mardi 8 avril 2014

Bon sens ne peut mentir

Lors des récentes élections municipales en France, nombreux étaient les candidats à se réclamer du "bon sens". Certains l'érigeaient comme une valeur. Un chroniqueur d'El Mundo, l'Eric Zemour espagnol sans doute, estime que c'est ce qui vient à l'esprit quand on écoute la fille à papa Le Pen. L'adjectif  fasciste, écrit-il, "commence à être synonyme de bon sens " (1).
Toute la question est évidemment de savoir ce qu'on met derrière les mots. Ce qui fait sens et ce qui est bon.
Est-ce le bon sens qui amène certains à penser qu'un pays vivra mieux si on en met les étrangers à la porte? Est-ce le bon sens qui pousse à nier le dérèglement climatique et à se mettre la tête dans le sable? Est-ce par bon sens que certains sont systématiquement contre l'impôt? Est-ce le bon sens de donner a priori raison aux automobilistes? Est-ce le bon sens qui amènent certains à s'opposer au mariage homo? Ce doit sûrement être le bon sens qui a poussé le nouveau maire FN d'Hénin-Beaumont à mettre à la porte de son local la Ligue des Droits de l'Homme (2).
Le bon sens est souvent synonyme de simplisme, voire de bêtise. Le bon sens sévit souvent au Café du Commerce, là où les populistes puisent leur programme. Le bon sens mène souvent dans des voies sans issue.
Le bon sens, c'est ce que tout le monde pense, c'est le sens commun, estiment ceux qui en font un dogme, alors qu'ils sont aussi les premiers à dénoncer la pensée unique (cherchez l'erreur, une de plus).
"Il n'existe pas de sentiment populaire, et le sens commun est tout ce qu'il y a de plus idéologique, écrit David Van Reybrouck. Le sens commun est l'idéologie qui refuse de voir en elle-même une idéologie, un jardin zoologique sincèrement convaincu d'être une terre sauvage." (2)

(1) Fernando Sanchez Drago, 17 mars 2014, in Le Courrier international, 27 mars 2014.
(2)  http://www.lalibre.be/actu/international/la-ligue-des-droits-de-l-homme-privee-de-son-local-par-le-fn-d-henin-beaumont-5343b1f53570d35ee3e95589
(3) David Van Reybrouck: "Contre les élections", Babel, 2014.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

A voir ce mardi 8 soir sur Arte : "Populisme, l'Europe en danger".
Ou comment les Le Pen, Wilders, Orban, Grillo, etc. ont édulcoré leur discours pour se faire élire, quelle est leur stratégie de démolition des institutions (européennes) et comment, avec des slogans simplistes, ils veulent installer des régimes de type autocratique.