il n'aime pas les autres, tous ceux qui ne sont pas bouledogues ou lapins. Il aboie tellement fort que beaucoup de gens évitent de s'approcher de lui.
Mais Marraine Lapine n'est pas comme son papa. Elle est très gentille. D'ailleurs, elle a tout plein de filleuls qui l'aiment beaucoup.
Elle aurait voulu s'associer avec d'autres familles d'autres pays pour être un tas de chouettes copains et gagner tous ensemble de l'argent. Mais elle n'a pas voulu faire équipe avec des loups. Elle a essayé de discuter avec eux, mais elle s'est rendu compte qu'ils avaient de grandes dents. Plus grandes que les siennes à Marraine Lapine. Alors, elle a dit : tant pis, on ne fera pas une chouette grande famille. C'est parce qu'elle a le sens du sacrifice. Elle a fait sa B.A., sa bonne action. C'est bien la preuve que Marraine Lapine est gentille et que ceux qui disent le contraire sont des menteurs.

Lire:
http://rue89.nouvelobs.com/2014/06/25/groupe-parlement-europeen-marine-pen-a-fait-sacrifice-253187
www.lesoir.be/580496/article/actualite/belgique/elections-2014/europeennes/2014-06-24/marine-pen-echoue-former-un-groupe-au-parlement-europeen
http://rue89.nouvelobs.com/2014/06/24/pari-rate-marine-pen-les-nationalistes-saiment-les-uns-les-autres-253153

mercredi 28 mai 2014

Les désespérants partis du désespoir

Le Parlement européen voit donc déferler en son sein une vague. Elle est assez brune et malodorante.
Ce sont des votes de protestation qui y amènent des élus d'extrême droite et de partis populistes, nous dit-on. Les Français avaient le choix entre 25 listes, mais, pour eux, seule celle de la famille Le Pen incarnerait donc cette protestation. On a du mal à le croire. C'est bien d'un vote d'adhésion qu'il s'agit. Dans le village où j'habite, peuplé de quelque 650 habitants, 38% d'entre eux ont voté pour le FN. Les 62 autres % ne comprennent pas. Pourquoi choisir le parti de la haine, du rejet des autres, de la peur, du repli sur soi? Comment confier son avenir au père Le Pen, "milliardaire ancien député poujadiste, ancien compagnon de route de l'OAS, ancien thuriféraire de Vichy, faiseur de bons mots sur les fours crématoires" (1)? Comment faire confiance à un parti qui a promis de faire la chasse aux journalistes, de les "attaquer à mort", de leur "marcher dessus"? C'est le directeur de cabinet de Marine Le Pen qui parle là de "tous ces connards de journalistes institutionnels" (2). Il faut dire qu'Apolline de Malherbe, éditorialiste politique à BFMTV avait eu l'outrecuidance de poser, dans son émission, à la fille à papa Le Pen des questions que celle-ci ne lui avait pas demandé de poser. Ce qui ne se fait pas. Au FN, on n'aime que la presse qui pose de gentilles questions et se couche où on lui dit de se coucher.
Comment croire que le FN va investir dans l'aide sociale? A Fréjus, dirigé depuis peu par le FN, trois structures sociales voient leurs moyens diminuer de 46 à 65%, une décision - sans concertation - de la Ville (3).
"Le vote FN est un suicide", affirme Bernard Maris (1). Le désespoir est-il donc si profond en France?

Il l'est ailleurs aussi visiblement. L'Ukip britannique fait une entrée en force au Parlement européen, "un parti qui parle le langage des comédies populaires télévisées, bourdes racistes comprises" (4). Son leader, Nigel Farage, est charismatique, même si ses électeurs sont censés savoir à qui ils ont affaire: "un ancien banquier, gavé de subventions (il aurait abusé des aides européennes en 2013) qui a été éduqué dans l'enseignement privé. (...) Le fait qu'il retire un salaire confortable de son travail politique, qu'il ne crache sur aucun financement européen payé par le contribuable et qu'il emploie comme secrétaire sa femme n'a pas pénalisé Farage. (...) Farage passe pour un brave filou, en fait, c'est un voyou" (4).
Le dessinateur David Ziggy Greene relate (5) quelques déclarations publiques de candidats du Ukip:
- "les récentes inondations sont une punition pour le mariage gay."
- "les victimes de viol sont en partie à blâmer." 
- "les femmes qui ne nettoient pas derrière le réfrigérateur sont des salopes."
- "les musulmans se reproduisent dix fois plus vite que les chrétiens."
On voit par là qu'on a affaire à un parti au programme très nuancé et réfléchi.

D'autres partis populistes, d'extrême droite, europhobes, racistes et autres seront largement représentés au Parlement européen. Notamment le Parti populaire danois, le FPO autrichien, le PVV néerlandais (qui a heureusement fait de moins de voix que prévu). Ces partis, par définition, ne s'apprécient pas toujours entre eux. Le FN considère l'Aube dorée grecque comme un parti nazi, mais le FN est lui-même vu par l'Ukip comme antisémite.
Quoi qu'il en soit, les positions radicales de ces partis forts en gueule mais faibles en contenus risquent fort de polluer les débats et de tirer plus à droite encore de nombreux conservateurs et même des sociaux-démocrates. "Par son poids électoral, il (le FN) a d'ores et déjà modifié la façon dont la France gère l'immigration et les immigrés. (...) Il pourrait étendre bien plus loin son influence, notamment en matière de politique européenne" (6). Restent aux partis de gauche à reprendre la main, à redonner espoir, avec des positions fortes, des idées nouvelles, des visions d'avenir. Y a du boulot.

(1) "Sombre dimanche", Bernard Maris - Charlie Hebdo, 28 mai 2014.
(2) http://www.liberation.fr/politiques/2014/05/27/le-fn-veut-attaquer-a-mort-les-journalistes_1027958
http://rue89.nouvelobs.com/2014/05/28/fichier-fn-journalistes-sil-existe-na-ete-declare-a-cnil-252535
(3) Charlie Hebdo, 21 mai 2014.
(4) "Nigel Farage, l'escroc bien-aimé", Laurie Penny - New Statesman (Londres), 30 avril 2014 (in Le Courrier international, 22 mai 2014).
(5) "The great debate", David Ziggy Greene - Charlie Hebdo, 21 mai 2014.
(6) "Le FN, un faux séisme", David Bell - Financial Time, 14 mai 2014 (in Le Courrier international, 22 mai 2014).
A lire aussi:
http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-noel-mamere/2014/05/26/noel-mamere-bienvenue-au-pays-des-schtroumpfs-en-bleu-marine-232978
Et parce que mieux vaut en rire (quoique...):
http://www.legorafi.fr/2014/05/26/marine-le-pen-je-tiens-a-remercier-les-francais-les-plus-faibles-psychologiquement-davoir-vote-pour-nous/

mercredi 21 mai 2014

L'Europe entre détestable et détesté

Donc (voir billet précédent) il faut voter pour l'Europe. Certainement pas contre. Evidemment, on peut voter pour une autre Europe, plus sociale, plus intégrée, plus fédérale, plus écologiste. Mais jamais contre son principe même.
On peut l'imaginer plus forte, plus démocratique, comme l'ont fait une quinzaine d'eurocrates qui ont imaginé Euro2030, en formulant 50 propositions pour changer l'Europe. "La Commission deviendrait un véritable exécutif, et le Conseil de l'UE une chambre haute. Le président de la Commission, élu de préférence par suffrage universel, serait l'équivalent d'un Premier ministre, tandis que le Président du Conseil deviendrait le président de l'UE, à la manière d'un chef d'Etat, avec un rôle d'autorité morale et de garant du respect des valeurs communes. (1) Proposition - parmi d'autres - particulièrement intéressante: celle d'un "contrat de travail européen": il présenterait des avantages en termes de mobilité et de pension, et permettrait de créer un ancrage pour une assurance chômage européenne.

Donc, il faut voter pour l'Europe. Mais pour qui?
On peut procéder par élimination. En éjectant les europhobes. En particulier la famille Le Pen et son parti. Le candidat du FN dans le sud-est, président dit "d'honneur" de ce parti qui n'arrive pas à se débarrasser de son odeur d'égout, a affirmé avoir la solution pour "contrer l'explosion démographique". 
"Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois", a-t-il déclaré (2). Jean-Marie Le Pen a été atteint très jeune de sénilité précoce, une maladie qui tue lentement. Quand une vipère se mord la langue, elle ne meurt pas de son propre venin. On parle, un peu partout, de nouveau dérapage. Ce n'en est évidemment pas un. On ne peut donc imaginer voter pour des partis et des individus toxiques.
Pour qui d'autre? Certainement pas pour l'UMP qui se moque de l'Europe: "voter pour nous, c'est voter contre Hollande!", affirme Jean-François Copé (3) à qui personne ne semble avoir dit que les élections de ce dimanche concernent l'Europe.
Pas non plus pour Michèle Alliot-Marie: si elle est élue députée européenne, elle gagnera moins bien sa vie, la pauvre. Les plus que confortables indemnités des parlementaires européens ne sont que roupies de sansonnet pour elle (4). 

Personnellement, je voterai pour Philippe Lamberts, tête de liste Ecolo (Belgique). Durant son premier mandat, il s'est illustré par sa pugnacité à vouloir réguler le secteur bancaire et à y augmenter la transparence. Il a même réussi à imposer un plafonnement des bonus des banquiers, au point d'être présenté par le journal Le Monde comme "l'homme le plus détesté de la City" (5). 
Allez savoir pourquoi, je préfère les gens détestés aux gens détestables.

(1) Le Soir, 12 mai 2014.
(2) www.lemonde.fr/europeennes-2014/article/2014/05/21/pour-jean-marie-le-pen-le-virus-ebola-peut-regler-en-trois-mois-les-problemes-d-immigration_4422584_4350146.html
(3) Charlie Hebdo, 21 mai 2014.
(4) rue89.nouvelobs.com/zapnet/2014/04/30/mam-vais-perdre-largent-allant-parlement-europeen-peut-gagner-11-000-euros-mois-251853
(5) http://www.philippelamberts.eu/lennemi-n1-de-la-city-de-londres-portrait-dans-le-financial-times/
Voir aussi https://www.youtube.com/watch?v=90n_zSwKWgg 

mardi 20 mai 2014

Une Europe sans charentaises

La plupart des Européens sont comme Monsieur Jourdain: ils pratiquent et profitent de l'Europe tous les jours, mais ne s'en rendent pas compte.
En Hainaut, on ne compte pas les projets locaux et régionaux qui ont bénéficié de larges subventions dans le cadre du programme Objectif 1. Même la place du village où j'habitais a été rénovée grâce à tels crédits (1). Ici, au cœur de la France, l'espace consacré au marché dans un hameau voisin a été rénové grâce à des fonds FEDER.
En tant qu'enseignant j'ai vu de très nombreux étudiants profiter du programme Erasmus. Dans un sens comme dans l'autre: nos étudiants ont eu la chance de pouvoir aller étudier à l'autre bout de l'Europe et nous avons eu le plaisir d'accueillir des étudiants venus d'Espagne ou de Sardaigne, de Lituanie, de Pologne ou de Roumanie. J'ai moi-même eu l'occasion de donner quelques heures de cours à Bucarest.
Le Parc naturel des Plaines de l'Escaut, en Belgique, est en train de créer, avec le Parc naturel régional Scarpe-Escaut, côté français, le premier parc naturel transfrontalier. Des fonds européens soutiennent les initiatives prises par les deux parcs. La nature ignore les frontières.
La Maison de la Culture de Tournai participe à un partenariat, sous forme de festival, avec des institutions sœurs de France et de Flandre. Les fonds INTERREG de l'Union européenne le soutiennent.
On pourrait citer ainsi des centaines, des milliers de projets, dans d'autres domaine aussi, dans l'économie, dans la recherche, dans le social, dans l'agriculture évidemment, qui bénéficient de larges subventions européennes.

Ce qui n'empêche pas quantité d'électeurs d'annoncer qu'ils voteront pour les partis qualifiés à tort d'eurosceptiques, alors qu'ils sont clairement europhobes, proposant un retour en arrière, un repli sur soi, forcément sclérosants et appauvrissants à tous points de vue. Des partis qui n'ont pour programme que le port des charentaises, pour slogan que "home sweet home". Leurs électeurs sont-ils assez naïfs pour ne pas se rendre compte que voter contre l'Europe c'est voter contre ses propres intérêts, qu'on n'avance pas en reculant?
"L'agriculture française reçoit chaque année 9 milliards d'euros de l'Union européenne, rappelait récemment un représentant de la FNSEA. La politique agricole est la principale, si pas la seule, politique européenne commune. Les agriculteurs sont les premiers Européens, affirmait-il." (2) Quelques jours auparavant, plusieurs agriculteurs d'un village du Centre de la France recevaient un candidat du parti de la famille Le Pen et lui apportaient leur soutien. Cherchez l'erreur, l'incohérence.

Il ne faut surtout pas moins d'Europe. Il en faut plus, il faut une meilleure Europe. Une Europe plus sociale, plus axée sur le développement durable, une Europe plus novatrice, plus ouverte. Les problèmes d'énergie, d'emplois, de transport, d'immigration, d'environnement, de culture, de recherche, d'agriculture, etc. ne se règleront pas qu'au seul niveau national. Au contraire. Toutes ces thématiques nécessitent une vision large et concertée.
L'Europe évolue. Pour la première fois, c'est le Parlement européen qui désignera le président de la Commission. Donc les électeurs ont la main. "Le Parlement européen est en train d'acquérir une maturité politique, estime Françoise Castex, eurodéputée socialiste sortante, aujourd'hui militante à Nouvelle Donne en France. Il prend conscience de son pouvoir et je fais le pari que, s'il n'est pas trop dominé par les eurosceptiques, il va en user pour réorienter l'Union européenne." (3) Elle relève que c'est le Parlement européen qui a, malgré une gauche minoritaire, fait rejeter le traité Acta, renforcé la protection des données personnelles, voté sur la neutralité du Net. Elle regrette que "la plupart des partis, dans cette campagne, parlent de tout, sauf du rôle concret des élus au Parlement européen".

Ce 25 mai, ne pas aller voter ou voter pour les europhobes, c'est s'enfermer chez soi et fermer ses volets, plutôt que de chausser ses bottines de marche pour aller voir plus loin.


Pour faire un choix entre les grandes familles politiques en lice:
http://rue89.nouvelobs.com/2014/05/18/europeennes-plus-quune-semaine-choisir-coup-main-252220

(1) crédits qui, il faut bien le dire, ont été distribués, en Hainaut, par saupoudrage. Mais la responsabilité incombe ici aux autorités régionales wallonnes.
(2) France 3, Journal, 12 mai 2014, 19h30.
(3) http://rue89.nouvelobs.com/2014/05/03/changement-cela-passera-forcement-parlement-europeen-251883

lundi 19 mai 2014

Chère Marine

Il existe un moyen - parmi d'autres - de réduire les frais des institutions européennes: éjecter du Parlement les députés d'extrême droite et des partis populistes. Ils coûtent trop cher, figurent parmi les plus absents et les moins actifs des élus européens. 
Un exemple, au hasard: la fille à papa Le Pen. En cinq ans, elle a posé trois questions parlementaires, quand le champion du genre (un conservateur portugais) en a posé 1.494. Elle n'a produit aucun rapport, alors que l'élue la plus active en a assuré 54 (1).
Si on considère qu'un parlementaire européen gagne quelque 12.000 euros par mois (indemnité + indemnité forfaitaire de frais généraux) (2), on peut estimer qu'une question parlementaire de la fille à papa Le Pen a coûté à la société européenne 240.000 euros. 
Résumons-nous: les anti-système coûtent cher au système.

(1) Arte Journal, 19 mai 2014.
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Rémunération_des_acteurs_institutionnels_en_France#D.C3.A9put.C3.A9_europ.C3.A9en

jeudi 15 mai 2014

Cracher dans la soupe

Qui sont aujourd'hui en France les plus grands pourfendeurs de l'Union européenne? Les Le Pen père, fille, petite-fille, beau-fils et les membres de leur parti.
Qui accuse les autres élus politiques d'être des profiteurs du système? Les mêmes.
Qui trouve-t-on au fond de la classe du Parlement européen? Les Le Pen père et fille qui sont classés respectivement 709e et 701e sur 766 en termes de participation aux travaux du Parlement (1). A part venir toucher les larges indemnités que leur confère leur fonction, ils ont visiblement autre chose à faire que de perdre leur temps dans cette assemblée sur laquelle ils crachent.
Qui vient en tête des intentions de vote en France pour le Parlement européen? Les mêmes.
On voit par là que des électeurs se laissent aisément berner par de bas parleurs qui savent tirer parti à leur profit d'un système qu'ils prétendent dénoncer.

(1) www.lalibre.be/actu/international/les-mauvais-comptes-de-marion-marechal-le-pen-536a4678357061b533a3089a

mercredi 16 avril 2014

Voix d'Europe

A l'heure où l'Europe est menacée par les partis populistes et nationalistes (1), qui ont fait du repli sur soi, de l'égoïsme et de l'indigence intellectuelle la base de leurs programmes, une belle et grande voix, enthousiaste, secouante, insolente, quitte le Parlement européen. On veut parler de Daniel Cohn-Bendit. Quand certains ne rêvent que de nouvelles frontières, lui qui est né en avril 1945, à la fin de la guerre donc, aura été (et reste!) une des incarnations d'une Europe battante, ouverte, à inventer chaque jour.
Dans sa dernière intervention au Parlement aujourd'hui, il appelé de ses vœux les Etats-Unis d'Europe, pourfendant "ceux qui vendent des mirages du retour à la nation".
Ses coups de sang resteront célèbres. Ils ont toujours été vivifiants.
On peut en retrouver des extraits sur rue89 qui, comme une bonne partie de la presse aujourd'hui, lui rend un hommage mérité.
http://rue89.nouvelobs.com/2014/04/16/cohn-bendit-quitte-leuroparlement-meilleurs-coups-sang-251534
Voir aussi http://www.lesoir.be/522393/article/actualite/union-europeenne/2014-04-16/lecon-d-europe-daniel-cohn-bendit-video

(1) www.lalibre.be/actu/international/un-succes-des-populistes-aux-europeennes-pourrait-mener-a-la-guerre-534e572a3570aae038b8888f