mercredi 20 octobre 2010

Poseur (de première) (pierre)

Une belle grande photo en couleurs intrigue en pages économiques de la Libre Belgique de ce jour. L'article nous apprend que le groupe Janssen, filiale pharmaceutique du groupe américain Johnson & Johnson, a posé hier à La Louvière la première pierre de son futur centre de distribution européen. Un centre qui devrait employer de cent à cent trente-cinq personnes. "La Région wallonne a investi onze millions d'euros en subsidiation directe" dans ce centre, nous explique Jaak Peeters, président du groupe Janssen en Europe. Déjà, on s'interroge et on s'inquiète: on ne connaît pas le groupe, mais on sait que l'activité pharmaceutique n'est pas toujours parmi les plus soucieuses de la santé de l'homme, quoi qu'elle puisse laisser croire. Quels critères amènent la Région wallonne à investir dans tel ou tel projet, dans tel ou tel secteur?
Mais ce qui nous interpelle ici, c'est la photo. Elle nous montre le ministre-président Rudy Demotte poser la première pierre. La tâche fait partie de ses obligations, il s'en acquitte avec le sérieux dont il a toujours fait preuve. Plus surprenant est de voir que celui qui lui tend une brique à cimenter n'est autre qu'Elio Di Rupo. On s'interroge: à quel titre joue-t-il les maçons? Il n'est plus ministre depuis un bon moment. Il est (parfois) bourgmestre de Mons, mais - que l'on sache - La Louvière n'est pas Mons. Il est membre d'on ne sait plus quel parlement, fédéral imagine-t-on (l'homme, comme son collègue Demotte, est difficile à suivre), parlementaire du Hainaut c'est sûr. Mais si c'est en fonction de ce statut qu'il joue les poseurs de première pierre, pourquoi ses collègues de tous les partis n'occupent-ils pas la même place que lui? Il est aussi - et surtout - président de parti. Mais tous les présidents de partis n'étaient pas invités à jouer le même rôle de bâtisseur. C'est que l'homme est président du Ps. Et là, tout s'explique: le Ps est triomphant en Wallonie et plus encore en Hainaut. Donc, son président-empereur représente la Région wallonne, suppose-t-on. Et plus personne ne s'étonne de le voir partout.
Le Vif du 15 octobre nous apprenait que le même Di Rupo a décidé, en tant que bourgmestre de Mons, "de renoncer momentanément à son salaire". Il considère que depuis quelques mois il n'a pas pu consacrer beaucoup de temps à ce mandat, englué qu'il fut dans les louables tentatives qu'il entreprit pour trouver un accord gouvernemental. On en convient avec lui, il faut, voire faudrait, faire des choix. On ne peut être à la fois à l'hôtel de ville, au parlement et à la présidence de son parti, être au four, au moulin et au pied du mur. Là où l'on voit le maçon.

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