vendredi 5 juin 2015

La Cave aux sculptures

Personne n'a pu dater précisément ces centaines de sculptures réalisées dans le tuffeau d'une cave troglodytique. Mais la majorité des spécialistes, en fonction des personnages représentés et de leurs tenues, estime qu'elles devraient avoir été créées aux XVIe et XVIIe siècles. Certains y voient François Ier ou encore Catherine de Médicis, une pieta païenne, un Indien, des caricatures... Peut-être sont-ils l'œuvre d'une confrérie de tailleurs de pierres qui auraient agi de manière cachée, en pleine guerre des religions. Ils étaient connus pour leur tradition libertaire et leur résistance à l'ordre moral.
La Cave aux Sculptures de Denezé-sous-Doué, dans le Maine-et-Loire, a été découverte en 1956. Redécouverte plutôt. Parce qu'elle avait été fermée, en son temps, par un curé qui trouvait trop satiriques et moqueuses certaines de ces représentations. Il n'était pas Charlie. Histoire, religion, érotisme et carnaval semblent se mêler dans ces œuvres insolites qui intriguent. Et qui hélas disparaissent progressivement. La (petite) commune de Dénezé est seule à gérer cet espace, sans aide extérieure. Or, les ruissellements d'eau, des phénomènes de dissolution et de cristallisation, le manque d'aération (dû notamment à la couverture en béton censée protéger le site) altèrent irrémédiablement les sculptures qui sont nombreuses à s'effriter.
Qu'attendent tous les responsables du patrimoine en France pour intervenir? Dans vingt ou trente ans, François Ier aura perdu la face et cette cave unique son intérêt. Si l'esprit de Charlie souffle encore, il pourrait lui donner de l'air. 








jeudi 4 juin 2015

Du neuf avec du vieux

Aujourd'hui se tient la "première" réunion du parti "Les Républicains". C'est France Inter qui nous le dit, dans ses éditions de 8h et de 13h de ce jour. "Un nouveau parti et donc un nouveau nom", dit même Claire Servajean dans le journal de 13h. Il y aurait donc un nouveau parti en France, qui tiendrait sa première réunion? C'est en fait l'UMP qui a repeint sa façade. On voit par là que la com', ça marche. Même les communicateurs sont les premiers à tomber dans son piège et à (essayer de) faire croire au changement.
Ceci dit, ce nom, qui a été - et reste - contesté (1), est difficile à utiliser. Il y a les journalistes qui ont choisi de dire "LR" pour ne pas utiliser un qualificatif considéré comme usurpé, mais qui ne savent pas s'il faut dire "LR se réunit aujourd'hui" ou "LR se réunissent aujourd'hui" et il y a ceux qui - comme tout à l'heure sur France Inter - sont amenés à présenter un "sénateur Les Républicains". Il paraît que le ridicule ne tue pas. Mais quand même...

(1) sur ce blog: "Chez Nico, bar - petite restauration", 16 avril 2015.

mercredi 3 juin 2015

Vivons heureux en attendant la mort *

La vie est décidément de plus en plus dure et morose en France (1). Témoins, tous ces gens qui, en se quittant, ne se disent plus "au revoir", mais "bon courage!". Comme s'ils portaient tous le poids du monde sur leurs épaules. Encore heureux qu'on va vers l'été.

(1) Est-ce aussi le cas en Belgique, en Suisse, dans d'autre pays?
* Pierre Desproges

mardi 2 juin 2015

Crème de tristes sires

Y a-t-il plus subjectif que l'humour? Certains sont morts de rire face à ce que d'autres trouvent navrant, voire agressif. Noël Godin se fait appeler Le Gloupier pour pratiquer des "attentats pâtissiers" qui le font apparemment rire. En tout cas exister médiatiquement. Ce qui semble être sa principale préoccupation. Voilà qu'avec vingt (20!) complices il s'en est une fois de plus (la septième semble-t-il), pris à BHL qui débattait avec Jan Fabre à Namur (1). Ils lui ont balancé, à plusieurs reprises, sur la figure de la crème Chantilly. Qui en rirait, autrement que jaune, si ça lui arrivait? Même pas Le Gloupier sans doute. On peut évidemment ne pas être d'accord avec certaines positions de BHL, on l'exprime alors en débat. Pas en "attentat" et en agressivité. Mais pour cela il faut être capable de débattre, d'écouter, de contre-argumenter et surtout d'en avoir envie. Mais Godin n'aime rien tant que de s'écouter pérorer de manière faussement pédante  et réellement ridicule avec toujours les mêmes formules vides depuis trente ans. Les plus courtes sont les meilleures.
S'il a agi ainsi, se justifie Godin, c'est pour "venger" Siné, accusé d'antisémitisme par BHL. Siné, que Pierre Desproges considérait comme "le seul gauchiste d'extrême droite", a déclaré un jour (c'était sur les ondes de la radio Carbone 14): "Je suis antisémite et je n'ai plus peur de l'avouer, je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs... je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s'il est pro-palestinien. Qu'ils meurent!" (2). C'est toujours ce grand humoriste, bouffeur de curés, qui n'appréciant pas un éditorial de Christophe Barbier dans l'Express où il appelait l'islam à abjurer les archaïsmes de son dogme, se demandait si Barbier "aurait le même culot" envers les Juifs et écrivait: "moi, honnêtement, entre une musulmane en tchador et une juive rasée, mon choix est fait!" (2). Godin et Siné ont en commun un humour particulier. Celui de beaufs après deux heures d'apéro au pastis. 

Lire l'avis de Guy Duplat dans la Libre:
http://www.lalibre.be/debats/chronique-redaction/bhl-un-debat-pas-si-tarte-556c0e2535704bb01c93e6ee

(1) http://www.lavenir.net/cnt/DMF20150601_00657905
(2) cité par Caroline Fourest, in "Eloge du blasphème", Grasset, 2015.

lundi 1 juin 2015

Ce besoin de culture

On la sent en petite forme la culture ces derniers temps. Elle a l'air abandonnée dans un coin poussiéreux. On ne peut pas la jeter, on s'y est attachée, elle fait partie des meubles, mais c'est comme si elle avait fait son temps. Alors, on lui rabote ses budgets et on passe à autre chose, à l'essentiel plutôt qu'à l'accessoire. Alors que c'est elle l'essentiel, c'est elle qu'il faut soutenir en ces temps troubles. "Après l'attentat (du 7 janvier), on a parlé du vivre-ensemble en permanence, c'était devenu un mot fourre-tout", estime le comédien Philippe Torreton (1). "En oubliant que la culture est la clé du vivre-ensemble, si elle est accessible à tous." Elle est selon lui le seul rempart contre le terrorisme et nécessiterait un redéploiement de moyens budgétaires. "Parce que notre société ne sait pas où elle va, dit-il, qu'elle se questionne, parce que le retour du religieux est inquiétant, que des spectacles se retrouvent censurés ou menacés, c'est maintenant qu'il faut investir. Et ce gouvernement fait l'inverse."
Son collègue François Morel déplore aussi la diminution des subventions à la culture et en particulier au théâtre (2): "les théâtres sont des lieux d'écoute, de rencontre, de discussion, d'intelligence, de beauté, d'humour et de joie". Il se demande où est passé le fameux esprit du 11 janvier et regrette que tant de maires qu'on a vu manifester ce jour-là sabrent aujourd'hui dans les budgets culturels de leurs communes. 
Les représentations du monde, de la société, de ce qui la fonde et la divise permettent un recul et donc une réflexion. "Représenter une chose ou une personne est un élément fondateur du langage, écrivait Philippe Val (3). "La représentation, qui met à distance une figure de la réalité, permet d'entretenir avec elle un rapport, au lieu de la subir comme la subissent les minéraux, les végétaux et les animaux. Or c'est dans ce rapport que l'on entretient avec la réalité que la liberté humaine s'exprime. " 
En cette période de politiquement correct où la majorité des débats évitent les problèmes de fond, le rôle de la culture, c'est donc notamment de s'attaquer aux tabous, aux barrières, aux œillères, à tout ce qui nous dérange. "On doit tout jouer, estime Philippe Torreton. Le théâtre est l'endroit où l'on parle le mieux de l'être humain, et c'est un territoire sans dogmes. C'est un immense champ de liberté. (...) Le théâtre foisonne de caricatures."
François Morel rappelle cette phrase de Winston Churchill à qui on proposait de couper dans les budgets culturels pour soutenir les efforts de guerre: "mais alors, pourquoi nous battons-nous?", a-t-il répondu.

(1) Charlie Hebdo, 27 mai 2015.
(2) France Inter, 29 mai 2015, 8h55.
(3) Charlie Hebdo, 8 février 2006.

mercredi 27 mai 2015

Qatar bouillu, coupe du monde footue

On tombe des nues. Voilà que sept responsables de la FIFA, la Fédération internationale de football, sont inculpés par la justice suisse. On parle de corruption, de blanchiment d'argent, de pots de vin, de votes truqués. La désignation du Qatar, notamment, comme pays d'accueil de la phase finale de la Coupe du Monde en 2022 , aurait été entachée d'irrégularités. On peine à y croire. Ce grand pays de football, aux innombrables installations et au climat idéal pour pratiquer le sport d'extérieur, a tout pour plaire. Bien sûr il ne manque pas d'argent aussi, mais on se refuse à croire que cet argument ait pu jouer dans un sport aussi sain et éloigné de tout esprit de lucre. D'autant que l'organisation de cette Coupe du monde aura été l'occasion pour le Qatar de donner du travail à des milliers de Népalais qui en manquaient cruellement. Vraiment, on est à nouveau en pleine théorie du complot. Tout cela est si difficile à croire. Tous ces esprits sains, ces corps sains baigneraient dans la magouille? Qui peut le croire?


http://www.lalibre.be/sports/football/scandale-a-la-fifa-l-attribution-des-coupes-du-monde-de-football-2018-et-2022-dans-le-collimateur-5565b7e735704bb01c8118be

dimanche 24 mai 2015

Vision de l'Europe

L'Eurovision a un côté rassurant. Elle existe depuis soixante ans et ne se démode pas. Elle conserve un côté kitchissime tout en s'adaptant à son temps. Elle sonne parfois un peu faux et fait un peu toc, mais peut aussi être actuelle. Elle est en fait à l'image de nombreux pays et de quantité d'artistes. Johnny Hallyday aurait pu gagner chaque année l'Eurovision. En la regardant, on ne se sent pas vieillir. C'est une cure de jouvence.
Elle illustre à merveille la devise de l'Union européenne: "unis dans la diversité". Ce qui nous apparaît ringard ou désuètement exotique n'est que culture nationale. Bien sûr, elle donne dans l'excès. C'est sa marque de fabrique. Elle est toujours dans le trop: trop de notes, de cuivres, de volume sonore, d'aigus, de paillettes, de tissu dans les robes, de lumières, d'images de fond, de cheveux qui volent au vent, de drapeaux nationaux, de visées géopolitiques dans certains votes. De mauvais goût aussi, qui le dispute parfois au pire. Mais, encore une fois, le bon goût de l'un peut être le pire de l'autre. C'est ainsi que s'exprime la diversité.
L'Eurovision est aussi rassurante parce qu'on sait qu'à la fin c'est la Suède qui gagne. Et la langue anglaise aussi. Même la chanteuse russe la pratique, à l'heure où la Grande-Bretagne menace de quitter l'Union européenne. Ainsi va l'Europe.

jeudi 21 mai 2015

De tout un peu

Le temps a passé. Celui d'un déplacement et celui de l'achat et de la configuration d'un nouvel ordinateur. L'actualité a suivi son cours, elle ne respecte rien. Quelques réflexions à son propos, en bref et vrac.

Les immigrants sont de plus en plus nombreux à tenter de traverser la Méditerranée et à y laisser leur vie, une mer qu'on n'ose plus appeler "mare nostrum" tant certains se la sont appropriée, l'interdisant à ceux qui ne veulent - et surtout ne peuvent - plus vivre sur l'autre rive. Les plus radicaux ont trouvé la solution pour empêcher tous ces gens de fuir le danger: ils entendent les empêcher de quitter la Libye ou la Syrie. Bref, les enfermer dans la guerre. Se souviennent-ils, ces cadenasseurs, que leurs parents ou leurs grands-parents ont été accueillis à l'étranger quand ils ont été forcés de fuir les bombardements de l'armée allemande? L'Europe, une fois encore, ne parvient pas à se mettre d'accord. Manuel Valls ne veut pas de quotas de répartition des immigrants, mais estime qu'il faut que les pays européens se les partagent équitablement. Les autruches sans doute peuvent comprendre ce type de langage. "Jusqu'à quand, demande l'avocate Selma Benkhelifa (1), allons-nous attendre avant d'organiser des voies légales d'accès afin d'éviter de nouvelles catastrophes humaines? Jusqu'à quand l'Union européenne tentera de nous faire croire que renforcer les frontières va sauver des vies? Jusqu'à quand allons-nous participer à des guerres qui créent des millions de réfugiés? Jusqu'à quand allons-nous vendre des armes sans jamais ses soucier de savoir par qui et surtout contre qui elles seront utilisées? Jusqu'à quand allons-nous piller les richesses de l'Afrique?" L'avocate de Progress Lawyers Network dénonce la pollution de la planète, la subordination de la coopération au développement aux contrats économiques, la spéculation des banques sur les denrées alimentaires. "On ne peut pas impunément accaparer toute la richesse du monde et se plaindre de ma misère du monde", dit-elle.

A Leuze-en-Hainaut (B), la majorité communale vient d'être renversée. Les libéraux ont lâché le premier parti, le CDH, en attirant à lui le Ps. Un parti socialiste qui ne cesse de hurler sur ce parti anti-social qu'est le MR, mais qui n'hésite pas à s'allier à lui pour occuper le pouvoir. On est peu de choses, surtout l'électeur.

A Saint-Maur, dans l'Indre, les commissaires-enquêteurs ont remis un avis défavorable sur le projet de Pôle de sports mécaniques du Centre. Le maire de Châteauroux est "déçu": "je suis convaincu que c'est un bon projet de développement de la région", dit-il (2). Il encourage le promoteur à revoir sa copie. La bagnole comme support à l'avenir, on a vu plus visionnaire et novateur. Mais le maire a une excuse:il est UMP.

Dans le Vif (3), propos intéressants de l'humoriste Alex Vizorek qui travaille tant en Belgique qu'en France. Cette réflexion notamment: "leur fierté (aux Français) réside plus dans la rhétorique qu'ils auront utilisée pour se contredire les uns les autres que dans le fond de leurs propos". Les débats - ou les empoignades - des chaînes de télé lui donnent trop souvent raison. Qu'importe le sujet, pourvu que la joute soit jolie. "Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode qu'affectent la plupart de vos gens à la mode...", disait Molière.

(1) La Libre Belgique, 23 avril 2015.
(2) La Nouvelle République, 30 avril 2015.
(3) 8 mai 2015.

jeudi 7 mai 2015

Savoir lire une étiquette

Savoir ce que pensent les gens, c'est facile. Pas besoin de leur demander, il suffit de connaître leur prénom. Dis-moi comment tu te prénommes, je te dirai ce que tu penses. Ainsi, Robert Ménard, maire de Béziers, peut déterminer, à partir des prénoms des enfants des écoles de sa ville, ceux qui sont musulmans. Sauf qu'il confond, avec une bêtise rare, origine d'un prénom et croyance, il mélange allègrement arabes, maghrébins, iraniens, pakistanais et musulmans, incapable (volontairement ou non) de faire la distinction entre origine et religion, comme si la première entraînait automatiquement la seconde. Et est évidemment incapable de distinguer les petites filles qui n'appartiennent ni à ces origines ni à cette religion, simplement parce que leurs parents, chrétiens, juifs, agnostiques ou athées, trouvent joli le prénom de Leila ou de Zora. Et comment classer les Sara? Comme juives, comme chrétiennes, comme musulmanes? Un David est-il juif, chrétien, athée? Reste aussi la question de savoir si un enfant peut être mis dans un tiroir avec une étiquette de musulman, de chrétien ou de juif? La croyance, n'est-ce pas une affaire d'adulte? Un enfant se définit-il par une religion? On voit par là combien l'extrême droite non seulement s'assied lourdement sur les lois, mais est surtout d'une bêtise bien carrée, ignorant toute subtilité.

Autre manière de connaître les croyances des gens: repérer ceux qui ont participé aux manifestations de soutien à Charlie Hebdo. Ce sont majoritairement des chrétiens. Et ils se sont rassemblés non pas pour soutenir la liberté d'expression, mais pour protester contre l'islam. C'est Emmanuel Todd qui l'affirme dans un ouvrage intitulé "Qui est Charlie?". "Le 11 janvier, écrit Guillaume Erner dans Charlie (2), Todd a vu les rues pleines de zombies, voulant s'en prendre à un groupe faible et discriminé, les musulmans. Pauvres Charlie: ils se réclamaient de Voltaire, mais c'est derrière Zemmour qu'ils ont marché. Les manifestants? Quatre millions de crétins utiles de l'extrême droite (...). Les marcheurs du 11 janvier ne savaient pas ce qu'ils faisaient, les trois terroristes non plus. Mais Todd, lui, le sait: l'acte des frères Kouachi ne possédait aucun sens idéologique, il n'appelait qu'une interprétation psychiatrique."
Todd comprend le monde aussi bien que Ménard. Un exemple: moi qui ai manifesté parmi tant d'autres mon soutien à Charlie Hebdo, je me prénomme Michel. Donc, je suis forcément chrétien. CQFD.
Le verso de l'analyse de Todd, c'est que les musulmans sont incapables de comprendre l'humour et la laïcité. Sophia Aram lui a répondu à sa manière, drôle et virulente, sur France Inter (3): "quand on fait partie d'un peuple qui a beaucoup souffert, ça fait plaisir de voir qu'un gentil monsieur blanc nous prend sous son aisselle protectrice", dit-elle.
Résumons-nous: les gens sont faciles à connaître. Il suffit de leur mettre des étiquettes.

(1) http://rue89.nouvelobs.com/2015/05/05/imbecile-illegal-menard-compte-les-ecoliers-musulmans-259010
www.liberation.fr/societe/2015/05/05/fichage-des-enfants-musulmans-le-parquet-ouvre-une-enquete_1291250

(2) 6 mai 2015.
(3) www.franceinter.fr/emission-le-billet-de-sophia-aram-chkoune-charlie

mardi 5 mai 2015

Linge sale

A 46 ans, elle vient de découvrir qui est réellement son père: un raciste, un pétainiste, un antisémite, bref un personnage infréquentable. Elle tombe de haut. Jamais, elle n'avait imaginé que ce père, un des fondateurs du parti qu'elle préside aujourd'hui, véhiculait de telles pensées "inadmissibles". Elle a donc décidé, avec les membres du bureau politique du F.N., de suspendre son père de sa qualité de membre de ce parti qui se transmet de père en fille (1). Nous voilà en plein drame. Le père veut retirer à sa fille son nom qu'il estime déshonoré. Elle l'a dit parfois: les propos de son père sont des fautes politiques. Elle ne les a pas condamnés comme des fautes humaines, contraires aux droits de l'homme et à la démocratie, non, juste des fautes politiques. Jamais elle n'a nommé "le mal" (2). On comprend par là que les propos paternels, qu'il répète en boucle depuis des décennies, sont aujourd'hui gênants pour la nouvelle façade que veut présenter désormais le parti d'extrême arrière. Résumons-nous: lui n'a pas changé dans son radicalisme, elle veut ratisser large et a compris qu'il faut cesser de dire tout haut ce qu'on pense tout bas. Sauf la détestation du père. Si elle et son bureau politique sont cohérents, on devrait assister à des purges staliniennes parmi les militants, les candidats et les élus du parti dont certains se plaisent à  exprimer publiquement leur racisme, leur antisémitisme, leur pétainisme. Que restera-t-il de ce parti? Ce drame shakespearien peut le déchirer. C'est ce qu'il peut arriver de mieux à la France.

(1) 
http://www.liberation.fr/politiques/2015/05/04/jean-marie-le-pen-suspendu-du-fn_1289753
(2) http://www.huffingtonpost.fr/2015/05/04/video-marine-le-pen-derapages-fn_n_7202972.html?utm_hp_ref=france
www.huffingtonpost.fr/2015/05/04/jean-marie-le-pen-suspendu-fn-marine-le-pen_n_7207486.html?utm_hp_ref=france&utm_hp_ref=france