La France s'est réveillée ce lundi avec la gueule de bois, dans une odeur d'égout. Le parti de la famille Le Pen triomphe dans une marée noire où se trouve engluée la démocratie. On peut parier qu'aucune de ses propositions pour les régions n'a séduit le moindre électeur. C'est le climat général qui a porté cet électorat vers ce parti dangereux, aux projets passéistes et inquiétants.
Les terroristes ont fait le lit de l'extrême droite. Mais ils ne sont pas les seuls. Les responsabilités sont partagées dans l'ensemble de la société française:
- les reculs du Parti socialiste, du gouvernement et du président Hollande, de plus en plus à droite, qui ont déçu nombre d'électeurs;
- l'ex-UMP et son président, si peu "républicains", qui courent derrière le F.N., ne voulant pas comprendre qu'ils ne font que renforcer celui-ci, en se déforçant eux.;
- tous ceux qui crachent sur les représentants politiques, qui clament qu'ils sont tous pourris, mettant dans le même sac, dans un rejet populiste, profiteurs et élus engagés;
- la gauche qui, par bienveillance idiote et/ou calcul électoral, a trop longtemps refusé de s'attaquer au danger islamiste, ouvrant un boulevard à l'extrême droite;
- l'islam de France qui a laissé un cancer se développer en son sein;
- les médias qui se disputent la fille à papa parce qu'elle fait de l'audience et l'invitent sans vraiment démonter ses mensonges et ses projets ringards et idiots;
- les réseaux dits sociaux où triomphent les analyses simplistes et imbéciles, où se répandent les racistes, les antisémites, les homophobes, les sexistes;
- les chaînes de télé qui se sont muées, de plus en plus, en grands instruments de crétinisation;
- les abstenstionnistes, un électeur sur deux ce dimanche, qui font la fine bouche parce qu'aucun parti ne correspond à cent pour cent à leurs idées.
Tout ceux-là favorisent le choix d'un parti haineux et dangereux, aux idées nauséabondes qui ont pris le contrepied de l'intelligence. Le parti de ceux qui n'aiment pas les autres.
Le succès du parti de la famille Le Pen est un danger pour la France et pour l'Europe.
Il y a urgence dans cette France qui perd la tête à sortir des calculs politiciens mesquins, à imaginer un (ou des) projet novateur, rassembleur et solidaire, tournant le dos à cette France agressive, triste et rance, racrapautée sur elle-même. A s'attaquer aux sources du terrorisme, à rétablir des règles identiques pour tous et respectueuses des uns et des autres, à s'attaquer véritablement au problème du chômage en reconnaissant enfin que, à cause de la révolution numérique, il faut cesser de rêver encore de plein emploi et qu'il faut donc imaginer une autre façon de donner sa place à chacun, d'où qu'il vienne et quelles que soient ses origines. Il y a urgence à sortir de ce système majoritaire à deux tours, si peu démocratique. Il y a urgence à redonner sa place à l'intelligence.
3 commentaires:
Marine L. P. a déjà annoncé qu'une fois présidente de la Région Nord-Pas-de-Calais, elle allait supprimer l'aide au développement de la dite région. Cette aide, je n'ai plus l'article sous les yeux, de mémoire donc, est de 6,5 millions d'euros sur un budget de 1.300 millions de d'Euros. Soit 1/200ème. Dérisoire. L'argument, formulé par la phrase suivante : "la région n'a pas pour vocation à payer des moustiquaires aux africains" fera sans doute mouche. Même s'il s'agit de lutter contre le paludisme et de sauver des vies... Elle préconise aussi la préférence régionale dans le choix de prestataires dans le cadre des travaux publics régionaux. Et là, il sera peut-être plus difficile de lui opposer l'idéal européen. Les pays de l'Union Européenne sont en principe égaux. Comme on ne marie que son rang, selon une expression populaire, les fondateurs de l'Europe auraient dû se limiter à des pays qui avaient un niveau de vie comparable. En 1993, je me souviens, déjà une période de crise, les politiques nous vendaient une Europe qui allait créer de l'emploi. Visiblement, c'est raté. Et si un patron peut engager un plombier polonais (souvenez-vous du cliché qui circulait il y a quelques années...) plutôt qu'un plombier français, pourquoi s'en priverait-il? La libre circulation des personnes... Et ce n'est pas pour autant que le niveau de vie du Polonais augmentera, quant à celui du français, même si celui-ci s'appauvrit et appauvrit par conséquent le reste de la société car son pouvoir d'achat chutera...
Quant au système majoritaire, est-il moins efficace qu'un système proportionnel tel qu'il existe en Belgique, où il peut en ressortir un gouvernement à six partis, et où les décisions, forcément et systématiquement, mécontenteront la majorité de la population?
Le système proportionnel n'est pas l'idéal, mais me semble plus démocratique que le système majoritaire. Surtout avec le mode de répartition pour les régionales françaises qui accorde d'emblée un bonus de 25% à la liste qui arrive en tête au premier tour. Et qui pourrait ainsi permettre à une liste qui fait 28% d'avoir la majorité absolue.
La proportionnelle permettrait, en outre, d'éviter, grâce à des alliances, le piège, aujourd'hui tendu aux partis démocratiques, des retraits de listes pour faire barrage à l'extrême droite.
En effet...
En 2006, Michel Onfray était le rédacteur en chef du "journal" metro pour l'édition du 23 novembre. Il expliquait le succès du FN par le "souci" apparent des classes ouvrières par celui-ci, alors que le PS, par exemple, semble avoir éliminé le mot "peuple " dans ses discours depuis longtemps. Il rappelle que J-M Le Pen avait parlé la veille des élections présidentielles des marins pêcheurs, notamment. Et ce derniers ont dû se dire : "enfin quelqu'un qui pense à nous". Michel Onfray parle alors de la pauvreté qu'il qualifie de propre (celle qui se trouve à l'autre bout de la terre), et qui vaut la peine qu'on y envoie un grand reporter et la pauvreté sale, proche, genre "au bout de la rue" qui ne fait pas les unes des magazines. Quand on parle des restos du coeurs c'est pour parler des "vedettes" qui seront sur scène et non du quotidien pénible des "bénéficiaires". La fille de Jean-Marie n'a pas dit pas autre chose en répondant que Dany Boon avait beau jeu de faire la leçon aux électeurs du Nord de la France qui avaient voté FN alors que l'acteur habitait à l'étranger, et certainement "très bien" selon les termes la présidente du FN. En 2006, Michel O. était persuadé que seuls 2-3 % de ceux qui votent FN étaient de vrais fachos, pour l'immense majorité, de simples déçus pour qui le ps, par exemple, les avait abandonnés. Pense-t-il la même chose aujourd'hui...?
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