jeudi 21 janvier 2016

Dire

Ce poète syrien, aujourd'hui réfugié en France, fils de parents très religieux, a été éduqué dans une école coranique. A vingt ans, Omar Youssef Souleimane s'est déclaré athée, au grand dam de ses proches qui ont coupé les ponts avec lui. "C'est très difficile de se présenter comme athée, explique-t-il (1). Un athée est vu comme un méchant, un drogué, un voleur. Mais dans le monde arabe, on vit encore comme au Moyen-Age, pas dans cette époque." S'il a tourné le dos à l'islam, en tout cas à sa version la plus dure, c'est que "dans le Coran, beaucoup de sourates invitent  de manière très claire à tuer, à détester les autres. Dans le texte du Coran, on lit que le musulman doit savoir qu'il est mieux que les autres, que c'est lui qui fabrique le monde. Les autres sont des élèves, lui le chef, le professeur. Parce qu'il sera le seul à aller au paradis; tous les autres, s'ils ne sont pas musulmans, iront en enfer." Il faudrait, dit-il encore, que "le monde arabe réfléchisse sans tabou, reconnaisse que la prophète Mahomet a semé la haine. Mais personne ne peut le dire, parce que l'islam est une religion politique."
Voilà des propos qui doivent être qualifiés d'islamophobes par les bonnes âmes et les tenants du politiquement corrects. Seuls ceux qui affirment, la main sur le cœur, que l'islam est une religion de paix ont le droit d'en parler. Les autres sont racistes. Même s'ils sont de la même "race" (2) que les pieux croyants et s'ils ont vécu de manière extrêmement dure, dans leur tête et dans leur corps, cette religion. Que reste-t-il du pouvoir de critique de tout citoyen? Quelle place laisse-t-on aux débats d'idées? A l'individu face au groupe?
Mais peut-être faudrait-il réécrire le Coran pour qu'on cesse de lui faire dire ce qu'il dit. Est-ce blasphématoire? Après tout, le Rijksmuseum d'Amsterdam est bien en train de modifier le titre de certaines œuvres d'art (3) pour éviter des mots qui choquent, tels que nègres ou maures
A refuser d'analyser de manière critique les textes et les œuvres, à empêcher les regards différents, on glisse vers l'obscurantisme. Et, partant parfois d'un bon sentiment, on use de pratiques très staliniennes.
Résumons-nous: l'intelligence peut progresser encore.

(1) France Musique, La Matinale culturelle, 18 janvier 2016: http://www.francemusique.fr/emission/la-matinale-culturelle/2015-2016/omar-youssef-souleimane-dossier-du-jour-et-si-les-refugies-avaient-aussi-besoin-de
(2) il est toujours amusant (ou effrayant) de lire certaines bonnes âmes qui vous ressortent, dès qu'on critique l'islam, la (stupide) notion de race...
(3) A Amsterdam, les Maures ne passeront pas, Télérama, 13 janvier 2015.

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