lundi 18 octobre 2010

Sauver le thon et le Belge

Le Sommet de Nagoya s’est ouvert aujourd’hui. Il a pour ambition de définir des objectifs et de dégager des moyens pour préserver la biodiversité mondiale. D’après le WWF, elle a diminué de 30% depuis 1970. Dix-sept mille espèces, oui 17.000, seraient menacées de disparition : 37% des poissons, 21% des mammifères, 12% des oiseaux. Chaque année, treize millions (13.000.000!) d’hectares de forêt sont supprimés.
Le WWF invite tous les citoyens à se mobiliser. « Tous à Nagoya », crie-t-il, nous invitant à embarquer dans un avion virtuel, manière d’indiquer à nos responsables politiques que nous voulons qu’ils prennent le problème à bras le corps. Ticket d’embarquement sur www.wwf.be.
Il faut sauver le thon, le panda géant, l’albatros, le tigre du Bengale, la tortue luth, le cactus. Oui, même le cactus. Ils figurent parmi les victimes des activités humaines et du réchauffement climatique.

Le Belge, lui, est menacé de disparition, victime du « chauvinisme du bien-être ». C’est Mark Hunyadi qui évoque cette espèce d'égotisme des nantis (dans le Vif du 1er octobre). Ce philosophe suisse et professeur à l’UCL estime que les revendications flamandes sont psychologiquement compréhensibles au regard de l’histoire des deux communautés, mais, dit-il, « c’est pour le moins étriqué du point de vue moral et politique. On joue l’intérêt (immédiat et apparent) contre la solidarité. (…) Le fait caractéristique de ce chacun pour soi est qu’il s’affirme de façon décomplexée, dit-il. Même à gauche, on n’ose simplement plus affirmer ce qui était cependant l’une de ses valeurs cardinales : l’internationalisme. Même à gauche, la valeur de solidarité s’est repliée à l’intérieur des frontières nationales. Et à droite, on joue les riches contre les pauvres, les travailleurs contre les fainéants, etc. C’est aussi ce que fait Umberto Bossi en Italie. » L’identité flamande n’est pas menacée, estime le philosophe suisse : « ce n’est pas un repli identitaire, c’est une désolidarisation, c’est la revendication d’une non-solidarité, c’est tout différent ».
En écho, l'eurodéputé écologiste luxembourgeois Claude Turmes dénonce "cet égoïsme qui va de pair avec le succès économique". "On assiste à l'émergence d'une nouvelle droite, estime-t-il, très différente de la droite chrétienne-sociale de jadis. Le S a disparu. Cette nouvelle droite fédère les classes moyennes et les industriels qu'elle met égoïstement au centre de ses préoccupations, au détriment des autres. " Bert De Wever ne dément pas. Il a récemment déclaré que son patron est la VOKA, réseau des entreprises flamandes.

Le bien-être de quelques nantis n'a ni prix ni scrupule et a les mêmes effets. Et le chômeur wallon sera comme le thon: mis en boîte.
Il y a peu de chances que Joke Schauvliege, ministre flamande de l’Environnement, représentante de la Belgique à Nagoya, propose d’ajouter le Belge à la liste des espèces menacées.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

J'aime beaucoup vos deux paragraphes de conclusion. Le reste aussi. :-)

Ci-dessous, un article intéressant d'un auteur italien décrivant le virage de l'Europe vers une nouvelle droite, baptisée "monstre doux".

http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/12/pourquoi-l-europe-s-enracine-a-droite_1409667_823448.html#xtor=RSS-3208