dimanche 8 novembre 2015

Humour toujours

Le Kremlin n'a pas apprécié deux dessins du dernier numéro de Charlie Hebdo qui font référence au crash d'un avion russe. Ils ont été qualifiés à Moscou de "blasphématoires". Ils n'ont, dit-on au Kremlin, "rien à voir ni avec la démocratie, ni avec la liberté d'expression" (1). Et on a affaire là à des spécialistes: s'il est bien un gouvernement qui sait ce que représentent ces deux notions, c'est bien celui de Russie. Les citoyens et les médias russes peuvent en témoigner, tout autant que les Tchétchènes, les Ukrainiens et les opposants à Bachar El Assad. Pour ne citer qu'eux.
Mais qu'est-ce qu'un blasphème? Je ne sais comment le définit le dictionnaire russe de référence, mais voici ce qu'en dit le Petit Larousse: " parole, discours qui insulte violemment la divinité, la religion et, par ext., qqn ou qqch de respectable". Que ne respectent pas les dessins de Charlie Hebdo? La mort? La mort est-elle respectable?  Nous respecte-t-elle, elle? Elle ne cesse de se moquer de nous. Ce serait lui laisser tous les droits que ne pas en rire. Les autorités russes sont-elles respectables? Ne peut-on s'en moquer? Elles ne cessent de le faire de la démocratie et des droits de l'homme.
Le rire est le propre de l'homme, dit-on. Mais pas de Vladimir Poutine pour qui le rire doit être un signe de faiblesse. Un homme fort ne rit jamais. Il en est la preuve.
Que voit-on par là? Que Charlie Hebdo est lu au Kremlin et qu'il y a humour et humour. Celui du Kremlin nous échappe.

(1) http://www.lalibre.be/actu/international/crash-en-egypte-deux-dessins-de-charlie-hebdo-blasphematoires-selon-moscou-563cd7ec3570bccfaed87f3b

2 commentaires:

Grégoire a dit…

Beaumarchais écrivit : "il n'y a que les petits hommes qui craignent les petits écrits". Un peu plus de 230 ans plus tard, dans les commentaires au bas d'un article relatant les attentats de Charlie Hebdo sur le site d'un quotidien français, on pouvait lire, notamment, dans un autre style, cette conclusion : "si pas contents, pas lire". Cela fait plus de 20 ans que je lis C. H. Pas toutes les semaines... Et si, en tant que lecteur, je regrette ceux qui ont disparu début janvier, et ceux qui sont partis (Luz), je ne trouve pas pour autant leurs dessins systématiquement drôles. Et par manque de temps pour développer mon opinion, je me permets de citer encore Beaumarchais : "je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer"...

Michel GUILBERT a dit…

Oui, la réalité est tellement navrante, inquiétante, violente, révulsante, horripilante (biffez les mentions inutiles, s'il échet), qu'il vaut mieux en rire. (Et c'est sûr qu'il est dans C.H. des dessins plus drôles que d'autres, comme partout, des articles, des reportages, des romans, des films, etc. Tout n'est pas d'égale mesure. Heureusement sans doute.)