samedi 18 novembre 2017

Non!

Il faut se méfier des gens qui sourient constamment. Malgré son air angélique, Plenel est un salaud. J'ai hésité sur le terme, mais je n'en vois pas d'autre. Ses attaques contre Charlie Hebdo, contre Manuel Valls sont infâmes. Et assassines. Riss a raison de dire que ses déclarations ne sont rien d'autre qu'un appel au meurtre.
Un salaud et un imbécile. Il confond, sciemment, islam et islamisme. Par principe, il absout les musulmans de tout acte négatif, voire de toute pensée négative. Et ceux d'entre eux qui sombrent dans la violence ne seraient que de pauvres victimes du néo-colonialisme, de nous tous, crapules d'Occidentaux qui excluons systématiquement ces damnés de la Terre que sont les musulmans. (Et tant pis si nous sommes nombreux à nous mobiliser pour l'accueil de réfugiés, dont la plupart sont musulmans. C'est sans doute que nous sommes empreints de ce sale fond judéo-chrétien. Salauds de nous!) Sont-elles donc coupables de néo-colonialisme ces milliers de victimes des djihadistes en France, au Mali, au Pakistan, partout dans le monde? De quoi sont-elles coupables ces jeunes filles nigérianes forcées par Boko Haram de se faire exploser au milieu des leurs (1)? De quoi sont coupables ces chrétiens, ces musulmans, ces juifs, ces agnostiques, ces athées, tués, le plus souvent au hasard, par de jeunes névrosés qui ont basculé, parfois d'un jour à l'autre, dans le délire de l'ultra violence islamiste? Elles n'ont rien choisi, toutes ces victimes. Plenel, lui, a choisi son camp, celui de l'obscurantisme et de la violence. Et pour lui, un dessin peut parfaitement expliquer un meurtre. "En France, rappelle Fatiha Boudjahlat, co-fondatrice du mouvement Viv(r)e la République, les morts sont du côté des laïques et du côté de Charlie Hebdo. Les tueurs sont du côté des islamistes" (2). Ajoutons que les morts sont aussi du côté des juifs. Ce qui n'émeut en rien Plenel, ce grand moraliste. C'est sans doute qu'eux aussi l'ont bien cherché.

Tout a dérapé il y a une  semaine avec la une de Charlie Hebdo se moquant de Plenel qui ne savait rien du personnage Tariq Ramadan qu'il a toujours soutenu. Dans Mediapart, 130 personnalités ont signé une tribune de soutien à Plenel en accusant Charlie Hebdo d'attiser un climat de haine. Il y a là une totale erreur de cible. "Cette tribune, estime la journaliste Zineb El Razoui, refuse que la ligne éditoriale islamo-complaisante de Mediapart soit questionnée. Je me pose la question de l'opportunité de s'en prendre à Charlie Hebdo comme un porte-étendard de la haine une semaine après que cet hebdo ait été visé par une campagne de menaces de mort particulièrement violente. Mediapart fait d'ailleurs partie des organes de presse qui défendent l'idée selon laquelle les musulmans seraient de plus en plus des victimes depuis les attentats. Pour ma part, je fais partie d'une maison journalistique où le mot victime a une signification très réelle, sanglante, qui se vit dans la douleur de l'absence et dans la peur de la récidive. J'ai envie de dire aux signataires: vous ne remuez pas le petit doigt lorsque des confrères sont menacés de mort, en revanche vous faites bloc lorsque la moustache d'Edwy Plenel et surtout ses accointances avec Tariq Ramadan sont tournées en dérision?" (3)

"Charlie Hebdo ne mène aucune guerre contre les musulmans, mais condamne les extrémismes religieux d'où qu'ils viennent, affirme le président de la Licra, Mario Stasi. Edwy Plenel, avec sa rhétorique habituelle, fait semblant de confondre musulmans et intégristes musulmans. Lui et ceux qui le soutiennent sont dans un combat idéologique. A minima, c'est irresponsable dans une société où des drames humains, comme l'attentat contre Charlie Hebdo, ont été la conséquence d'écrits et de dessins. Mais je crois plus sûrement que c'est volontaire. Edwy Plenel a tort sur toute la ligne." (4)
La journaliste du Figaro, demande au président de la Licra si Riss, dénonçant un appel au meurtre et Manuel Valls accusant Plenel de complicité intellectuelle avec le terrorisme ont raison. La réponse de Mario Stasi est claire et nette: "oui, dans les deux cas".

Personnage sulfureux que ce Plenel. Cet anti-capitaliste qui, quand il dirigeait Le Monde, comme le rappelle Fabrice Nicolino (5), a transformé le quotidien en société anonyme, plaçant à sa tête quelques parrains du capitalisme français. Qui s'est aussi appuyé sur Dominique de Villepin, alors Premier ministre de droite, pour tenter, sans succès, de prendre le contrôle de Libération.
Un de ses anciens proches, Alain Rollat, alors leader de la section CGT du Monde, estime que "Plenel est expert en dialectique. Mis en accusation, il accuse à son tour. Mais il porte sa riposte sur le terrain où il est le plus à l'aise, celui de la réflexion affective, pas sur le terrain où il est attaqué, celui des faits objectifs."
Plenel, c'est un Staline souriant qui flingue qui ose critiquer l'islam. Fabrice Nicolino encore, s'adressant à lui: "Comme le moindre de votre pas est dans le chemin du Bien, il vous suffit d'énoncer. Critiquer une religion comme fait social, ainsi que l'ont fait des générations de penseurs critiques avec le christianisme, c'était parfait pour vous il y a quarante ans. (...) Attaquer un islam où le rôle des femmes, pour ne prendre que cet exemple, est d'être contraintes et soumises, c'est mal. Pis, c'est raciste." Deux semaines après le lâche massacre de l'équipe de Charlie Hebdo, Plenel déclarait à la télévision que "la haine ne peut avoir l'excuse de l'humour".  Pour lui, un dessin peut être un acte "de guerre aux musulmans", et il parvient ainsi à excuser ce qui s'apparente à des exécutions programmées.

"Plenel, écrit encore Fatiha Boudjahlat, donc Mediapart, dans un mélange des genres dont il est comptable, ont consacré à la défense et à la normalisation de l'islamisme une surface médiatique, un temps, un réseau intellectuel disproportionné avec ce que pèse en France ce courant politico-religieux d'extrême droite. C'est que Mediapart s'engage dans la lutte contre l'islamophobie. Sans vouloir comprendre que l'islamophobie (note: l'utilisation du terme - voir note au bas de ce billet) vise d'abord à coaliser les musulmans autour de leurs leaders les plus radicaux." (2)

Sur le site de Mediapart, dans une chronique immonde, un journaliste a présenté Manuel Valls comme l'héritier de ceux qui sont passés du socialisme au nazisme, de la SFIO au soutien aux occupants nazis. Ils seraient "les ancêtres idéologiques de Manuel Valls" qui s'inscrirait délibérément dans leur sillage.  Lourde et grave erreur d'analyse ici encore. "Les fascistes d'aujourd'hui, estime Rapahaël Enthoven, sont les islamistes, les ordures du 13 novembre, les terroristes qui salissent l'islam comme le nazisme a souillé l'Occident." Le philosophe dénonce "les socio-crétins qui par relativisme tendent la main aux Tartuffe (...), les lâches qui passent leur temps à voir de l'islamophobie dans la défense de la République, comme certains pacifistes voyaient en 1938 de l'anti-germanisme dans le refus de céder devant Hitler". Conclusion de Raphaël Enthoven: "les collabos d'aujourd'hui ne sont pas ceux qui se dressent contre l'islamisme, mais ceux qui lui tiennent la porte" (6).

Renaud Dély rappelle que Marianne, l'hebdomadaire dont il est rédacteur en chef, a aussi été accusé sur le site de Mediapart de faire "de la vulgarité antimusulmane son fonds de commerce", de s'être embarqué dans une "croisade islamophobe" menée par "les enragés de la réaction". Toutes ces insultes gratuites parce que l'hebdomadaire défend la laïcité. 
"On ne peut pas, écrit Renaud Dély (7), être Charlie, mais quand même... ou Charlie, oui, si... On ne peut qu'être Charlie tout court. Sans nuance. Sans restriction. Comme face aux assauts de l'islamisme, et de tous les intégrismes, on ne peut que prôner la laïcité tout court, sans adjectif, ni souple, positive ou stricte. On ne demande pas à Charlie Hebdo d'être drôle, ce que ce journal est très souvent, et encore moins de bon goût, ce qu'il est plus rarement. On lui demande d'être libre. Parce que sa liberté, c'est la nôtre. Alors oui, depuis le 7 janvier 2015, Charlie peut tout se permettre. Et même plus encore. Nos amis ont tous les droits. Parce qu'ils se battent pour les nôtres."


C'est fait!

Quelle est cette société où on n'ose plus lire Charlie Hebdo en public? Il y a quelques années encore, je me souviens des sourires en face de moi quand je lisais Charlie dans le train. Mes voisins jetaient un œil amusé sur "les couvertures auxquelles vous avez échappé cette semaine". Il y a trois jours, je me suis rendu compte que je n'osais pas le sortir de mon sac dans la salle d'attente de la gare. Peur d'être agressé parce que je lis, parce que je ris.


A lire sur ce blog: "Gourouphilie", 14 novembre 2017.
(1) "Elles ont dit non à Boko Haram", The New York Times, 25.11.2017, in le Courrier international, 16.11.2017.(2) http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/11/15/31003-20171115ARTFIG00185-les-islamistes-ne-sont-pas-les-musulmans-et-edwy-plenel-n-est-pas-leur-prophete.php
(3) http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/11/15/31003-20171115ARTFIG00372-zineb-el-rhazoui-les-collaborationnistes-du-fascisme-islamique-sont-nombreux-en-france.php
(4) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/11/15/01016-20171115ARTFIG00270-polemique-charlie-hebdo-mediapart-edwy-plenel-a-tort-sur-toute-la-ligne.php
(5) "A l'attention de Monsieur Edwy Plenel, l'homme qui n'était au courant de rien", Charlie Hebdo, 15.11.2017.
(6) http://www.europe1.fr/emissions/le-fin-mot-de-linfo/les-collabos-daujourdhui-ne-sont-pas-ceux-qui-se-dressent-contre-lislamisme-mais-ceux-qui-lui-tiennent-la-porte-3490874
(7) "Toujours Charlie!", Marianne, 10.11.2017.


Note à propos du terme islamophobie: "A été (...) poussée à son paroxysme, dans un but non avoué de censure, l'accusation d'islamophobie. Qui tombe aisément sur tout un chacun osant émettre le moindre reproche à l'égard du dévoiement de la religion par des personnes extrémistes. Et qui tombe même sur des personnes de culture ou de confession musulmane se permettant de critiquer les intégristes gangrénant leur propre religion. Des esprits libres illico affublés de tous les noms d'oiseau (...), assauts perpétrés par des islamistes mais aussi - et surtout - par nombre des idiots utiles (...) n'ayant rien à voir avec l'islam." Mohamed Sifaoui, "Une seule voie: l'insoumission", Plon, 2017, p. 270.

2 commentaires:

Bernard De Backer a dit…

Merci pour ce texte et ses références. Je pense que des intellectuels comme Plenel (et leur alter ego, notamment en Belgique, ainsi que les idiots utiles qui les suivent) sont exactement dans la même logique binaire que les stalinoïdes dont ils sont issus. Si l'on lit attentivement ses propos tenus à Plenel sur France info, toute personne qui critique ou se moque de l'islamisme est "objectivement" ... d'extrême droite.

Plenel : «La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo épouse. (...) une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême droite identitaire (...) »

Ah ! Ce subtil "voire" !


Pour la Belgique, ce billet intéressant et très documenté de l'ancien dessinateur de la rue Politique : http://www.cclj.be/actu/politique-societe/dommage-que-tariq-ramadan-ne-chute-pas-sur-idees

Michel GUILBERT a dit…

Pleinement d'accord avec Willy Wolsztajn. C'est effrayant de voir tout ce pan de la gauche qui, la main sur le cœur, a basculé dans le soutien à Ramadan et à tous ces islamistes déguisés (dans tous les sens du terme). Qu'il y ait en France encore autant d' "intellectuels" pour soutenir Plenel fait froid dans le dos! Il y a plusieurs années, j'avais été sollicité pour animer un débat à Bruxelles. Quand j'ai su que parmi les participants figurait Tariq ramadan, j'ai refusé catégoriquement. Je le regrette moins que jamais.