dimanche 8 mars 2020

Maintenant

L'homme et la femme modernes n'avaient jamais vécu cela: une économie qui plonge, des avions qui restent au sol, des populations entières interdites de circuler, un taux de pollution qui baisse spectaculairement là où le fonctionnement des usines et la circulation automobile sont extrêmement réduits (1), tout un système qui tremble.
Les écologistes se mettent à rêver: et si était enfin arrivé le moment de changer de modèle de société?
Le coronavirus serait-il en train de réaliser ce à quoi plus personne n'osait croire?
La Chine, où est apparu le virus, est aujourd'hui une des plus grandes puissances économiques au monde. Beaucoup de firmes internationales y ont leurs plus grosses entreprises. "Les secteurs les plus touchés par les conséquences du coronavirus, explique Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du Bureau d'informations et des prévisions économiques (2), sont la chimie, le secteur pharmaceutique et l'agroalimentaire." L'impact du virus sur les déplacements, les échanges et les production s'ajoute, explique-t-elle, à la crise du protectionnisme et à la transition écologique. Beaucoup d'entreprises, notamment du secteur pharmaceutique, se rendent compte aujourd'hui qu'elles doivent se relocaliser au plus près des consommateurs finaux.
Il y a quelques jours, le secteur aéronautique parlait de trente milliards de perte. On ne déplorera pas sa baisse d'activité, bénéfique à la planète. Le tourisme, lui aussi, encaisse le choc.
Il y a en ce moment moins de demandes pour les smartphones, les appareils électroménagers et les voitures. Mais, précise l'économiste, "beaucoup d'activités sont relocalisées dans d'autres pays de la région, comme le Bangladesh ou le Vietnam, beaucoup moins chers. On aura donc la possiblité d'avoir d'autres fournisseurs très rapidement."
N'empêche que l'économie pourrait devenir, et cette crise du coronavirus pourrait accélérer le mouvement, un peu plus verte. "Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, les coûts (de transport) réapparaissent. C'est donc un réflexe purement économique que les entreprises habillent avec du marketing en disant on relocalise à cause de l'environnement."
On va vers une grande révolution, estime Anne-Sophie Alsif: "avant, on voulait un grand marché pour produire énormément sans contrainte, là, on pense l'inverse. On va relocaliser sans entraver les échanges".

Certains analystes (3) pensent cependant qu'on pourrait revivre ce qu'on a vécu après la crise économique de 2008: un rebond des émissions de gaz à effet de serre à cause des mesures de relance de l'économie qui seront prises par les gouvernements.
Amy Myers Jaffe, du groupe américain de réflexion Counicil on foreign relations, estime qu'on ne pourra pas ne pas tenir compte des changements d'habitude prise dans la crise actuelle et des réductions d'émissions de CO2 qu'elles ont entraînées. En matière de transport à travers la planète, mais aussi de télétravail.
Li Shuo, de Greenpeace Chine, rappelle que "l'épidémie de coranovirus est en partie due au fait que nous avons perdu un équilibre sain entre l'humain et la nature". Il y a urgence à le rétablir. C'est maintenant. Ou jamais.

(1) https://www.lalibre.be/planete/sante/l-epidemie-de-coronavirus-n-a-pas-que-des-mauvais-cotes-la-preuve-avec-les-images-epoustouflantes-de-la-nasa-5e5bed81d8ad58685c4f0b4f?cx_testId=1&cx_testVariant=cx_1&cx_artPos=1#cxrecs_s
(2) https://www.huffingtonpost.fr/entry/apres-le-coronavirus-on-va-vers-une-grande-revolution-economique-promet-cette-chercheuse_fr_5e6121a8c5b69d641c0c2ee5?utm_hp_ref=fr-homepage
(3) https://www.lalibre.be/planete/sante/un-impact-positif-du-coronavirus-oui-mais-peut-etre-de-courte-duree-5e64a83cd8ad5835a1c8e045

1 commentaire:

Bernard De Backer a dit…

Comme le titre Le Monde aujourd'hui : "Les émissions mondiales de CO2 liées à l’électricité ont baissé de 2 % en 2019, une première en trente ans." Il s'agit bien de 2019, avant la crise du Coronavirus. De même, un mouvement de relocalisation avait également commencé avant 2020. Espérons que ces mouvements vont s'accélerer avec la crise actuelle, mais attention à l'impact social et termes d'emploi, de revenus, etc. La crise économique qui s'annonce promet d'être terrible si l'épidémie dure longemps, sans parler de dettes souveraines qui vont plonger.