mercredi 6 janvier 2016

La nuit des prédateurs

Durant la nuit de nouvel-an, une centaine de femmes ont été agressées sexuellement en Allemagne: à Cologne, mais aussi à Stuttgart et Hambourg. D'après leurs témoignages, les agresseurs (on parle d'un millier!) étaient "d'apparence arabe ou nord-africaine" (1). Si c'est le cas, voilà qui démontre(rait), s'il le fallait encore, combien il faut s'opposer au relativisme culturel défendu par une certaine gauche. Par ceux qui pensent qu'il faut admettre le voile, voire la burqa, parce qu'il s'agit là de références culturelles pour des femmes venues d'ailleurs. L'explication de ces codes, la plupart du temps imposés aux femmes par des hommes, veut que les cheveux d'une femme, ses épaules, ses jambes (et ne parlons pas du reste) excitent les hommes. Et qu'il faut donc qu'elles cachent leur corps pour échapper à leur sauvagerie. Ils ne peuvent se maîtriser, à elles de disparaître de l'espace social. Celles qui ont le toupet de "se montrer" sont considérées comme des putains, qu'on peut donc toucher, voire violer comme on l'entend. Je l'ai déjà évoqué ici: lors d'un débat sur le voile (c'était  à Tournai il y a plus de dix ans), les deux jeunes filles qui témoignaient affirmaient que ce morceau de tissu leur permettait de ne plus subir les insultes, voire les menaces des garçons (2). Il faut donc rester intransigeant sur les règles de ce vivre ensemble dont on parle tant aujourd'hui. Elles doivent être les mêmes pour tous. Comme les droits doivent être identiques pour les femmes comme pour les hommes. Ici et ailleurs. On pense aux femmes du bus 678, le film de Mohamed Diab, aux agressions sur la place Tahrir au Caire, au bus 110 à Brooklyn où les femmes doivent s'installer à l'arrière pour ne pas tenter les hommes hassidiques qui habitent dans le coin (3). Le sexe fort est si faible.
"Je ne sais pas pourquoi mais c'est ma faute, écrit Abnousse Shalmani (4). C'est ma faute si un homme éprouve du désir à mon endroit. Quelle que soit la situation, c'est ma faute. Est-il vraiment nécessaire de rappeler les viols en Iran ou ailleurs, où c'est la femme violée qui est jugée et condamnée pour incitation au viol? Ce qui est logique puisque l'homme est libéré des contraintes morales et sociales quand il est provoqué. C'est absurde, mais c'est rudement logique. Cette femme pourrait être une fille seule dans un taxi la nuit ou une étudiante flânant dans les rues trop de sourire aux lèvres, ou encore cette femme fatiguée qui s'est endormie dans le bus où il ne restait plus que des hommes et son foulard a glissé. Il ne faut pas tenter le diable. Etrange conception du vivre ensemble où chacun est autorisé à se transformer en prédateur. Sans culpabilité. La femme est là pour être coupable pour deux. Au nom de quelle foi la femme est-elle si dangereuse pour l'homme?"

Post-scriptum: lire l'édito de Maroun Labaki dans le Soir:
http://www.lesoir.be/1089994/article/debats/editos/2016-01-11/violences-cologne-je-suis-une-femme-agressee

(1) http://www.liberation.fr/planete/2016/01/05/allemagne-vague-d-agressions-sexuelles-a-cologne-un-millier-de-personnes-impliquees_1424431
http://www.lalibre.be/actu/international/agressions-sexuelles-en-allemagne-des-temoignages-de-victimes-dans-les-medias-568ce3383570b38a57fef1a8
(2) re)lire sur ce blog "Vin, voile et burqa", 22 juin 2009.
(3) "La femme n'est pas un homme comme les autres", 31 juillet 2013.
(4) Abnousse Shalmani: Khomeiny, Sade et moi, Grasset, 2014.

1 commentaire:

Didier L. a dit…

"Je devins un violeur. Pour raffiner ma technique et mon modus operandi, je commençais
par m'entraîner sur des Noires du ghetto – dans le ghetto noir où des actes sombres et vicieux, n'apparaissent pas comme des aberrations ou des déviations de la norme, mais comme une part du mal nécessaire de la journée – et quand je me considérais assez habile, je franchissais le pas
et recherchais des proies blanches. Je le faisais consciemment, volontairement, méthodiquement –
et en regardant en arrière, je vois que j'étais dans un état d'esprit complètement abandonné,
sauvage et frénétique.
Le viol était un acte d'insurrection. Cela m'enchantait de défier et de piétiner les lois de l'homme blanc, son système de valeurs et de souiller ses femmes – et ce point, je crois, m'était le plus satisfaisant
car j'avais de la rancoeur sur la façon historique dont l'homme blanc avait utilisé la femme noire.
J’avais le sentiment que je me vengeais."
Eldridge Cleaver, Un noir à l’ombre