mercredi 21 octobre 2015

L'énergie des campagnes

A écouter l'émission, on sourit autant que les intervenants. Le plaisir qu'ils ont à parler de leur expérience, de leur association, de leur réussite - même si c'est au prix de nombreuses difficultés - est communicatif. On se réjouit avec eux. D'autant plus qu'on sait qu'ils font tache d'huile. L'émission "Carnets de campagne" (1), qui donne la parole à des acteurs dynamiques qui œuvrent dans l'économie sociale, l'insertion, la mise en liens, le développement durable, qui sont créatifs, qui n'attendent pas tout des pouvoirs publics, qui participent d'un mouvement positif, est un repère salutaire dans cette France morose. Une respiration heureuse au milieu des pleurnichards.
On est à mille lieues des grognons, des bougons, des aigris, des agressifs qui expriment à longueur de journée leur rancœur, leur déception, leur négativisme sur Internet. On est loin de ces  stériles querelles de (pseudo) intellos qui s'écharpent en se regardant le nombril et semblent prendre toute la place dans les (pseudo) débats en France.
On voit par là qu'il vaut mieux se bouger le cul que rester assis dessus.

(1) sur France Inter, du lundi au vendredi, de 12h30 à 12h45.

lundi 19 octobre 2015

De l'art ou du cochon?

"Dieu hait Renoir", "Renoir ne sait pas peindre", ses œuvres sont du "terrorisme esthétique". Voilà quelques-uns des griefs que des manifestants ont affichés devant le Musée des Beaux-Arts de Boston, exigeant le retrait des peintures d'Auguste Renoir (1). Bien sûr, en ces temps de renversement des valeurs et d'avancée triomphante des réactionnaires, tout est possible. Mais à voir l'âge et la tête de ces quelques manifestants, on a du mal à croire au sérieux de leurs attaques et on sourit des réactions outrées que l'on entend en France et ailleurs (2). Est-ce de l'art ou du cochon? "Dans la vraie vie, les arbres sont magnifiques", estime le porte-parole du groupe. Tandis que chez Renoir, ce ne sont que "collection de gribouillis verts". Que dire alors des œuvres de Van Gogh, de Klimt, de Picasso, de Munch, de Dix, de Pollock et de tant d'autres? Et que penser des photos en noir et blanc qui nous montrent des arbres gris ou noirs?
Et si ces pseudo manifestants ne faisaient que souligner la bêtise des discours du Tea Party, des intégristes catholiques, juifs ou islamistes pour qui quasiment toute forme d'art doit être contrôlée, censurée, si pas interdite ou même détruite? Pour les déclinistes, qui se disent convaincus que "c'était mieux avant", jusqu'à quand ou à qui la peinture fut-elle acceptable? Jusqu'à l'impressionnisme, ou avant? Avant l'apparition de la perspective? Et la musique? Est-elle acceptable jusqu'à l'arrivée de Stravinsky? Ou de celle du jazz?
Pour un imam de Brest, c'est toute musique qui est condamnable. "Un péché, c'est ce qu'on est gêné de faire", dit-il dans un long speech aux allures de sketch (3). "Accepterait-on qu'Allah nous surprenne en train d'écouter de la musique? Non!" Donc, CQFD: la musique est un péché. Elle est excitante, dit-il encore et le diable s'exprime en chansons. "Combien sont morts en train de chantonner? Il n'y a pas de place pour l'amour d'Allah si ton cœur est plein de musique." C'est le même imam autodidacte, Rachid Abou Houdeyfa (4), qui affirme que les femmes doivent être voilées, rester à la maison et "ne pas se prendre pour des savantes". Voilà pourquoi il enjoint à leurs maris de leur interdire l'accès à Internet (5). On nous dit que, tout en étant rigoriste et fondamentaliste, il est cependant opposé au djihad, qu'il a appelé au calme après le massacre de Charlie Hebdo, condamnant "avec la plus grande fermeté des actes terroristes et lâches" (4). On veut bien le croire, mais quand on apprend que la police française a arrêté il y a plusieurs semaines, un jeune islamiste qui voulait commettre un attentat dans une salle de concert, on se demande s'il n'aurait pas pris au pied de la lettre cet imam en s'attaquant à un des repaires du diable.
Donc, Dieu hait la musique, Dieu hait Renoir. Heureusement que Dieu est amour.

Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes.
A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur.
Victor Hugo (dans "Choses vues")

(1) http://www.francetvinfo.fr/monde/usa/etats-unis-des-militants-anti-renoir-manifestent-devant-un-musee-contre-le-terrorisme-esthetique-de-l-impressionniste_1118415.html

vendredi 16 octobre 2015

Message codé

Qui ne connaît "Questions pour un champion", ce jeu d'origine anglaise, plus vieux semble-t-il que la télévision? Un petit malin (ou un grand!) s'est amusé à faire du collage sonore avec questions et réponses. Et c'est très drôle. Nous voilà dans le non sense britannique (1).
Ces montages doivent toutefois être écoutés avec modération. Nicolas Sarkozy en a visiblement abusé. Il a collé dans un de ses discours quelques éléments de phrase qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Et c'est - comment dire? - surprenant (2). "Je voudrais leur dire qu'on a reçu un coup de pied au derrière. Mais ce n'est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur", a-t-il déclaré lors d'un meeting.  Que cet homme ait été président de la République et que certains (de moins en moins nombreux heureusement) rêvent qu'il le redevienne restera une des grandes énigmes de l'Histoire et un des grands mystères de la psychologie humaine et de la démocratie que je suis très attaché (3). 

(1) https://soundcloud.com/ronny-465200747/sets/questions-pour-un-champion
(2) http://www.lalibre.be/light/insolite/la-phrase-venue-d-ailleurs-de-nicolas-sarkozy-video-5620c22d35700fb92fc22f02
Tentative d'explication:
http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/16/on-a-presque-compris-la-phrase-de-nicolas-sarkozy_1405418
(3) voir " Iznogoud", 8 septembre 2015.

mercredi 14 octobre 2015

Au-dessus des lois

Qu'est-ce qui fascine donc chez la fille à papa Le Pen? Un Français sur trois serait aujourd'hui prêt à voter pour elle. Pour son arrogance? Son mépris des lois et des règles de la République? Son côté élite qui ne s'assume pas? Sa grande capacité - reconnaissons-le - à faire des bras d'honneur à tout le monde? Son culot monstre? Son côté putassier et populiste? Son sourire carnassier? Sa façon d'ouvrir les bras sur scène comme papa?
Aujourd'hui, elle a refusé de se rendre à une convocation de la Justice qui voulait l'entendre comme "témoin assisté" par rapport au financement du F.N. qui est mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie, et soupçonné d'avoir mis en place, via l'étrange micro-parti Jeanne (de Marine Le Pen), un système d'enrichissement frauduleux avec de l'argent public. Un représentant d'un autre parti aurait été soupçonné d'avoir agi de la même manière, elle lui serait tombé dessus à bras raccourcis, fustigeant, comme chaque fois, ces partis profiteurs, ces élus qui s'en mettent plein les poches. Mais dès qu'il s'agit d'elle et du parti qu'elle a hérité de son père, elle se positionne en victime. C'est son truc, ça: on lui en veut, elle fait peur et est donc victime d'un grand complot de la Justice, du Système. S'il y a bien quelqu'un qui a su profiter du système, c'est bien la princesse de Montretout, née avec une cuillère en argent dans la bouche, elle qui n'a jamais dû travailler pour arriver là où elle est, elle qui, comme son cher papa, figure parmi les plus mauvais élèves du Parlement européen. Elle a contre-attaqué en accusant les juges: ils ne seraient pas impartiaux. Elle adore faire des procès à qui a l'audace de se mettre en travers de sa route, c'est sa conception de la démocratie. Qu'est-ce qu'un juge impartial selon la fille à papa Le Pen? Un juge qui la laisse tranquille. On ne l'entendra jamais dire qu'elle fait confiance à la justice de son pays. Qui l'attaque a forcément tort. Sait-elle que les gens méprisants sont méprisables?

A relire sur ce blog:
- "Argent, famille, paillettes", 29 avril 2015;
- "Ce peu banal parti banalisé", 18 avril 2015;
- "Pauvre petite fille riche", 14 avril 2014;
- et beaucoup (trop) d'autres billets encore sur le FN et la fille à papa.

(1) http://www.lalibre.be/actu/international/quand-marine-le-pen-snobe-les-juges-561e51ae3570b0f19f601552
http://www.huffingtonpost.fr/2015/10/14/financement-fn-marine-le-pen-juges-partialite_n_8291780.html?utm_hp_ref=france

mardi 13 octobre 2015

L'éternité pour projet

Allez savoir pourquoi, l'Homme n'aime pas mourir. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il a tenté de fuir la mort. Avec un succès très relatif. Il va même jusqu'à espérer devenir immortel. C'est pourquoi il a longtemps fait confiance aux religions qui lui garantissent une vie après la vie. Une vie encore meilleure. Surtout pour ceux qui vivent mal. La perspective de l'immortalité en est plus séduisante encore. Mais aujourd'hui l'Homme a tendance à délaisser les religions et leurs belles histoires. Il a plus foi en la science. L'espérance de vie augmente et certains nous promettent, un jour pas si lointain, grâce à un renouvellement des cellules, l'immortalité. Autrement dit, l'éternité qui, comme le disait très justement Woody Allen, est très longue, surtout vers la fin.
Dans son roman "Les Intermittences de la mort", José Saramago imagine que, dans un pays non nommé, la mort cesse d'agir. Et c'est la catastrophe: les hôpitaux ne savent plus que faire des malades, les entreprises de pompes funèbres et les compagnies d'assurance font faillite. Les représentants des religions sont catastrophés: "Les religions, toutes autant qu'elles sont et quel que soit l'angle sous lequel on les regarde, ont la mort pour unique justification de leur existence, elles ont besoin de la mort comme la bouche du pain. Les délégués des religions ne se donnèrent pas la peine de protester. Au contraire, l'un d'eux, représentant renommé du secteur catholique, déclara, Vous avez raison, monsieur le philosophe, c'est exactement pour cela que nous existons, pour que les gens passent toute leur vie pris dans l'étau de la peur et pour que, leur heure venue, ils accueillent la mort comme une libération, Le paradis, Paradis ou enfer, ou rien du tout, ce qui se passe après la mort nous importe bien moins qu'on ne le croit généralement, la religion, monsieur le philosophe est une affaire terrestre, elle n'a rien à voir avec le ciel." (1)
Projetons-nous dans l'immortalité. La question se pose: que faire d'une vie éternelle? Quels projets de vie développer? Quel plan de carrière? Comment occuper ce temps infini sans se voir obligé de regarder en boucle les plus stupides séries télévisées? "Est-ce qu'on peut vivre plus de cent ans en parlant une seule langue?, se demande l'artiste marocain Mounir Fatmi (2). En se mariant une seule fois? En passant toutes ses années dans son petit village? En votant Front national par peur qu'une famille d'étrangers vienne chambouler notre petit ordre établi?".
Aujourd'hui, certains politiques affirment que si on vit plus longtemps il faut travailler plus longtemps. Si on vit éternellement, faudra-t-il travailler éternellement? L'homme éternel serait l'esclave de sa condition. S'il n'y a plus de fin à la vie, il faudrait oublier toute pension de retraite, toute assurance maladie-invalidité. On assisterait à une immense explosion de la démographie, à une crise du logement sans précédent, à une surconsomation d'énergie, d'eau, de nourriture, à une surproduction de gaz à effet de serre et de pollution. Les guerres pour l'eau, pour l'espace, pour l'alimentation se multipliraient. On voit par là que l'immortalité de l'Homme signerait la fin de l'Humanité.

(1) José Saramago, "Les Intermittences de la mort", Points 2089, 2008.
(2) Ariel Kyrou et mounir fatmi, "Ceci n'est pas un blasphème - la trahison des images, des caricatures de Mahomet à l'hypercapitalisme", Dernière Marge, 2015.

lundi 12 octobre 2015

Représentants du peuple

Malgré la loi, ils cumulent les postes de ministre et de bourgmestre, mais croyez les sur parole: ils n'aiment pas cela. Ils n'en peuvent rien: c'est plus fort qu'eux, ils aiment se rendre utiles partout où on a besoin d'eux et ils aiment tellement leur commune qu'ils ne pourraient la laisser dirigée par un autre.  Et surtout, ils ont une vraie et grande vision stratégique pour leur ville.
Ils sont quelques-uns dans ce cas en Wallonie, Demotte, Magnette, Di Antonio, Prévot, Furlan, de cette génération qui allait renouveler les mœurs politiques et améliorer la gouvernance. En fait de renouvellement, on les a parfois vus revenir en arrière. Ainsi, dans ce qu'il faut désormais appeler la Wallonie picarde, le Parti socialiste a corrigé ses règles internes, n'interdisant plus à ses élus de choisir entre un mandat de parlementaire et celui de membre d'un collège communal dans une ville de plus de cinquante mille habitants. La règle freinait les appétits de certains.
Ceux-ci ont beau être ministres, ils entendent rester bourgmestres, bien que la loi le leur interdise. Ils ont inventé l'appellation de "bourgmestre en titre" pour remplacer celle de "bourgmestre empêché". On les voit partout dans leur ville, empêchés de rien et pêcheurs de voix, ils inaugurent le moindre pot de fleurs, la moindre fête de quartier, reçoivent les personnalités étrangères, interviennent dans les débats publics, ont un avis sur tout, laissant les basses besognes au bourgmestre faisant fonction, qu'ils ont parfois rebaptisé "échevin délégué à la fonction maïorale", histoire de bien faire comprendre qu'il n'y a qu'un seul chef et que la fonction ne se partage pas. Elle ne doit effectivement pas être partagée et tout ministre est formellement prié de s'effacer de la "fonction maïorale" le temps de son mandat. Mais les règles sont-elles vraiment claires?, demandent certains de ces insatiables élus qui affirment qu'on peut être au four et au moulin.
Le chef de groupe socialiste au Parlement wallon, Christophe Collignon, a appelé les ministres à se concentrer exclusivement sur cette fonction (1), mais les ministres-bourgmestres se défendent: la population locale, leur population, les a élus, ils ne peuvent décevoir leurs chers électeurs. Récemment, c'est le ministre socialiste Jean-Claude Marcourt qui déplorait "un déficit de transparence" à ce sujet, estimant que "un jour, il faudra se pencher là-dessus" (2). Son ministre-président, Paul Magnette, également "bourgmestre empêché" de Charleroi, estime que les règles ne sont pas toujours très claires et aimerait qu'elles précisent qu'il peut continuer à présider le conseil comunal, porter les insignes de la fonction, participer aux cérémonies officielles de sa commune. Le député Ecolo Stéphane Hazée dénonce là "une volonté de légaliser les arrangements pris avec la législation". L'interdiction pour un ministre d'être bourgmestre est déjà très claire, il rappelle que l'objectif du décret est d'éviter les conflits d'intérêt et d'amener les ministres à se consacrer à 100% à leur fonction.

Si le Parlement wallon se penche à nouveau sur les interdictions de cumuls, peut-être pourrait-il en profiter pour réfléchir à la limitation dans le temps de l'exercice de mandats politiques.
"J'ai été ministre à trente-deux ans, il y a seize ans, déclarait récemment (3) l'ancien Président du Conseil italien Enrico Letta. Seize ans, ça use les gens. J'ai dit stop, parce que je pense que c'est terminé les longues carrières politiques de quarante ans dans laquelle vous laissez le poste de premier ministre pour devenir ministre des Affaires étrangères, etc. Je me suis dit que la seule façon de parler aux gens, c'est l'authenticité. Et un politicien qui n'a pas de travail, pas de métier, c'est quelqu'un qui ne connaît pas la vie réelle. (...) Si vous n'êtes pas sur le terrain, les gens ne vous écouteront plus." Combien de mandataires ont le courage d'avoir une telle réflexion, et surtout de l'appliquer?
Ils sont nombreux dans nos pays celles et ceux qui n'ont jamais eu d'autre activité que des fonctions politiques, qui sont entrés en politique dès leur sortie de l'université et tremblent à l'idée de perdre leurs mandats et de devoir chercher un travail comme un citoyen lambda. 
Ils sont nombreux en Belgique, exemples parmi d'autres: une Onkelinx qui est parlementaire depuis belle lurette: vingt-sept ans exactement et qui a été ministre durant dix-neuf ans sans interruption; un Demotte qui est parlementaire depuis vingt ans et ministre non stop depuis seize ans; un Reynders qui est parlementaire depuis 1992 et ministre depuis 1999. Quel lien ont encore ces représentants du peuple avec celui-ci? Quelle activité professionelle et/ou associative et bénévole ont-ils ou ont-ils jamais eues? Quelle crédibilité ont-ils encore quand ils se retrouvent dans l'opposition?
Ils ont réponse à tout, ils vous répondent que c'est précisément le fait d'être en même temps parlementaire ou ministre et bourgmestre qui leur permet de connaître la vraie vie des vraies gens. L'unique moyen pour eux de connaître les gens, c'est de les représenter.

(1) http://www.lalibre.be/actu/belgique/quand-quelqu-un-est-ministre-ca-doit-etre-sa-seule-activite-estime-collignon-5579c7b935709a87ac8f73b6
(2) "La guerre des cumuls relancée", L'Avenir, 19 août 2015.
(3) Emission "28 minutes", Arte, 23 septembre 2015.

A (re)lire sur ce blog:
- "Nouvel aristo", 2 mai 2014;
- "Bourgmestres même pas empêchs de titre", 17 janvier 2013;
- "Abonnés à Cumul+", 28 àctobre 2011;
- et de nombreux autres billets à ce sujet.


jeudi 8 octobre 2015

Extrême grotesque

Grotesque. Grotesque et pathétique. Comment qualifier autrement la prise de parole de la fille à papa Le Pen au Parlement européen hier face à Angela Merkel et François Hollande? Visiblement très fière de ce qu'elle considère comme un remarquable trait d'esprit, elle a qualifié le président français de "vice-chancelier, administrateur de la province France". Elle a dénoncé la perte de souveraineté de la France au profit de Bruxelles, Berlin et Washington et, une fois encore, fustigé l'accueil de candidats réfugiés. François Hollande lui a répliqué vertement que la souveraineté européenne permettait de lutter contre les souverainismes, les populismes, les extrémismes (1). Le Front national et sa présidente (qui n'arrive pas à échapper à l'atavisme et éructe de plus en plus comme son père) démontrent chaque jour leur incapacité à être de leur temps: perdus dans les mouvements qui agitent la planète, ils ne voient d'autre solution que celle du repli sur soi et du rejet de l'autre . Mais  Marine Le Pen le sait mieux que quiconque, le ridicule ne tue pas, au contraire. Elle a compris que les traits grossiers, les discours simplistes, les attaques perfides rapportent des voix.
C'est ainsi qu'avance l'extrême droite. Car d'extrême droite, elle est bel et bien, quoi qu'elle veuille faire croire et imposer. Hier, la Cour d'appel de Paris a confirmé le jugement rendu précédemment: on ne peut reprocher à Jean-Luc Mélenchon d'avoir qualifié la fille à papa de fasciste. Il faut appeler un chat un chat, dit Mélenchon, suivi par le tribunal (2).
"Pour l'essentiel, c'est vrai, le programme du parti n'a pas changé, écrivait en mai dernier Olivier Bot (3). Peine de mort, préférence nationale, défense de l'identité française menacée par des éléments exogènes, souverainisme économique, gouvernement par référendum. Elles (Marine et Marion Le Pen) font du neuf avec du vieux. Pas antisémites, mais islamophobes. Actionnant les peurs de déclassement de Français modestes, elles désignent elles aussi des boucs émissaires. Comme leur champion électoral, David Rachline, quand il mène la vie dure au social et au culturel tel que les maires de la génération Le Pen (Jean-Marie) l'ont fait avant lui."
Tel Robert Ménard qui déteste les journalistes, les insulte, refuse de les recevoir. Qui, parce qu'il déteste les humoristes, a refusé (c'était le 11 mai dernier), la présence sur le plateau du Grand journal de Canal+, où il était invité, de l'humoriste Yassine Belattar (4). Qui trafique à la nord-coréenne une photo de l'AFP pour susciter ce qu'il cherche: la peur et le rejet (5).
Aujourd'hui, la tante et sa nièce sont considérées comme de potentielles présidentes de Régions. L'une est députée européenne, l'autre députée à l'Assemblée nationale et toutes deux membres d'un parti qui fustige le cumul des mandats pratiqué par les élus des autres partis, tant honnis par l'extrême droite. Mais le Front national est au-dessus des règles. Ou plutôt il a les siennes: l'arbitraire, l'autocratie, la suffisance, le mépris pour les règles et pour les gens.

Post-scriptum: bonne réaction de Frédéric Cuvillier à l'intervention de Marine Le Pen, la bobo parisienne:
http://www.huffingtonpost.fr/frederic-cuvillier/marine-le-pen-parlement-europeen_b_8263656.html?utm_hp_ref=france

(1) http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/07/le-pen-hollande-le-clash-face-a-merkel_1399339
(2) http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/07/pour-la-justice-jean-luc-melenchon-peut-qualifier-marine-le-pen-de-fasciste_1399043
(3) La sortie du Zebulon, Olivier Bot, La Tribune de Genève, 4 mai 2015, in le Courrier international, 13 mai 2015.
(4) L'extrême droite défiée par le rire, Télérama, 27 mai 2015.
(5) http://www.lalibre.be/actu/international/ils-arrivent-la-couverture-du-journal-de-beziers-fait-polemique-l-afp-enrage-55f141023570b0f19e8823ee
E pour rire:
http://www.liberation.fr/politiques/2015/06/02/le-fn-developpe-son-sens-des-collectifs_1321337

mardi 6 octobre 2015

La Pravda si je mens

Je l'ai écrit ici plus d'une fois - en particulier suite aux réactions à mon billet "Ma vie (de Belge) en pays grognon (la France)" qu'avait publié rue89 (1) - Internet offre le meilleur et le pire. L'information et la désinformation, le partage et le rejet, l'ouverture et l'abjection. La violence et la bêtise de certains "commentateurs" m'avait choqué. Mais je suis bien conscient que ce que j'ai reçu personnellement n'est rien à côté de ce que d'autres sont amenés à lire quotidiennement.
Le journaliste de Libération Jean Quatremer a été, comme plusieurs de ses collègues, l'objet de quasi appels à lynchage, de la part de la "gauchosphère" et de la "fachosphère" (2). Des victimes parmi tant d'autres de ceux que le philosophe Marcel Gauchet appelle les "twitteux en folie" et les "internautes déchaînés".
"Notre faute?, écrit Jean Quatremer. Ne pas être béat d'admiration devant Syriza (...), montrer une réalité grecque un peu plus complexe que celle que s'imaginent des gens qui plaquent sur un pays qu'ils ne connaissent pas leurs a priori idéologiques". Le grand tort de ces journalistes est en fait de faire leur métier, de donner et rappeler des faits et de les analyser, de contextualiser, de nuancer. Quatremer dénonce une "violence hystérique", une "volonté d'interdire le débat, en opposition frontale avec les valeurs démocratiques". Comme si chacun avait raison sans devoir argumenter, au-delà de tout raisonnement, comme si seules l'émotion et la passion étaient justes, comme s'il n'y avait qu'une vérité: leur conviction. Que vaut l'opinion d'un citoyen lambda (qui le plus souvent reste courageusement anonyme) face aux explications ou aux analyses d'un scientifique, d'un juriste, d'un journaliste, d'un politique, d'un historien? "Tout le monde a le sentiment d'être sur un pied d'égalité, ce qui n'est évidemment pas le cas", estime Jean Quatremer.
Internet favoriserait-il la suffisance, la conviction qu'on est seul à avoir raison et que les autres sont au mieux des ignares ou des cons, au pire des vendus? Marcel Gauchet pense que "l'heure de la revanche du café du commerce a sonné" et dénonce "l'irruption de la culture du ressentiment et de la haine qui fleurit dans l'univers numérique".
Dans le dernier numéro de Charlie Hebdo (3), le journaliste Philippe Lançon (survivant du massacre de Charlie) raconte les suites du débat qu'il a eu sur France Culture avec Florence Aubenas et Alain Finkielkraut à l'invitation de celui-ci. Leur échange qui avait pour pour but de raconter la France fut, dit Philippe Lançon, respectueux, courtois, avec des touches d'humour. "Dans les jours qui ont suivi, écrit-il, nous avons reçu ou lu des réactions, venues par mail ou circulant sur les prétendus réseaux sociaux, stupéfiantes par ce qu'elles révélaient de violence, de manque de nuances et d'équilibre. Les uns traitaient Finkielkraut de réac obtus et identitaire, les autres Florence et/ou moi de bobos ravis de la crèche, voire de communistes. Or rien de cela ne correspondait au ton de l'émission ni aux propos échangés." Philippe Lançon dit qu'il a appelé ces réseaux asociaux, "tant la brutale couardise et le parfum d'anonymat dénonciateur qui s'en dégageait m'ont d'emblée hérissé. Leur fonction ne me semblait pas être de créer du lien, fichue expression, mais de permetre à des esprits solitaires, abandonnés, souvent maladifs, d'exprimer leur rancœur, leur désarroi, leur haine, à propos de tout de n'importe quoi. (...) Je pense aujourd'hui que, loin d'être asociaux, ces réseaux sont en effet horriblement sociaux: ils font la morale et ils ne font que ça. C'est le Jugement dernier sur tout, sur tous, toujours recommencé, toujours jetable, instantané comme le potage, vivant d'être menacé par sa date de péremption."
On se le demande: combien parmi ces imprécateurs sont Charlie? Que retirent-ils des émissions de France Culture, s'ils ne savent qu'aboyer? Quelle capacité ont-ils à écouter, à comprendre? Résumons-nous: l'homme reste un mystère. 

(1)voir sur ce blog "Nausée", 8 janvier 2014.
(2) http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2015/07/22/de-lhysterisation-du-debat-lheure-numerique/
(3) "La France en transe", Charlie Hebdo, 30 septembre 2015.

lundi 5 octobre 2015

Plus belle la vie avec Rudy

Suite du billet précédent
(avec la complicité de Jacques)

Rudy a une tête à faire la fête

Rudy fait la course en tête


Rudy est lecteur de la DH

Rudy est un homme du monde

Rudy a une bonne poignée de main

Rudy voit la vie en rose

Rudy ne joue jamais sans filets

Résumons-nous: il est passé par ici, il repassera par là.

vendredi 2 octobre 2015

Un sacré fêtard

"Manger, boire, danser, s'amuser", c'est un vrai programme politique, celui de l'épicurien Rudy Demotte. Demain, c'est le "bal de Rudy". Un événement "à ne pas rater", annonce-t-il sur son site.
Trois semaines après le grand week-end festif de Tournai regroupant un carnaval d'été, les Cortèges de  Tournai, le bal des géants, la Grande Procession et la finale des 400 coups, une semaine après les Fêtes de la Communauté française qu'il préside, voilà donc le bal à Rudy. Cet homme est un concentré d'énergie. On comprend qu'il tienne à rester bourgmestre même s'il n'en a pas le droit puisqu'il est aussi ministre. Qu'est-ce qu'on s'amuse avec ce dionysien!