dimanche 10 octobre 2010

Vive le blasphème

Le Gouvernement chinois a qualifié de blasphème le choix du jury d'attribuer le Prix Nobel de la Paix à Liu Xiaobo. Ce qui est amusant venant d'un Etat on ne peut plus laïque qui fait la guerre aux religions. Un blasphème est "une parole qui outrage la divinité, la religion", selon le Petit Robert. Mais il est aussi défini comme "des propos déplacés et outrageants pour une personne ou une chose considérée comme quasi sacrée".
Liu Xiaobo a été condamné à onze ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat". Entendez par là avoir participé à la rédaction et la diffusion de la Charte 08. Cette charte prône notamment "un système moderne de gouvernement dans lequel la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire soit garantie." Elle considère que "les membres des organes législatifs à tous les niveaux devraient être choisis dans de élections directes". Elle plaide pour qu'il y ait des garanties strictes sur le respect des droits de l'homme et de la dignité humaine". Elle propose aussi de remplacer à l'école l'endoctrinement idéologique par l'éducation civique.
Le terme de blasphème est donc approprié. Toutes ces demandes qui ont juste l'air de tomber sous le sens sont en Chine autant de "propos déplacés et outrageants". Alors, les couronner d'un prix Nobel, c'est honorer le blasphème. Quand la dictature et le monopartisme sont érigés au rang de religion, prôner la démocratie et le multipartisme, c'est bel et bien blasphémer.
En attendant, tout le monde se plaît à souligner le courage et la détermination du jury du Nobel qui, contrairement à tant d'autorités de par le monde, ne s'est pas couché devant le Gouvernement chinois.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Lors du récent sommet UE-Chine, l'UE s'est encore respectueusement inclinée.

http://www.lalibre.be/actu/international/article/615696/la-journee-europeenne.html