samedi 16 octobre 2010

Belge au grand pied

"La planète vivra bien sans nous, ce n'est pas elle qu'il faut sauver, c'est l'espèce humaine." Voilà en substance ce qu'a dit hier soir Alain Hubert au Foyer culturel de Péruwelz, devant une salle comble et attentive. Il y était invité par la section locale d'Ecolo et par l'ACDA. L'explorateur, président de la Polar Fondation, a présenté la Station polaire Princesse Elisabeth dont il est l'initiateur et qui a été construite au coeur du continent antarctique. Elle n'est utilisée qu'en été, quand les températures ne descendent pas au-delà des -20°C. Elle a été conçue en habitat passif et fonctionne uniquement grâce aux énergies solaire et éolienne. Donc, pas de CO2. Et, dit Alain Hubert, il faut résoudre le problème des températures excessives à l'intérieur de ce bâtiment sans chauffage. Il y fait trop chaud.
Grande particularité de cette station: la gestion énergétique par un système informatique. Des priorités sont fixées: tôt le matin, ce sont la cuisine et les salles de bain qui ont priorité, puis les espaces de travail et de recherche; le soir, c'est l'espace de détente qui est privilégié. L'énergie n'est donc pas disponible partout à tout moment, contrairement à ce que nous connaissons chez nous. On se dit que c'est là une des clés de la question énergétique qui est et sera un des problèmes majeurs de ce siècle. Changer radicalement notre manière de consommer de l'énergie, notre "culture" énergétique, on n'y échappera pas. Ou alors, si elle joue les autruches, l'espèce humaine n'échappera pas à un sort funeste qu'elle se sera elle-même inventé. C'est ce qui ressort de la conférence d'hier soir.

Au même moment, le WWF présente son huitième rapport "Planète vivante". Il porte mal son nom. La biodiversité s'est amoindrie de 30% entre 1970 et 2007. Dans les régions tropicales, le recul est de 60%, à cause de la déforestation et le changement d'affectation des terres. Les régions tempérées, elles, ont amélioré de 29% leur biodiversité. Mais qu'elles se ne rengorgent pas: elles contribuent très largement, par leur mode de consommation, à l'appauvrissement des pays du sud. Ce sont évidemment les populations les plus vulnérables qui en paient le prix.

La Terre, généreusement, nous offre 1,8 hectare par personne. En 2007, notre empreinte écologique moyenne a été de 2,7 hectares par personne. Celle du Belge est de... 8 hectares! La Belgique se classe au quatrième rang mondial, derrière les Emirats arabes unis, le Qatar et le Danemark. Et devant les Etats-Unis. Gageons qu'un gouvernement fédéral va se former au plus vite pour s'attaquer avec énergie (!) au problème. Que des mesures drastiques seront prises par tous les niveaux de pouvoir et par les citoyens. Voilà que nous apprenons que la Commission européenne a renoncé à un moratoire sur les forages pétroliers en eaux profondes. Elle invite les Etats membres à la prudence en la matière. Voilà qu'on entend déjà parler des patinoires en plein air pour la période des fêtes. Voilà qu'on lit qu'à Celles-Pecq des milliers d'habitants s'opposent à un projet d'implantation d'éoliennes. On se dit qu'il y a du travail. On se rassure en se disant qu'il y avait hier plus de quatre cents personnes dans la salle du Foyer culturel de Péruwelz. Que Marina Silva, la candidate écologiste, a recueilli près de vingt pour cent des voix aux élections présidentielles brésiliennes. Que Didier Reynders remettra à la fin de ce mois un rapport au Conseil européen sur les modalités concrètes d'une taxe carbone et d'une taxe sur les transactions financières, avec l'espoir que l'Europe l'apporte sur la table du G20. Allez, on respire.

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