mercredi 30 décembre 2015

Charlie le joyeux

A quelques jours d'un sinistre anniversaire, je termine la lecture de l'ouvrage de Philippe Val "C'était Charlie" (Grasset). Il raconte la belle aventure de la joyeuse équipe qui, partie de l'éphémère "Grosse Bertha", a ressuscité "Charlie Hebdo" en 1992.
Un Charlie qui s'est construit avec celles et ceux qui le fabriquaient chaque semaine, dépassant la dérision pour rire encore de l'actualité et de ceux qui la font, mais aussi pour partager des réflexions, prendre des positions, susciter le débat. Un journal laïc, féministe, antiraciste, antifasciste et antitotalitaire, universaliste, défendant les droits de l'homme. Un journal engagé pour un monde meilleur et plus drôle. Un journal qui a vu peu à peu certains de ses proches lui cracher à la figure parce qu'il avait l'outrecuidance de dénoncer l'islamisme, cette forme de fascisme qui a suscité (et suscite encore, mais de manière à présent plus larvée) une bien étrange tolérance de la part d'une certaine gauche avant tout anti-américaine. Un journal qui s'est retrouvé bien seul dans la tourmente, sans le soutien du reste de la presse française, après sa publication des caricatures danoises de Mahomet. Un journal que certains ont voulu réduire à de sordides affaires d'argent après le massacre de huit de ses membres par de sombres barbares.
Comme il l'a fait pour des milliers d'autres lecteurs, cet hebdo m'a aidé à me construire, à réfléchir, à prendre position, à mettre des nuances, quoi qu'en pensent et en disent ceux qui voudraient n'y voir qu'une entreprise de démolition et d'islamophobie (un terme inventé pour éviter précisément la dérision, la réflexion et la critique). Ce livre, qui relate cette histoire foutraque, compliquée, enthousiaste, fédératrice malgré les divergences, est un hommage à la mémoire de Cabu, de Charb, d'Elsa Cayat, d'Honoré, de Bernard Maris, de Mustapha Ourrad, de Tignouss et de Wolinski, et aussi à celles et ceux qui continuent aujourd'hui à produire Charlie chaque semaine sous protection policière.
"Charlie était un journal habité par la joie de vivre, parce que le courage se mesure à la joie de vivre", écrit Philippe Val dans sa conclusion.

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